Futuropolis

Racket

Sortie Sud

Être là avec Amnesty International
13 reportages graphiques. Les droits humains sont universels parce qu’ils dépassent la culture. Fort de son expérience pour Immigrants, série d’entretiens dessinés et de portraits soutenus par Amnesty International (Futuropolis 2010), Christophe Dabitch a poursuivi son voyage journalistique pour recueillir la parole d’une humanité bafouée, malmenée ou ignorée. L’idée d’une présence au monde, une façon d’agir et d’être là, avec les questions que cela soulève, traverse ces reportages.
Des trottoirs mémoriels de Buenos Aires à un lac asséché par les spéculateurs, d’un fleuve à la frontière gréco-turque aux couloirs de la mort dans les prisons japonaises, des ruines de Grozny aux camps de Roms de Grigny, du totalitarisme numérique de Big (Brother) Data aux victimes ivoiriennes de sociétés pétrolières criminelles, il a partagé et recueilli la voix de ceux qui se battent pour leurs droits et qui transforment. Son statut de victime en celui d’acteur. Sans jamais céder à l’empathie, Christophe Dabitch a rapporté 13 reportages dans le vif, étayés d’une présentation documentée du contexte politique. 13 témoignages qui prouvent que les Droits humains restent souvent hypothétiques. La belle gageure de cet ouvrage choral est d’avoir permis aux différents dessinateurs de se réapproprier a posteriori le reportage initial (textes, entretiens et photos) pour obtenir un mélange de réalité rencontrée (étayée par des faits et des témoignages) et d’imaginaires visuels mêlant récit et ressenti.

Les Gardiens du Louvre
Attention sens de lecture japonais : commencez par la case en haut à droite pour finir en bas à gauche.
Au terme d’un voyage collectif en Europe, un dessinateur japonais fait étape en solitaire à Paris, dans l’idée de visiter les musées de la capitale. Mais, cloué au lit de sa chambre d’hôtel par une fièvre insidieuse, il se trouve confronté avant tout à une forme de solitude absolue, celle des souffrants en terre étrangère, privés de tout recours immédiat au coeur de l’inconnu. Alors que le mal lui laisse quelque répit, il met son projet à exécution, et se perd dans les allées bondées du Louvre.
Très vite, il va découvrir bien des facettes insoupçonnées de ce musée-monde, à la rencontre d’oeuvres et d’artistes de diverses époques, au cours d’un périple oscillant entre rêve et réalité, qui le mènera pour finir à la croisée des chemins entre tragédie collective et histoire personnelle.
Avec cet album en forme de voyage intérieur, Jirô Taniguchi nous invite à une traversée temporelle et artistique à la découverte d’un esprit des lieux, sous la houlette de quelques figures tutélaires, familières ou méconnues... Car le Louvre a ses gardiens.

Va'a, une saison aux Tuamotu
Au printemps 2014, Flao et Troubs suivent une mission scientifique dans les Tuamotu qui espère relancer la fabrication des va’a Motu, embarcations traditionnelles de Polynésie. La mission n’atteint pas son objectif, mais les deux copains décident de fabriquer eux-mêmes une de ces pirogues à voiles en suivant l’ancestral modèle. Ce bricolage sympathique va leur permettre de construire ponts avec les habitants de cette France lointaine. Participant du rêve commun que les jeunes générations puissent revenir vivre, aimer et mourir sur leur atoll, Flao et Troubs ont parcouru les lagons, plongeant et vivant au rythme du soleil, des cueillettes de noix de coco et de la pêche et ils ont rencontré les habitants.
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Dessinant beaucoup, ils ont ainsi tracé chacun et ensemble les lignes d’un monde en déclin, modifié en profondeur depuis les années 1960 par l’argent du nucléaire. On se souvient des essais à Mururoa. Plus aucun enfant ne nait aux Tuamotu et les vieillards n’y meurent plus. À dix ans les enfants partent en pension sur d’autres îles pour suivre l’école et les traditions s’échappent. Les dessins de Troubs et de Benjamin Flao sont autant d’instantanés pour la mémoire collective de ce paradis à la dérive depuis que le moteur à essence a supplanté les voiles des ancêtres.

