Futuropolis

Maudit Allende !
Leo, Chilien de naissance, a grandi en Afrique du Sud où sa famille s’est exilée en 1970, suite à l’accession au pouvoir de Salvador Allende, synonyme selon ses parents de communisme et de chaos. Alors que le vieux Pinochet est hospitalisé en Angleterre et qu’il est autorisé à regagner le Chili, Leo décide de faire lui aussi, avec sa compagne - journaliste française, le voyage vers ce pays natal qu’il ne connaît pas. Dans le sillage du vieux dictateur déchu, Léo se confronte au poids de son éducation, à la réalité d’une dictature qui a duré plusieurs décennies. Il ne lui reste plus qu’à écrire sa propre histoire chilienne au cours de laquelle il définira lui-même les rôles de Pinochet et Allende. Maudit Allende raconte l’exil, celui de la mémoire du pays natal et de la transmission de son souvenir. Au fil de la vie de Leo et de sa famille, c’est la réalité de toutes ces familles écartelées et séparées par les soubresauts de l’Histoire qui se dessine en filigrane. Où est la vérité ? Qui sont les bons et les méchants ? Sont-ils réconciliables ? Peut-on se reconstruire une mémoire ?Autant de questions auxquelles Leo va tâcher de trouver réponses.

Martha Jane Cannary

L'île Louvre

En descendant le fleuve et autres histoires

La dame de Scutari
Alors que Wiggins suit la plaidoirie du docteur Parks au procès de Judith Brown, sous l'oeil attentif de Mycroft, dont l'issue va provoquer l'émoi dans le pays tout entier, Mary et John Watson sont au chevet de la nourrice de Sherlock, blessée par balles. Et les révélations de celle-ci vont les mettre sur la piste d'une femme dont le nom fut aussi au coeur du procès : Florence Nightingale, infirmière célèbre et pionnière des soins infirmiers modernes, qui mit en pratique ses théories lors de la guerre de Crimée à l'hôpital de Scutari où officièrent le jeune docteur Parks et une certaine… Violet Holmes

Cher pays de notre enfance
Dans les années 1970, on tue un juge qui dérange, le premier haut magistrat assassiné depuis la Libération ; des voyous braquent des banques pour financer les campagnes électorales du parti gaulliste ; le pouvoir crée de toutes pièces des milices patronales et des syndicats jaunes pour briser les grèves ; le Service d’Action Civique (le SAC), la milice du parti gaulliste, multiplie les exactions, jusqu’au massacre du chef du SAC marseillais et de toute sa famille à Auriol en 1981. Ce sont, sous la présidence de Pompidou et de Giscard d’Estaing, les « années de plomb » à la française. Ces « années de plomb » pèsent de tout leur poids sur le fonctionnement de notre démocratie.
Et si la violence politique a aujourd’hui disparu en France, elle reste encore taboue. Elle a pourtant structuré toute une génération de décideurs politiques, pour certains encore en activité. En nous faisant visiter les archives sur le SAC, enfin ouvertes, en partant à la rencontre des témoins directs des événements de cette époque – députés, journalistes, syndicalistes, magistrats, policiers, ou encore malfrats repentis –, en menant une enquête approfondie et palpitante, Étienne Davodeau et Benoît Collombat nous font pénétrer de plain-pied dans les coulisses sanglantes de ces années troubles. Le premier est né en 1965 ; le second, en 1970. Tous les deux ont grandi dans la France gaulliste de la Ve République, ce cher pays de leur enfance…

Les Cahiers japonais T.1
En se replongeant dans ses cahiers intimes, notes, croquis, photos prises au Japon lors de ses nombreux voyages, le désir est venue à Igort de faire un livre sur la culture japonaise. Il faut dire que c’est un domaine qu’il connaît bien. Il est l’un des rares auteurs occidentaux à avoir travaillé directement pour un éditeur japonais, et cela, durant onze années. Après avoir fait un tour d’horizon de l’édition manga au Japon vue de l’intérieur, les méthodes de travail, les relations avec les éditeurs de Kodansha publishing, il nous entraîne tout naturellement dans son sillage à la rencontre d’artistes qu’il a eu la chance de côtoyer comme Jirô Taniguchi, Katsuhiro Ôtomo… En sa compagnie et celle d’Hayao Miyazaki, nous visitons les studios Ghibli. Remontant le temps, Igort nous plonge également dans la beauté de oeuvres d’Hokusai et Hiroshige. Le cinéma non plus n’est pas oublié, avec un chapitre consacré à L’empire des sens et une rencontre avec Takeshi Kitano. Fort bien documenté, l’ouvrage d’Igort n’oublie pas de replacer les oeuvres ou auteurs cités dans leurs contextes culturels et historiques.

Les variations d'Orsay
À l’occasion de l’Exposition universelle de 1900, de nouveaux bâtiments furent construits à Paris, qu’ils soient amenés à rester comme la gare d’Orsay, ou à être détruits comme la tour Eiffel. Plus d’un siècle plus tard, on sait ce qu’il est advenu de ces monuments et la gare d’Orsay est devenue l’un des plus beaux musées du monde, accueillant les chefs-d’oeuvre impressionnistes. Il transforme ainsi la gardienne du musée en charmeuse de serpent du douanier Rousseau !
Il suit à la trace le jeune Edgar Degas pour son premier rendez-vous chez Ingres, ou Monet imaginant qu’il va peindre la gare St Lazare. Si Manuele Fior reproduit le plus fidèlement possible les tableaux cités, respectant les styles des artistes, il bouscule les conventions et les époques pour faire revivre toutes ces oeuvres, chefs-d’oeuvre universels ou tableaux méconnus, s’attardant sur des détails pour mieux nous en faire ressortir la beauté !