Chroniques

Notre mère la guerre (Nouvelle Édition)
Notre Mère la Guerre est un récit, sous des allures d'enquête policière, qui prend la guerre comme sujet principal. Un récit qui aborde la question de ce Mal Absolu qu'est la guerre, à travers l'affrontement de deux hommes en plein coeur des tranchées françaises : un caporal et un lieutenant de gendarmerie, un socialiste antimilitariste et un militant catholique et patriote. Janvier 1915. Champagne pouilleuse. Cela fait six mois que l'Europe est à feu et à sang. Six mois que la guerre charrie ses milliers de morts quotidiens. Mais sur ce lieu hors de raison qu'on appelle le front, ce sont les corps de trois femmes qui font l'objet de l'attention de l'état major. Trois femmes froidement assassinées. Et sur elles, à chaque fois, une lettre mise en évidence. Une lettre d'adieu. Une lettre écrite par leur meurtrier. Une lettre cachetée à la boue des tranchées, sépulture impensable pour celles qui sont les symboles de la sécurité et du réconfort, les ultimes remparts même de l'Humanité. Des femmes... C'est impossible. Tout s'écroulerait. Ou alors c'est la guerre elle-même qu'on assassine...

La Lune est blanche
« L’Antarctique. Le sixième continent. 14 millions de kilomètres carrés. Un dôme de glace enchâssé dans un socle rocheux. Le continent le plus sec, le plus froid, le plus difficile d’accès. Le continent des superlatifs. Le monde des extrêmes. »

En 2011, Yves Frenot, directeur de l’Institut polaire français, invite Emmanuel Lepage et son frère François, photographe, à intégrer une mission scientifique sur la base française antarctique Dumont d’Urville, en Terre-Adélie. Le but ? Réaliser un livre qui témoignerait du travail des savants. Yves Frenot leur propose, en outre, de participer, comme chauffeurs, au raid de ravitaillement de la station Concordia, située au coeur du continent de glace à 1 200 km de Dumont d’Urvillle. Le Raid, comme on l’appelle, c’est LA grande aventure polaire ! Pour les deux frères, ce serait l’aventure de leur vie, mais rien ne se passera comme prévu !

Le Vieil Homme et la Mer
Cuba. Début des années 1950. Santiago, un vieux pêcheur rentre une fois encore la barque vide. 84 jours qu’aucun poisson ne mord sa ligne. Tout le monde le pense trop vieux et devenu piètre marin. Seul Manolin, petit garçon, continue de croire en lui et veut l’accompagner dans ses sorties en mer. Mais ses parents l’obligent à regagner un navire plus chanceux, et l’enfant continuera le soir à visiter le vieil homme dans sa cabane. Le 85e jour, Santiago décide d’aller pêcher loin dans le golfe. Il est confronté à un espadon, poisson énorme et fort. La lutte homérique entre le vieil homme et le poisson prédateur durera trois jours et trois nuits ; à son retour sur la terre ferme, le vieil homme aura regagné sa dignité après une bataille courageuse.

Que la lumière soit...
Une attaque terroriste de grande ampleur a laissé Monplaisir dévastée. La ville est détruite. L’alimentation électrique est saccagée, « les ennemis de Sodome » ont saboté tout le réseau. Zacchary veille la dépouille du jeune Neil Colton, victime innocente de son combat avec Antiochus Ebrahimi, tueur à gages sans scrupule. A l’extérieur de la Cité en ruines, la famille de Zach est défiée par ses propres robots d’entretien…
Dans le monde délirant et à priori sans contrainte de Monplaisir, les personnages sont en proie à des forces qui les dépassent. L’univers du jeu est effrayant, violent, démoniaque, et l’on s’y perd. Que va devenir Zacchary, l’homme bon, dans la capitale du jeu ? Aura-t-il le pouvoir de lutter contre des puissances technologiques et des êtres vicieux, cruels et sans conscience des limites ?