La cavale du Dr Destouches
En cette année 1944, Montmartre ploie sous les bombardements alliés. Le vent tourne pour l’occupant nazi comme pour les collaborateurs. Le docteur Destouches, plus connu de son nom de plume, Louis-Ferdinand Céline, muni de faux-papiers quitte la France en compagnie de Lucette son épouse et Bébert le chat. Direction l’hôtel Brenner à Baden-Baden, où il sera rapidement rallié par Robert Le Vigan, comédien et collabo notoire, qui vient de quitter le tournage des Enfants du paradis. De là, ils traversent une Allemagne en ruine, pour rejoindre le château de Sigmaringen, rejoindre le Maréchal et quelques vichyssois grand teint. Cerné par ces personnages hauts en couleur, aussi pitoyables que caricaturaux, le drame tourne à la farce burlesque.

Vive la marée !
Madame enfile son maillot à l’abri de sa serviette avant de se faire bronzer « seins nus ou pas seins nus ? Allez, seins nus. » Monsieur prépare son matériel de pêche tel un guerrier conquérant. Les enfants sont déjà dans l’eau, le chien à leur trousse, au matin on pense au repas du soir sans oublier de prévoir une case apéro. La plage est un formidable terrain de jeux où « les adultes rêvent et restent les enfants qu’ils ont toujours été », un observatoire de la trivialité humaine dans son plus simple appareil – ou presque. Prudhomme et Rabaté sont allés eux aussi à la mer. Avec un grand souci du détail, ils orchestrent un ballet d’estivants en déroulant autant de figures typiques. Un portrait chorale drôle, tendre, qui gratte à peine. Comme du sable dans les sandales.

Land Priors – 1916
Juin1984. Un taxi dépose Anna Laurens au Grand Tetras, un hôtel de Saint-Véran, dans le Haut-Quéras. Le propriétaire de l’hôtel a envoyé un courrier à sa mère, de la part d’un de ses pensionnaires, Winston Smith. Celui-ci a disparu il y a quelques semaines en montagne. À 80 ans passé, il vivait à l’hôtel depuis des années. Il avait remis au propriétaire une lettre pour elle au cas où il disparaîtrait. Mais cela fait 4 ans que la mère d’Anna est morte, elle est donc venue à sa place, intriguée par le message d’un homme qu’elle ne connaît pas et qui dit avoir bien connu sa mère autrefois. En entrant dans la chambre de Winston Smith, restée en l’état, elle découvre une malle cabine avec de nombreux souvenirs et photos. Et un manuscrit, intitulé Life. Le journal de Winston Smith écrit pour sa mère. Un manuscrit qui devrait répondre à toutes ses interrogations et qui commence en 1916, au collège de Lands Priors en Angleterre…
Winston Smith (1903 – 1984), écrivain et reporter anglais. Engagé par une compagnie de tabac en Chine en 1925. Il traversera le siècle et rencontrera Aldous Huxley, après avoir été le compagnon d’armes de George Orwell pendant la guerre d’Espagne. Recruté comme espion sous couverture de journaliste durant la seconde guerre mondiale il racontera son parcours dans Une vie, récit publié en France par les Editions Gallimard.

Grandes Oreilles et bras cassés
En 2013, Edward Snowden, ex-analyste à la NSA, révélait au monde entier la face cachée des grandes oreilles américaines. Aujourd’hui, nous découvrons comment en 2008, le dictateur libyen Kadhafi a surveillé son peuple grâce à une société française. Une grande leçon de journalisme mise en image avec subtilité par Nicoby.
En 2008, la société française Amesys a vendu pour un peu plus de 12 millions d’euros un système d’interception des communications électroniques à la Libye du colonel Kadhafi. Une transaction secrète, couverte par les services français, qui va permettre au dictateur de surveiller de près ses opposants. Certains seront torturés après avoir été repérés par le logiciel Eagle. Jean-Marc Manach a enquêté sur ce scandale qui implique le colonel Kadhafi, son beau-frère Abdallah al-Senoussi (chef des services de renseignements et accessoirement condamné à perpétuité pour l’attentat du DC-10 d’UTA en 1989), l’état français (avec sa tête Nicolas Sarkozy) et le devenu célèbre homme d’affaire libanais Ziad Takieddine. Il découvre que les employés d’Amesys n’avaient pas pris la peine de déployer les mesures de sécurité que prennent d’ordinaire les entreprises commerçant avec des dictateurs. Façon Pieds Nickelés, ils ont même été jusqu’à mettre sur le web des preuves de leurs méfaits. Ce qui pourrait paraître être une farce burlesque n’en est pas moins une tragédie quand on imagine le nombre de personnes qui ont été tuées ou torturées à cause de ces surveillances.

La Dame à la licorne
Tissées aux alentours des années 1500, ces six tapisseries, qui arborent les armoiries de la famille Le Viste, représentent les cinq sens que sont le Toucher, le Goût, l’Odorat, l’Ouïe et la Vue. Reste le sixième sens, commenté par l’inscription « À mon seul désir », qui a inspiré de nombreuses hypothèses. Il pourrait désigner le libre-arbitre : la Dame à la beauté diaphane renonce aux plaisirs temporels. Le fond de « mille fleurs » parsemé d’animaux familiers crée un univers poétique, agrémenté d’un arrière-plan rouge exceptionnel pour l’époque.
Dans ce jardin d’Éden, la licorne est tantôt actrice tantôt simple spectatrice , porteuse des armoiries du commanditaire. L’ensemble est considéré, à juste titre, comme l’un des grands chefs-d’œuvre de l’art occidental. Depuis décembre 2014, le musée de Cluny accueille les tapisseries rénovées dans un nouvel écrin, conçu par l’architecte en chef des Monuments Historiques, Paul Barnoud. La disposition des tapisseries suit un ordre précis : la hiérarchie des sens en vigueur au Moyen-Âge, du plus matériel au plus spirituel.