Baby Foot
Baby-Foot est la suite d'Un sac de billes, le récit du petit Jo, devenu adolescent, dans le Paris et la France de l'immédiate après-guerre. Lorsqu'Un sac de billes se termine, nous voyons Jo rentrer à Paris après plusieurs mois d'exil. On retrouve le grand frère Henry qui s'affaire dans son salon de coiffure et dont l'autorité pèse parfois un peu trop sur son jeune frère en pleine révolte adolescente. Il y a les copains. Et il y a Jo. On retrouve sa malice et son indéfectible désir de vivre sa vie en jeune homme libre. Il se fiche un peu de son certif' et ne veut à aucun prix devenir coiffeur. Il multiplie les rêves mais aussi les désillusions. Il s'intéresse à la boxe qu'il va pratiquer puis abandonner, se rendant compte qu'il n'est pas fait pour ça. Il y a aussi pour lui et ses copains la fascination qu'exercent sur eux les GI américains, qui ont libéré le pays, et l'Amérique si proche et si lointaine à la fois, riche de promesses. Il y a aussi les petits trafics de l'après-guerre et les plans foireux. Et il y a aussi la jolie Bernadette, 22 ans, sa première rencontre, son premier amour.

Tombé du ciel

Énergies Extrêmes
Depuis 2011, la France est le premier pays au monde à avoir officiellement interdit la technique de fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste. Pourtant la situation n’est pas close et à l’intérieur même du gouvernement actuel, pro et anti gaz de schiste s’affrontent. Doit-on sous prétexte d’indépendance énergétique et d’emplois, laisser détruire et polluer notre territoire? A t-on besoin d’une énième énergie de transition avant de passer à un autre modèle ? Avec Énergies extrêmes, Sylvain Lapoix et Daniel Blancou nous expliquent l’origine de cette énergie fossile, et comment des grandes entreprises américaines y ont vu un intérêt suite aux chocs pétroliers des années 70. Nous suivons également les lobbyings que cela provoque chez les partisans comme les opposants. Enfin, ce livre nous montre comment cette nouvelle énergie redessine la géopolitique mondiale. Publié en 3 parties dans La Revue dessinée, ce reportage a été remonté et complété pour sa publication sous forme de livre.

Issaïas
Issaïas et son oncle Mariano, Brésiliens, arrivent en Guyane pour chercher l’or. A Maripasoula, ils tombent sur les hommes de Lucy, la fille du Gran Man, le chef coutumier Boni, patronne des exploitations d’orpaillage. Emmenés sur une île du Maroni, on leur confisque leurs papiers d’identité… L’enfer au paradis. Une nature sauvage et luxuriante sous un soleil radieux. L’image est belle et ferait rêver les métropolitains mais la réalité est tout autre sur ce territoire français lointain, à la frontière du Surinam.

Pour vivre, il faut chercher l’or, dans la boue, y perdre ses ongles, son âme parfois et même sa vie. L’or amassé revient à une organisation mafieuse, et les chercheurs d’or, ouvriers à la petite semaine n’en touche aucun bénéfice sinon celui de garder la vie sauve d’un jour à l’autre. Brésiliens clandestins et Français s’affrontent autour du précieux butin et esquivent aussi les attaques des gendarmes. Une plongée suffocante dans la torpeur des chercheurs d’or. La gestion calamiteuse de l’Amazonie par l’Etat mêlée aux intérêts violemment divergents d’une poignée de personnages va faire exploser un village pris dans les cahots et les sauvageries de la fièvre de l’or. Aux confins les plus sombres de la République Française, L’or montre une réalité contemporaine qui nous semble exotique et éloignée de nos habitudes.

Pourtant Bihel et Piatzszek sont au plus juste de la réalité et soulèvent un coin du voile de ces conflits humains, économiques et environnementaux qui secouent cette micro société violente et indigente. C’est l’histoire haletante des orpailleurs de misère, des bandits sans toit, sans foi, ni loi sinon celle de la magie noire et de la poudre d’or !

Vertiges de Quito
Amérique du Sud. Sur la ligne sismique de Bolivie à l’Equateur. Partis pour 12 mois à Quito en Équateur, ville verticale en équilibre au bord du précipice, Didier Tronchet, sa compagne et leur jeune garçon y sont restés trois ans, tirant des bords dans la jungle amazonienne, sur l’immense lac salé et jusqu’en Bolivie.
De ce voyage sur les hautes terres sud-américaines, il livre trois chroniques dessinées, images de son quotidien entre reportage et carnet de route où grands espaces et géographie intime se conjuguent pour un album coloré et vivant.
Trois récits aussi drôles qu’émouvant, oniriques et fabuleux.

La Colonne T.2
Commandée par le Capitaine Boulet (Voulet de son vrai nom) et le lieutenant Lemoine (Chanoine dans la réalité), la colonne part en janvier 1899 de Dakar, Sénégal, jusqu’au Tchad pour couronner la conquête de l’Empire français en Afrique. Mais les deux gradés, pressés et sans scrupules, obligent les autochtones à se battre au nom de l’Empire. Carnages et barbaries dans leur sillage. Devenus fous, Boulet et Lemoine ne répondent plus à aucune stratégie militaire, et dirigent pillages et massacres en tous genres.
Leurs « prouesses » sont soufflées à l’oreille de l’Armée française qui envoient un émissaire pour les brider tandis que Boulet coupe la communication avec l’état-major français et décide de traverser les colonies britanniques, au risque de créer un incident diplomatique. Les Anglais ne riposteront pas si Boulet parvient à les libérer de la Sarraounia, princesse rebelle et sorcière qui tourmente les populations locales autant que les sujets de la reine d’Angleterre. Sorcellerie, dysenterie et poudre de canon. Une expédition notoire où massacres et pillages ont été légion et que la mémoire militaire et patriotique a préféré oublier.

Bons baisers de la province

Deuxième partie
Bilel est un jeune adolescent, qui se fait appeler Békame, comme son idole, le footballeur anglais. Il est arrivé clandestinement en France, pour retrouver son frère aîné Ahmed, qui y réside depuis deux ans. Ils ont le projet de partir en Angleterre, tous les deux. Les retrouvailles avec Ahmed, qui se fait dorénavant Patrick, sont terribles pour Bekame quand il comprend que son frère travaille avec des passeurs, est un trafiquant d’êtres humains, économisant sur leur dos les sous pour leur propre passage.
Que faire, sinon aider son frère et son « associé » dans leur sale boulot. Bilel découvre les conditions impitoyables de ces gens (Afghans, Turcs, Indiens, Pakistanais, Africains du Nord…) qui ont quitté la misère de leur pays pour en trouver une nouvelle, dans une société déshumanisée et bien sombre, où même la police pratique des méthodes douteuses pour dégoûter les migrants de rester en France.
Ils boiront leur misère jusqu’à la lie, puisque c’est l'associé d’Ahmed qui empêchera de façon violente leur première tentative de rejoindre la Grande-Bretagne de réussir…
C’est M. Assane, lui-même issu d’une famille immigrée, qui avait déjà aidé Bekame a retrouvé son frère, qui leur permettra de retourner en Algérie, dans leur pays, dans leur famille, au soleil. Pour toujours ? Pour un temps seulement?

Le Monde d'Aïcha
Elles passent dans la rue sans faire de bruit, glissant comme des fantômes, recouvertes d’un voile noir des pieds à la tête. Sabiha, Hamedda, Aïcha, Nabiha, Ghada, Hafitha… autant de noms, de désirs cachés, de vies brimées derrière des niqabs. De toutes ces femmes, on ne perçoit que leurs regards qui expriment peurs, incertitudes, espoirs, volonté.
Vendue en mariage à la sortie de l’enfance, Sabiha rêve de liberté et de sentir le vent caresser son visage. Un jour, elle ose retirer son voile et se pencher par la fenêtre, au risque d’être vue par un étranger… mais c’est son mari qui la surprend. Il la roue alors de coups : « Ne t’avise plus jamais de porter le déshonneur sur cette maison ». Prisonnière du carcan des traditions, elle tente alors dans un ultime effort de fuir ce foyer oppressant, au prix de sa vie.
Hamedda, elle, a épousé un homme qui la laisse libre de ses mouvements. Bravant les mauvaises langues qui mettent à mal sa réputation, elle ouvre une cantine pour subvenir aux besoins de sa famille. En dépit des interdits sociaux, elle travaille pour des hommes-soldats pendant la guerre civile en leur procurant un repas chaud et un toit. L’affaire prospère, et à la fin de la guerre, les soldats sont remplacés par les premiers touristes. Refusant de porter la niqab, Hamedda offre le portrait d’une femme indépendante et volontaire. Aïcha a 13 ans. Elle commence à ressentir la pression insistante de sa famille, et en particulier de son frère aîné, pour porter la niqab afin de se soustraire aux regards des hommes dans la rue.
Entre ses belles-soeurs traditionalistes, sa mère qui dédramatise le symbolisme du port du voile et ses amies progressistes, Aïcha hésite…
Des portraits de femmes bouleversantes qui donnent à voir leur courage pour lutter au quotidien contre les traditions et acquérir leur émancipation. Autant de témoignages qui dessinent un nouveau visage du Yémen, celui de femmes qui n’ont plus peur de lutter pour leur liberté. Une révolution, de moins en moins silencieuse.