L'indivision
Une falaise au bout du chemin des douaniers, quelque part dans le Pas-de-Calais. Le printemps, impatient, se donne parfois des airs d’été. Un homme attend une femme, sa voiture à l’arrêt. Quand, enfin, elle arrive, c’est pour lui annoncer que leur relation est terminée. Terminée. Que la dernière fois, elle n’aurait pas dû. Que les enfants… que son mari…Que… La culpabilité et les regrets qui mettent fin à toute relation adultère. Elle repart. Il reste là. Sur cette falaise. « La falaise aux baisers volés », comme il l’appelle. Lui, c’est Martin. La trentaine. Il travaille dans une compagnie maritime. Elle, c’est Virginie. Bientôt quarante ans. Elle est vétérinaire. Ils sont frère et soeur. Et ils s’aiment.
Tout a commencé alors que Virginie avait 18 ans et Martin 16. Un jeu d’adolescent curieux. Puis chacun d’eux a cherché à fuir cet amour interdit ? Elle, dans un mariage confortable. Lui, en acceptant des années durant un poste lointain, à Abu Dhabi. Mais, depuis son retour voici quatre ans, leur relation a repris. Plus forte, plus passionnelle encore… Aujourd’hui, elle veut tout arrêter, elle parle de leur relation comme d’une drogue qui les détruit peu à peu…
Après le succès de librairie du Beau Voyage, le duo Springer-Zidrou récidive avec un récit à nul autre pareil, fort, sensuel, magnifique !

La Dame de Damas
Dans un quatier de Damas secoué par la Révolution, Karim et Fatima s’aiment. Mais leur passion semble impossible. Car si Karim et sa famille sont engagés contre Bachar el-Assad, Fatima a dû unir son destin à celui du régime. Quand ils se retrouvent enfin, à l’été 2013, après avoir vécu ce qui ressemble déjà à mille vies, l’impensable va frapper la capitale syrienne : la mort blanche. Ce jour-là, les forces armées de Bachar al-Assad bombardent plusieurs quartiers de Damas, utilisant des armes chimiques. Le bilan est effroyable. Le monstrueux bombardement fait des centaines de morts dans la population. Daraya est pourtant loin des zones tenues par les rebelles syriens. Un massacre gratuit, qui ne provoquera aucune intervention internationale.
Jean-Pierre Filiu et Cyrille Pomès font revivre à travers ce Roméo et Juliette du XXIe siècle, le destin de ces hommes et femmes ordinaires qui subirent , et subissent encore, la barbarie au quotidien.
Dans ce récit qui mêle personnages de fiction et figures de la révolution, Jean-Pierre Filiu et Cyrille Pomès, tandem à qui l’on doit Le Printemps des Arabes, font revivre le quotidien de ces populations en proie à la répression violente d’un régime sanguinaire avant, pendant et après le printemps arabe. Une plongée dans le quotidien des Syriens pris dans le cyclone de la guerre civile, tentant de vivre encore, malgrès la chappe de plomb coulée par le régime. Vivre et résister… et aimer.

Confidences à Allah
Jbara vit les montagnes du Maghreb, entre ses parents, ses cinq frères et soeurs, et ses brebis. Elle rêve d’ailleurs, d’une modernité qui lui paraît inaccessible. Ignorant et violent, son père la ramène constamment à sa condition de femme, et donc de soumission. Pour tromper son ennui, Jbara couche avec les bergers de passage en échange de quelques friandises. Mais un jour, elle se retrouve enceinte. Elle est alors bannie du village et contrainte d’aller s’installer en ville. Pragmatique et désabusée, elle tente de s’en sortir et raconte sa vie : la misère, la prostitution, la prison, le mépris dans le regard des autres, ces hommes qui ne voient en elle qu’un objet sexuel… Dans ce monde qui ne veut pas d’elle, elle parle à Allah, son seul confident.

The Four Roses
Jérémie, alias King Automatic, est un big band à lui tout seul. Au retour d’une tournée, il apprend la mort de sa tante Marie. Farfouillant dans le grenier de celle-ci avec Gilou, son frangin, ils découvrent un 45 tours des années cinquante d’un certain Johnny Jano, ainsi qu’une carte postale dudit Johnny adressée à une certaine Rose. Sur le Teppaz, tourne-disques antédiluvien, Johnny Jano hurle son rockabilly, Havin’ A Whole Lot of Fun : renversant ! Sur la carte postale, ces mots : « For Rose, lovely. Johnny », et une adresse : Rosa Menechetti, East Main 124,New Iberia, Louisiana. Rose ! La grand-mère de Jérémie et Gilou, soi-disant disparue sans laisser de traces. Un secret de famille. Quinze jours plus tard, les deux frères débarquent en Louisiane, l’adresse du dernier domicile connu de Rose dans une main, une Fender Vintage de 67 dans l’autre. Au numéro 124 de East Main street, la porte s’ouvre…

Au-delà des mers

Le blanc qui parle tout seul

Michel ou le tamanoir

Catharsis
Le 7 janvier 2015, le dessinateur Luz a perdu dans l’attentat commis à Charlie Hebdo, des amis, mais aussi l’envie de dessiner. Alors que la France s’est révélée « Charlie », Luz redevient auteur. Au début, il y a le drame, la douleur, la rage, la perte. Et puis, petit à petit, il y a le besoin de dessiner qui revient, l’envie non pas de témoigner, mais de se mettre à nu, de se libérer.
Alors naît Catharsis. Un livre thérapeutique où Luz nous livre par petites nouvelles ses pensées, son quotidien depuis ce jour qui a bouleversé sa vie, et à une autre échelle, celle de millions d’êtres humains. Les sentiments se bousculent, les styles, le ton. Du rire aux larmes, de la laideur à la beauté, de la colère à l’amour. Catharsis est un ouvrage bouleversant. Y a du Charlie dedans, bien sûr, mais aussi y a du Charb, y a du [{RED_PFN-5}]Cabu, y a du sexe, y a de la musique, y a du Reiser, y a du Feiffer, y a du [{/RED_PFN-1118}]Franquin, y a la police, y a du rouge, y a l’enfance, y a du rire, y a pas de chanson française, y a du rock, y a du roll, y a des yeux rouges et y a du rire, y a un pigeon, y a de la poésie, y a du Gébé, y a de la pluie, y a du soleil. Y a un auteur qui revit, et un livre incroyable qui s’affirme déjà comme un ouvrage nécessaire. Un classique instantané.
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Un Temps de Toussaint (Nouvelle Édition)
La nouvelle est un genre peu exploité en bande dessinée... Loin des gros romans graphiques de 200 pages, Rabaté et Zamparutti signent une délicieuse histoire de village, drôle et acide, en 24 pages seulement ! Entre Ibicus et Les petits ruisseaux, Un temps de Toussaint est un des sommets graphiques de Rabaté ! Un joyau brut à redécouvrir absolument.