Gavrilo Princip, l'homme qui changea le siècle

Le Tirailleur
1939, Maroc. Abdesslem s’engage pour quatre ans dans le 4ème Régiment des Tirailleurs Marocains (RTM). Il a plus ou moins 17 ans. Il ne connait pas son âge exact. En octobre 39, le 4ème RTM est mobilisé. C’est une drôle de guerre : « On ne faisait que marcher, creuser des trous, poser du fil barbelé, transporter du matériel, marcher des journées entières. Il n’y avait pas de combats. On attendait ; ça nous rendait nerveux. Le froid, la faim, la fatigue… ». En mai 40, les Allemands pilonnent le RTM. Les jeux sont faits. Ils se replient dans l’idée de rejoindre Marseille en suivant la direction du soleil le jour, les voies ferrées la nuit, afin d’embarquer pour le Maroc. Mais ils sont faits prisonniers par les Allemands et sont parqués dans des conditions déplorables, dans un « frontstalag » en France, un camp réservé aux prisonniers de couleur, tous issus de colonies françaises… Quand en 42, il est enfin de retour au Maroc, il réintègre le 4ème RTM pour crapahuter dans le Moyen-Atlas. Il n’obtient sa première permission que trois ans après être parti de chez lui ! D’enrôlements contraints en réengagements volontaires — pour pouvoir percevoir une retraite militaire —, la guerre devient son métier. Ce n’est qu’en 54, qu’il quitte définitivement l’armée, après avoir encore combattu deux ans en Indochine. Revenu dans son village natal, il retrouve les siens et leur quotidien simple et modeste, rythmé par le travail de la terre et leur vie de berger. Il est à sa place, là, « sur ces montagnes où l’air sent si bon qu’on a envie d’en manger ». Et pourtant, les temps changent, c’est la fin du protectorat de la France sur le Maroc, la réévaluation des retraites militaires est gelée, et partout, l’heure est à la modernité. Peu à peu, Abdesslem est rattrapé par le besoin d’argent : « Comment acheter tout ce que tu peux pas cultiver quand tu n’en as pas les moyens ? ». C’est ainsi qu’en 2004, il s’installe à Dreux pour pouvoir toucher une petite allocation vieillesse, qui aide ses proches à subvenir à leurs besoins. C’est à cette époque qu’Alain Bujak fait sa connaissance. En 2010, Abdesslem renonce à cette pension pour vivre ses vieux jours auprès des siens. Il a 86 ans

S.
S. est un récit de souvenirs, dans lequel Gipi dessine en quelques moments clés la vie de son père récemment décédé. Entremêlant ses propres souvenirs d’enfant et d’adolescent — amplifiés, déformés, chimériques — sous forme de petites anecdotes du quotidien, que l’on devine maintes fois racontées au cours des repas familiaux, il reconstruit l’image d’un père impressionnant, aimé et admiré. Ce sont aussi les souvenirs de la guerre, des bombardements, des morts. Des histoires de peur au ventre, d’un père caché dans les clapiers à lapins, en entendant les bombes, comme celle d’un fils, contraint de passer la nuit seul avec son cousin, sur une plage, dans le froid… Des histoires qui ont régi la vie d’un homme et de sa famille, provoquant silences, incompréhensions et conflits sourds. Par fragments, choisissant une narration déstructurée, au rythme saccadé, Gipi reconstitue sa propre histoire, mêlant ce que l’on ressent enfant et ce que l’on comprend adulte. Une bio et autobiographie qui évitent tous les pièges convenus du genre pour donner à l’être humain la force de ses ambiguïtés.