Embarqué
Christian Cailleaux se définit comme un « promeneur du vaste monde depuis longtemps. » En 2005, il embarque sur la Jeanne d’Arc avec son ami Bernard Giraudeau. Là, il a été saisi par le virus du monde des gens de la mer. Après avoir côtoyé des recrues de la marine nationale, Christian Cailleaux s’est interrogé sur les motivations des jeunes engagés. Il les a suivi de l’école des Mousses au centre d’instruction navale de Brest, mais aussi en mer à bord de la frégate Floréal et même sous la mer, dans un sous-marin à propulsion nucléaire.
Loin d’être militariste, le documentaire intimiste de Christian Cailleaux s’adresse à tous ceux que la mer passionne. Rencontrant militaires, jeunes ou gradés chevronnés, politiciens, marins, scientifiques, il nous apporte quelques réponses sur ces jeunes gens engagés sous pavillon français, mais il lance aussi des pistes de réflexions : qu’est-ce que la dissuasion ? Quels sont les enjeux de demain face aux bouleversements géopolitiques, écologiques et technologiques que notre époque traverse ?

C'est pas toi le Monde
Pour son premier livre, Raphaël Geffray se base sur l’histoire vraie d’un enfant violent, en rupture avec le système scolaire, en butte à l’autorité et en marge des repères de l’enfance. Sans aucun jugement, Geffray se place au niveau de l’enfant pour parler de son quotidien sans balise, essayant d’appréhender ses colères, sa violence, la manière dont il essaie de trouver une place dans le monde, qui serait la sienne et qu’il pourrait garder pour grandir tranquillement.
Bené est un petit garçon de huit ans et demi. Bené est un enfant agité. Mutin, brutal, souvent violent. Son parcours d’écolier est rythmé par les conseils de discipline et les renvois inévitables. Bené va d’école en école. Pour sa dernière chance avant d’être placé en foyer, il est accueilli par une institutrice qui va perturber ses certitudes parce qu’elle aura l’aptitude de déjouer ses provocations. Avec humanisme et autorité, elle va réussir à permettre à cet enfant d’apprendre et lui élargir son horizon, tout en lui imposant les limites dont il a besoin. En apprenant à lire, Bené va changer. Béné, mis en confiance et conscient de ses capacités d’apprentissage, évolue et s’ouvre au monde. Mais, fils d’une mère un peu trop jeune, un peu trop perdue, avec qui il vit seul, Bené va voir dans cette institutrice qui s’efforce de le sauver de la noyade, une mère de substitution. Un rôle que cette femme ne peut assumer… Un premier livre poignant, d’une grande maturité.

Un Certain Cervantès
Cervantès, Mike de son prénom, est un jeune homme plutôt paisible. Pour éviter de menus ennuis avec la police, il s’engage dans l’armée, et part comme GI en Afghanistan. Prisonnier des talibans, évadé, repris, maltraité, il est amputé d’un bras. Exactement comme cet autre Cervantès – Miguel de son prénom de baptême, auteur du célèbre roman publié en 1605, qui perdit l’usage de sa main gauche au cours de la fameuse bataille de Lépante le 7 octobre 1571. Révolté contre la société ultralibérale qui broie les vies des moins riches, Mike part en lutte pour plus de justice, endossant alors au volant de sa Ford Mustang le costume d’un Don Quichotte des temps modernes !
De retour en Arizona, Mike, comme beaucoup de ces « revenants » de la guerre, est déboussolé. Il devient irritable, entre violence et dépression. Révolté contre une société sans égard pour les faibles, fou de rage, il détruit une succursale de banque et se voit incarcéré. C’est au pénitencier où il purge sa peine qu’il découvre le roman chevaleresque et satirique de Miguel de Cervantès. C’est une révélation : Mike sera Don Quichotte à son tour, en butte à toutes les inquisitions contemporaines, économiques, politiques, intellectuelles ou religieuses, et en lutte contre toutes les formes d’injustice… Mike Cervantès n’écrira pas une version nouvelle de l’épopée du « chevalier à la triste figure » mais à bord de sa Rossinante rutilante, modèle 1971, il la vivra pleinement…

Le Fantôme arménien
Pour ce récit de bande dessinée documentaire, Laure Marchand, Guillaume Perrier et Thomas Azuélos ont suivi le voyage de Christian Varoujan Artin, depuis Marseille jusqu’en Turquie, sur les traces de sa famille. Varoujan, 54 ans, vit à Marseille où 10 % des citadins de la cité phocéenne ont des racines en Arménie. Militant, il s’occupe d’animer le centre Aram pour la reconnaissance du génocide et assure la préservation de la mémoire et de la culture de la diaspora arménienne, comme son père et son grand-père avant lui. Il décide de monter une exposition de portraits d’Arméniens en Turquie, pays des bourreaux de ses ancêtres. Avant 2014, Varojan n’avait jamais envisagé d’aller en Turquie, au risque de « piétiner les ossements de ses ancêtres ». Le voyage jusqu’à cet « Auschwitz à ciel ouvert » représentait donc un enjeu très fort pour lui et pour sa femme, Brigitte Balian, qui l’accompagnait. Mais ce n’était pas seulement un pèlerinage. Varoujan et Brigitte ont également rencontré les descendants des Arméniens qui ont réchappé aux massacres et sont restés en Turquie en 1915. Car aujourd’hui ces Arméniens kurdes, turcs, alévis, musulmans, sortent de l’ombre, racontent leurs histoires et aspirent à retrouver une identité perdue. Le fantôme arménien révèle aussi l’embarras actuel des Turcs d’aujourd’hui, enfants des tortionnaires qui ont reçu en héritage une conscience atrophiée et qui ne « trouveront la paix et ne pourront construire une démocratie que s’ils font face à leur histoire. » Il aura fallu attendre le 23 avril 2014 pour que le Premier ministre turc Recep Tayyoip Erdogan présente les condoléances du pays aux « petits-fils des Arméniens tués en 1915 » lors des massacres qui ont coûté la vie à près d’un million d’Arméniens, sous l’empire ottoman. Un geste hautement symbolique pour Ankara, qui ne reconnait pas le génocide.

Mobutu dans l'espace

Les Ménines
Les Ménines, peint en 1656, est certainement le tableau le plus célèbre de Diego Vélasquez. Il est exposé au Prado, à Madrid.
« Mais bien sûr que ce n’est pas authentique, Monsieur. C’est un miroir » Alors qu’une exposition rétrospective exceptionnelle consacrée à Vélasquez, le peintre des peintres, s’ouvre en mars prochain à Paris au Grand Palais, un livre de bande dessinée revient sur la création de son chef d’œuvre, « Les Ménines » et la perception de ce tableau par ses contemporains d’alors, mais aussi la résonance et l’influence qu’il a eu chez Picasso ou Dali. Durant des siècles, le tableau représentant la famille de Philippe IV d’Espagne a été le centre d’attraction du Prado et a inspiré les artistes, les écrivains et nombre d’intellectuels comme la Joconde au Louvre. Cependant Diego Vélasquez est l’un des peintres les plus mystérieux de son époque, et « Les Ménines », son chef d’œuvre, sommet de la peinture baroque espagnole, est peut-être le plus étrange des tableaux de la peinture occidentale.
Après avoir passé sa vie à la cour, au service de Philippe IV, le maître est enfin nommé chevalier en 1658, malgré è les protestations de la noblesse qui considère alors qu’un peintre ne peut être pareillement distingué.

L'Échappée
Un homme, la quarantaine sonnée, marié-deux enfants, mène une vie bien réglée, file la petite mécanique routinière des jours dans une grande ville occidentale, en bord de mer. Un jour, il est attiré par l’horizon maritime qui se dégage entre deux immeubles, une perspective qu’il ne voyait plus et qui lui insuffle un petit pas de côté qui devient un grand écart. Le quadragénaire impavide ne reviendra pas sur ses pas…
Sur un coup de tête, il met les voiles, et sans prévenir, il prend un billet sur un paquebot pour partir. Ailleurs. Loin. Hélas, ce bateau est pris dans une violente tempête. Seul rescapé, le voici naufragé sur une ile. Là, habite une communauté très particulière qui vit dans une harmonie provoquée par des médicaments qui rendent « heureux », a priori. Il va partager cette harmonie chimique jusqu’au jour où il oublie de prendre ses pilules et retrouve son libre arbitre. Il décide de s’enfuir à nouveau …
Grégory Mardon, en 220 planches muettes, tente d’y répondre à travers un récit cocasse sur notre envie à tous – et récurrente chez certains sujets - de changer de vie, de trouver le bonheur ailleurs que sous nos pieds, et qui peut devenir une perpétuelle fuite en avant.
Une écriture graphique appuyée par un travail chromatique singulier qui régénère avec légèreté notre réflexion sur nos errances mentales et freine nos tergiversations incessantes d’occidentaux gâtés ; L’échappée devient belle. Mardon conjuguent géographie intime et géographie des lieux dans des teintes vives et joyeuses, se moquant joliment des tribulations de l’homme moderne toujours en quête de mieux…

Le Voleur de Livres
Paris, années 1950. Sartre et l’existentialisme quadrillent Saint-Germain-des-prés. Daniel Brodin, étudiant en droit en Sorbonne et féru de poésie vit à Aubervilliers, chez son oncle, communiste. Il s’ennuie, il est seul. Il attend de vivre une autre vie que celle de sa famille, mais laquelle ?
Il songe au suicide et trouve réconfort dans la poésie, volant des ouvrages en librairie,
au petit bonheur la chance, puisqu’il est sans argent. C’est un poète, du moins le prétend-il. Au café Serbier, fréquenté par la fine fleur de l’intelligentsia parisienne, il est prié de déclamer un poème de sa composition. Il déclame alors un poème italien,
pensant que personne ne le connaît. C’est un plagiat, mais c’est un triomphe ! Cette imposture – vue comme une oeuvre d’art – va lui donner ses lettres de noblesse et il devient rapidement légitime d’une bande de débauchés cultivés, artistes libertaires, volontairement désoeuvrés, délinquants, alcooliques, d’où émergent Gilles la tête pensante, Jean-Michel la tête brûlée, Ed la tête en l’air, et d’autres encore tous plus singuliers les uns que les autres. Et puis, il y a Colette, jolie tête bien faite, dont Daniel tombe amoureux… La gloire de Daniel durera le temps des roses, jusqu’à ce que Jean-Michel le détrône, devenant à son tour la coqueluche du Tout-Paris littéraire. Et, quand l’étoile de celui-ci ne brillera plus, il faudra bien se résoudre à vivre d’expédients, et les choses iront de mal en pis… La vie est le terrain de jeu de l’art,
l’imposture et la provocation sont les seules expressions artistiques possibles… Une comédie dramatique, drôle et féroce, dans le milieu littéraire parisien des années 50, des bistrots où l’on déclamait en prose en fumant des cigarettes aux salons de Gaston Gallimard fréquentés par autant d’escrocs littéraires que de fins esprits !