Johnson m'a tuer - Journal de bord d'une usine en lutte
Cela fait cinq ans que Louis Theillier travaille chez Johnson Mattey, une des plus grandes multinationales d’Angleterre, présente dans trente pays, employant près de dix mille personnes dans le monde. « JM » est le leader mondial de l’exploitation de platine et métaux précieux, fabriquant des catalyseurs destinés aux grands groupes industriels et automobiles. Le 31 janvier 2011, le directeur du site de Bruxelles annonce aux 300 employés la fermeture de l’usine, qui ne serait pas assez rentable et nécessiterait trop d’investissements.
En réalité, le groupe est largement bénéficiaire mais la direction préfère simplement délocaliser en Macédoine, là où les ouvriers ne seront payés que trois cents euros par mois ! Incrédulité, colère, dégoût et inquiétude gagnent les ouvriers face aux mensonges du patronat et à la nouvelle réalité de leur situation. Dès le premier jour, Louis Theillier, à la fois acteur et témoin, tel un reporter infiltré, décide de réaliser le journal de bord du conflit social, avec le Bic fourni par son employeur ! Il relaie au jour le jour les événements au sein de l’usine, à travers un blog BD et une microédition interne, de façon à rendre compte de la situation des travailleurs, particulièrement représentative du malaise social ambiant. Des actions de blocage, en passant par les assemblées et les négociations, jusque dans l’attente du plan social, Louis Theillier met en scène les doutes, la rage, l’espérance, la fraternité et la lutte des ouvriers qui parlent ainsi au nom de tous les travailleurs victimes du libéralisme et des délocalisations d’entreprises.

Le Captivé
Modeste employé à Bordeaux dans les années 1880, Albert Dadas a commencé à « fuguer » dès l’adolescence, suite à une chute sur la tête. À l’énoncé d’un nom de ville ou de pays, comme un somnambule, il part, quitte sa maison et commence à marcher. Ça se passe toujours ainsi : « Tout d’un coup, j’ai très chaud, j’ai des suées, j’ai mal à la tête… Il faut absolument que je marche… Et après je ne me souviens de rien. » Il ne sait pas quand il part. Il le sait après, et en est extrêmement malheureux.
Ses périples involontaires le mènent à Pau, Paris, Marseille mais aussi en Algérie, à Moscou (où il sera enfermé, soupçonné d’avoir tué le tsar !), Poznan en Pologne, Vienne en Autriche, Liège… Il peut parcourir jusqu’à 70 km par jour ! Et il se « réveille » à l’hôpital ou en prison, sans papiers, sans argent… En mai 1886, il rencontre Philippe Tissié, un jeune interne en psychiatrie à l’hôpital Saint André de Bordeaux, qui parvient à le soigner. Dadas pourra enfin mener une vie normale, se marier et avoir une fille. Le docteur décrira dans sa thèse, sa passion impulsive pour la marche et les voyages ; ses théories le rendront célèbre. Au delà d’un récit clinique de médecin, Le Captivé est aussi une surprenante histoire d’errance, une ode au voyage.