Bumf T.1
Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or, la terre était informe, et vide ; les ténèbres couvraient l'abîme. Et l'Esprit de Dieu planait au-dessus des eaux. Et Dieu dit alors : Que la lumière soit. Des millénaires plus tard, nous devons constater que cela a sacrément dérapé : pollution, violence, pauvreté, misère, corruption. C'est dans ce contexte particulier que le capitaine d'aviation Joe Sacco, de l'escadron 617, est amené à bombarder Téhéran. Fort heureusement, son véritable statut d'auteur de roman graphique est rapidement découvert et le voilà redevenu simple soldat. Il est l'assistant d'un colonel moustachu qui, pour défaire l'ennemi teuton, a décidé de « baiser le kaiser » et tous ses hommes. Dans cette optique il vit nu, prêt à en découdre.
Bumf nous ramène donc au début de la carrière de Sacco, à l’époque où il était dessinateur humoristique d’avant-garde. Bien qu’il soit désormais connu du monde entier pour ses ouvrages de reportages et de réflexion tels Gaza 1956 ou Gorazde, Sacco a d’abord travaillé le dessin d’humour, la caricature et la satire, dont il est aussi acteur puisqu’il se met en scène. Avec ce dernier volume, Sacco nous prie d’avance de l’excuser : « Les gens attendent bien mieux de moi. Après cela, il est peu probable que l’on me retrouve sur un timbre ! »
Bumf est un livre drôte, trash, qui n’apas peur d’être outrancier. Pamphlet à l’humour noir, Bumf convoque Nixon, Michèle Obama, Bush père et fils dans un joyeux désordre, mais aussi Clint Eastwood ou Charlton « Moïse » Heston… Joe Sacco libère sa plume et son esprit pour nous faire part de ses considérations politiques et religieuses. Une vision décalée hilarante d’un demi-siècle de politique américaine.
L’album est paru aux états-Unis en octobre 2014. Une vision décalée hilarante sur les 50 dernières années de politique américaine. Décapant…

Pour toujours
Dans Paris, aujourd’hui. Trois ans ont passé depuis l’apparition du virus de l’amorostasie qui s’est propagé dans la capitale laissant les malades dans un état cataleptique. Olga Politoff, journaliste qui enquêtait sur ce virus, s’est retrouvée figée à son tour avec Kiran. Dans un monde bouleversé par l’épidémie, ils vont être à nouveau plongés au cœur de la tourmente… Alors que l’Amorostasie est devenue mondiale, tous les laboratoires du monde se battent pour trouver le remède qui fera revenir à la vie les victimes figées par la maladie ; Seul l’un d’entre eux a obtenu un certain nombre de résultats encourageants. Il s’agit maintenant de tester le vaccin sur un cobaye consentant…et Kiran, prisonnier sans famille, semble le sujet idéal. Mais l’expérience tourne court lorsqu’il tombe dans un coma profond. À quelques centaines de kilomètres de là, la séduisante Olga se réveille brusquement dans sa chambre d’enfant, au domicile de ses parents. À peine éveillée, elle ne souhaite qu’une chose : retrouver son amoureux pour se figer avec lui, de nouveau. Hélas, Olga va découvrir que le monde, en trois ans, a bien changé…et son statut de première « réveillée » de la maladie va attirer toutes les convoitises…

Quatre millions de voix
Rappel des faits : le 4 novembre 1997, un attentat sanglant fait 508 victimes à New York. Six mois plus tard, la démocrate Jessica Ruppert est élue maire de la ville avec une politique sociale et humaniste. Soupçonné d’être l’auteur de la tuerie, Joshua Logan, ancien membre des forces spéciales, se rend à la police pour faire éclater la vérité…
Quatre millions de voix se déroule dans la continuité immédiate de l’épisode précédent, entre le 7 septembre et le 9 novembre 1999 lors des élections du gouverneur de l’Etat de New York. En lice, la très conservatrice Meredith Bambrick semble avoir pris une avance décisive sur le candidat démocrate Lou Mac Arthur après qu’il s’est officiellement déclaré contre la peine de mort en général et contre l’exécution de Logan, « l’homme le plus détesté de la ville » en particulier. « On peut tuer légalement une personne et s’imaginer avoir réglé le problème qu’elle représentait. On peut aussi la laisser en vie… Recueillir sa parole… Savoir ce qui l’a poussé à ce geste fou… Comprendre quels mouvements haineux couvent au sein de notre ville et peut-être trouver comment apaiser durablement cette fureur. » Mais le Pouvoir des Innocents passe aussi par leur vote et le résultat surprise des élections pourrait bien raviver les braises du chaos d’une ville gangrénée par la violence et la corruption.

Papier froissé
Javi, « le maigrichon », a décroché des bancs de l’école à l’insu de sa famille pour devenir une sorte de mercenaire à la petite semaine, prêt à rendre divers services contre de l’argent qu’il épargne dans une vieille boîte à cigares en rêvant de jouer du piano en public. « Parfois, j’ai l’impression que tout le monde fait de moi ce dont il a envie…Comme si j’étais un putain de papier froissé » À la même époque, Jorge, locataire d’une petite chambre à la pension « Les chevaux », vient travailler dans une modeste menuiserie industrielle. Taciturne, mutique, il reste à l’écart de ses collègues, sculptant des petits chevaux dans les chutes de bois qu’il collecte après ses heures de boulot. Devenu l’amant d’Ana, la propriétaire, il n’est pourtant qu’un fantôme, une ombre assaillie par le mot « lâche », 5 lettres glissées sous sa porte ou taguées rageusement sur sa voiture… Un premier album d’une grande maîtrise narrative et graphique. Nadar joue avec les codes du roman à tiroirs ; l’histoire revient sur ses pas, et relie les personnages les uns aux autres quand la vie les avait séparés, le noir & blanc devient gris quand il s’agit de souvenirs trop lourds à porter…Peut-on refaire sa vie ? On la continue seulement, avec quelques souvenirs parfois lourds comme un cheval mort !

Quand vous pensiez que j'étais mort

Racket

Sortie Sud

Être là avec Amnesty International
13 reportages graphiques. Les droits humains sont universels parce qu’ils dépassent la culture. Fort de son expérience pour Immigrants, série d’entretiens dessinés et de portraits soutenus par Amnesty International (Futuropolis 2010), Christophe Dabitch a poursuivi son voyage journalistique pour recueillir la parole d’une humanité bafouée, malmenée ou ignorée. L’idée d’une présence au monde, une façon d’agir et d’être là, avec les questions que cela soulève, traverse ces reportages.
Des trottoirs mémoriels de Buenos Aires à un lac asséché par les spéculateurs, d’un fleuve à la frontière gréco-turque aux couloirs de la mort dans les prisons japonaises, des ruines de Grozny aux camps de Roms de Grigny, du totalitarisme numérique de Big (Brother) Data aux victimes ivoiriennes de sociétés pétrolières criminelles, il a partagé et recueilli la voix de ceux qui se battent pour leurs droits et qui transforment. Son statut de victime en celui d’acteur. Sans jamais céder à l’empathie, Christophe Dabitch a rapporté 13 reportages dans le vif, étayés d’une présentation documentée du contexte politique. 13 témoignages qui prouvent que les Droits humains restent souvent hypothétiques. La belle gageure de cet ouvrage choral est d’avoir permis aux différents dessinateurs de se réapproprier a posteriori le reportage initial (textes, entretiens et photos) pour obtenir un mélange de réalité rencontrée (étayée par des faits et des témoignages) et d’imaginaires visuels mêlant récit et ressenti.

Les Gardiens du Louvre
Attention sens de lecture japonais : commencez par la case en haut à droite pour finir en bas à gauche.
Au terme d’un voyage collectif en Europe, un dessinateur japonais fait étape en solitaire à Paris, dans l’idée de visiter les musées de la capitale. Mais, cloué au lit de sa chambre d’hôtel par une fièvre insidieuse, il se trouve confronté avant tout à une forme de solitude absolue, celle des souffrants en terre étrangère, privés de tout recours immédiat au coeur de l’inconnu. Alors que le mal lui laisse quelque répit, il met son projet à exécution, et se perd dans les allées bondées du Louvre.
Très vite, il va découvrir bien des facettes insoupçonnées de ce musée-monde, à la rencontre d’oeuvres et d’artistes de diverses époques, au cours d’un périple oscillant entre rêve et réalité, qui le mènera pour finir à la croisée des chemins entre tragédie collective et histoire personnelle.
Avec cet album en forme de voyage intérieur, Jirô Taniguchi nous invite à une traversée temporelle et artistique à la découverte d’un esprit des lieux, sous la houlette de quelques figures tutélaires, familières ou méconnues... Car le Louvre a ses gardiens.

Va'a, une saison aux Tuamotu
Au printemps 2014, Flao et Troubs suivent une mission scientifique dans les Tuamotu qui espère relancer la fabrication des va’a Motu, embarcations traditionnelles de Polynésie. La mission n’atteint pas son objectif, mais les deux copains décident de fabriquer eux-mêmes une de ces pirogues à voiles en suivant l’ancestral modèle. Ce bricolage sympathique va leur permettre de construire ponts avec les habitants de cette France lointaine. Participant du rêve commun que les jeunes générations puissent revenir vivre, aimer et mourir sur leur atoll, Flao et Troubs ont parcouru les lagons, plongeant et vivant au rythme du soleil, des cueillettes de noix de coco et de la pêche et ils ont rencontré les habitants.
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Dessinant beaucoup, ils ont ainsi tracé chacun et ensemble les lignes d’un monde en déclin, modifié en profondeur depuis les années 1960 par l’argent du nucléaire. On se souvient des essais à Mururoa. Plus aucun enfant ne nait aux Tuamotu et les vieillards n’y meurent plus. À dix ans les enfants partent en pension sur d’autres îles pour suivre l’école et les traditions s’échappent. Les dessins de Troubs et de Benjamin Flao sont autant d’instantanés pour la mémoire collective de ce paradis à la dérive depuis que le moteur à essence a supplanté les voiles des ancêtres.

Chroniques

Notre mère la guerre (Nouvelle Édition)
Notre Mère la Guerre est un récit, sous des allures d'enquête policière, qui prend la guerre comme sujet principal. Un récit qui aborde la question de ce Mal Absolu qu'est la guerre, à travers l'affrontement de deux hommes en plein coeur des tranchées françaises : un caporal et un lieutenant de gendarmerie, un socialiste antimilitariste et un militant catholique et patriote. Janvier 1915. Champagne pouilleuse. Cela fait six mois que l'Europe est à feu et à sang. Six mois que la guerre charrie ses milliers de morts quotidiens. Mais sur ce lieu hors de raison qu'on appelle le front, ce sont les corps de trois femmes qui font l'objet de l'attention de l'état major. Trois femmes froidement assassinées. Et sur elles, à chaque fois, une lettre mise en évidence. Une lettre d'adieu. Une lettre écrite par leur meurtrier. Une lettre cachetée à la boue des tranchées, sépulture impensable pour celles qui sont les symboles de la sécurité et du réconfort, les ultimes remparts même de l'Humanité. Des femmes... C'est impossible. Tout s'écroulerait. Ou alors c'est la guerre elle-même qu'on assassine...

La Lune est blanche
« L’Antarctique. Le sixième continent. 14 millions de kilomètres carrés. Un dôme de glace enchâssé dans un socle rocheux. Le continent le plus sec, le plus froid, le plus difficile d’accès. Le continent des superlatifs. Le monde des extrêmes. »

En 2011, Yves Frenot, directeur de l’Institut polaire français, invite Emmanuel Lepage et son frère François, photographe, à intégrer une mission scientifique sur la base française antarctique Dumont d’Urville, en Terre-Adélie. Le but ? Réaliser un livre qui témoignerait du travail des savants. Yves Frenot leur propose, en outre, de participer, comme chauffeurs, au raid de ravitaillement de la station Concordia, située au coeur du continent de glace à 1 200 km de Dumont d’Urvillle. Le Raid, comme on l’appelle, c’est LA grande aventure polaire ! Pour les deux frères, ce serait l’aventure de leur vie, mais rien ne se passera comme prévu !

Le Vieil Homme et la Mer
Cuba. Début des années 1950. Santiago, un vieux pêcheur rentre une fois encore la barque vide. 84 jours qu’aucun poisson ne mord sa ligne. Tout le monde le pense trop vieux et devenu piètre marin. Seul Manolin, petit garçon, continue de croire en lui et veut l’accompagner dans ses sorties en mer. Mais ses parents l’obligent à regagner un navire plus chanceux, et l’enfant continuera le soir à visiter le vieil homme dans sa cabane. Le 85e jour, Santiago décide d’aller pêcher loin dans le golfe. Il est confronté à un espadon, poisson énorme et fort. La lutte homérique entre le vieil homme et le poisson prédateur durera trois jours et trois nuits ; à son retour sur la terre ferme, le vieil homme aura regagné sa dignité après une bataille courageuse.

Que la lumière soit...
Une attaque terroriste de grande ampleur a laissé Monplaisir dévastée. La ville est détruite. L’alimentation électrique est saccagée, « les ennemis de Sodome » ont saboté tout le réseau. Zacchary veille la dépouille du jeune Neil Colton, victime innocente de son combat avec Antiochus Ebrahimi, tueur à gages sans scrupule. A l’extérieur de la Cité en ruines, la famille de Zach est défiée par ses propres robots d’entretien…
Dans le monde délirant et à priori sans contrainte de Monplaisir, les personnages sont en proie à des forces qui les dépassent. L’univers du jeu est effrayant, violent, démoniaque, et l’on s’y perd. Que va devenir Zacchary, l’homme bon, dans la capitale du jeu ? Aura-t-il le pouvoir de lutter contre des puissances technologiques et des êtres vicieux, cruels et sans conscience des limites ?

Baby Foot
Baby-Foot est la suite d'Un sac de billes, le récit du petit Jo, devenu adolescent, dans le Paris et la France de l'immédiate après-guerre. Lorsqu'Un sac de billes se termine, nous voyons Jo rentrer à Paris après plusieurs mois d'exil. On retrouve le grand frère Henry qui s'affaire dans son salon de coiffure et dont l'autorité pèse parfois un peu trop sur son jeune frère en pleine révolte adolescente. Il y a les copains. Et il y a Jo. On retrouve sa malice et son indéfectible désir de vivre sa vie en jeune homme libre. Il se fiche un peu de son certif' et ne veut à aucun prix devenir coiffeur. Il multiplie les rêves mais aussi les désillusions. Il s'intéresse à la boxe qu'il va pratiquer puis abandonner, se rendant compte qu'il n'est pas fait pour ça. Il y a aussi pour lui et ses copains la fascination qu'exercent sur eux les GI américains, qui ont libéré le pays, et l'Amérique si proche et si lointaine à la fois, riche de promesses. Il y a aussi les petits trafics de l'après-guerre et les plans foireux. Et il y a aussi la jolie Bernadette, 22 ans, sa première rencontre, son premier amour.

Tombé du ciel

Énergies Extrêmes
Depuis 2011, la France est le premier pays au monde à avoir officiellement interdit la technique de fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste. Pourtant la situation n’est pas close et à l’intérieur même du gouvernement actuel, pro et anti gaz de schiste s’affrontent. Doit-on sous prétexte d’indépendance énergétique et d’emplois, laisser détruire et polluer notre territoire? A t-on besoin d’une énième énergie de transition avant de passer à un autre modèle ? Avec Énergies extrêmes, Sylvain Lapoix et Daniel Blancou nous expliquent l’origine de cette énergie fossile, et comment des grandes entreprises américaines y ont vu un intérêt suite aux chocs pétroliers des années 70. Nous suivons également les lobbyings que cela provoque chez les partisans comme les opposants. Enfin, ce livre nous montre comment cette nouvelle énergie redessine la géopolitique mondiale. Publié en 3 parties dans La Revue dessinée, ce reportage a été remonté et complété pour sa publication sous forme de livre.

Issaïas
Issaïas et son oncle Mariano, Brésiliens, arrivent en Guyane pour chercher l’or. A Maripasoula, ils tombent sur les hommes de Lucy, la fille du Gran Man, le chef coutumier Boni, patronne des exploitations d’orpaillage. Emmenés sur une île du Maroni, on leur confisque leurs papiers d’identité… L’enfer au paradis. Une nature sauvage et luxuriante sous un soleil radieux. L’image est belle et ferait rêver les métropolitains mais la réalité est tout autre sur ce territoire français lointain, à la frontière du Surinam.

Pour vivre, il faut chercher l’or, dans la boue, y perdre ses ongles, son âme parfois et même sa vie. L’or amassé revient à une organisation mafieuse, et les chercheurs d’or, ouvriers à la petite semaine n’en touche aucun bénéfice sinon celui de garder la vie sauve d’un jour à l’autre. Brésiliens clandestins et Français s’affrontent autour du précieux butin et esquivent aussi les attaques des gendarmes. Une plongée suffocante dans la torpeur des chercheurs d’or. La gestion calamiteuse de l’Amazonie par l’Etat mêlée aux intérêts violemment divergents d’une poignée de personnages va faire exploser un village pris dans les cahots et les sauvageries de la fièvre de l’or. Aux confins les plus sombres de la République Française, L’or montre une réalité contemporaine qui nous semble exotique et éloignée de nos habitudes.

Pourtant Bihel et Piatzszek sont au plus juste de la réalité et soulèvent un coin du voile de ces conflits humains, économiques et environnementaux qui secouent cette micro société violente et indigente. C’est l’histoire haletante des orpailleurs de misère, des bandits sans toit, sans foi, ni loi sinon celle de la magie noire et de la poudre d’or !

Vertiges de Quito
Amérique du Sud. Sur la ligne sismique de Bolivie à l’Equateur. Partis pour 12 mois à Quito en Équateur, ville verticale en équilibre au bord du précipice, Didier Tronchet, sa compagne et leur jeune garçon y sont restés trois ans, tirant des bords dans la jungle amazonienne, sur l’immense lac salé et jusqu’en Bolivie.
De ce voyage sur les hautes terres sud-américaines, il livre trois chroniques dessinées, images de son quotidien entre reportage et carnet de route où grands espaces et géographie intime se conjuguent pour un album coloré et vivant.
Trois récits aussi drôles qu’émouvant, oniriques et fabuleux.