La Grande Guerre - Le Premier jour de la bataille de la Somme
Joe Sacco raconte cette journée, en une fresque muette de près de 7 mètres de long, qui est présentée en un livre accordéon. Un livret l’accompagne avec les commentaires de l’auteur, qui explique heure par heure, le déroulement de ce jour tragiquement historique. Hanté par la Première Guerre mondiale depuis l’enfance, mais accaparé dans sa carrière journalistique par d’autres conflits plus récents, et considérant que Jacques Tardi avait traité le sujet de façon définitive avec La Guerre des tranchées, Sacco ne s’est jamais imaginé dessiner sur le sujet. En octobre 2011, à la demande d’un ami éditeur new-yorkais, il y réfléchit pourtant. Il décide de se concentrer sur le premier jour de la bataille de la Somme, car c’est à partir de ce jour-là que l’homme du peuple a pris conscience de la véritable nature de la guerre moderne.
Joe Sacco fait le choix de s’inspirer de la Tapisserie de Bayeux, joyau de l’art médiéval, qui raconte l’histoire de l’invasion de l’Angleterre par les Normands. Il peut donc montrer ce qui s’est passé ce jour-là, sans avoir recours à aucun commentaire.
Le déroulé des événements parle de lui-même quant aux responsabilités du haut-commandement, et le sacrifice des soldats. S’il représente ce premier jour de la bataille de la Somme du seul point de vue britannique, c’est que les documents, les écrits militaires anglo-saxons et les histoires relatives aux Anglais lui sont les plus familiers, ce sont ceux qui ont imprégné sa conscience. Une oeuvre surprenante, tant par sa forme que son fond et son traitement graphique En effet, Joe Sacco donne ici un dessin compact et fouillé, ne négligeant aucun détail, ignorant délibérément perspectives et proportions réalistes. Il réalise une peinture miniature comme une image d’Épinal.

Le récit complet
Notre Mère la Guerre est un récit, sous des allures d'enquête policière, qui prend la guerre comme sujet principal. Un récit qui aborde la question de ce Mal Absolu qu'est la guerre, à travers l'affrontement de deux hommes en plein coeur des tranchées françaises : un caporal et un lieutenant de gendarmerie, un socialiste antimilitariste et un militant catholique et patriote. Janvier 1915. Champagne pouilleuse. Cela fait six mois que l'Europe est à feu et à sang. Six mois que la guerre charrie ses milliers de morts quotidiens. Mais sur ce lieu hors de raison qu'on appelle le front, ce sont les corps de trois femmes qui font l'objet de l'attention de l'état major. Trois femmes froidement assassinées. Et sur elles, à chaque fois, une lettre mise en évidence. Une lettre d'adieu. Une lettre écrite par leur meurtrier. Une lettre cachetée à la boue des tranchées, sépulture impensable pour celles qui sont les symboles de la sécurité et du réconfort, les ultimes remparts même de l'Humanité. Des femmes... C'est impossible. Tout s'écroulerait. Ou alors c'est la guerre elle-même qu'on assassine...

508 statues souriantes
Joshua Logan, l’homme le plus recherché d’Amérique, accepte enfin de se rendre à la police. Il souhaite obtenir un procès équitable et prouver son innocence en révélant le complot dont Jessica Ruppert a bénéficié pour obtenir son mandat de maire. Ses révélations ébranle la crédibilité de Jessica, car il affirme que le véritable coupable serait Steven Providence, le charismatique boxeur noir, qui avec l’aide de quelques mafieux, aurait mis en scène le fameux attentat du 4 novembre 1997. Des révélations que personne ne veut entendre, à part les opposants les plus durs à la politique sociale de Jessica, qui vont faire de Joshua Logan un symbole de leur combat extrémiste. Alors que la plus grande partie de la population la soutient, Jessica Ruppert cherche la vérité : qui est vraiment Joshua ? Est-il innocent ? Qui sont ses véritables adversaires ? Est-elle en sécurité ? Il plane sur New York comme une sourde menace au goût de sang…
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Témoignages
Accusé à tord d’avoir assassiné 508 personnes, dont le charismatique boxeur Steve Providence, Joshua Logan s’est rendu à la police. Il veut un procès équitable. Pour prouver son innocence, il compte bien révéler le complot dont Jessica Ruppert a bénéficié pour parvenir à la tête de la mairie de New York. Celle-ci a déjà fort à faire avec des forces d’opposition, dont celles issues des rangs Républicains, qui se montrent très actives pour dénoncer sa politique sociale et humaniste.
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Le tome 2 raconte la seule journée du 4 septembre 1999. L’avocat de Logan, cloué au fond de son lit, après s’être fait attaquer, continue de travailler à sa défense. Il est aidé par un ami journaliste, qui multiplie les rencontres, et fouille dans le passé de Logan. Prouver l’innocence de celui-ci apparaît comme une mission de plus en plus impossible, d’autant que dans l’ombre, les vrais criminels brouillent les pistes et réduisent au silence les témoins de leurs massacres…

La Promesse de l'aube
Dans La Promesse de l’aube, Romain Gary retrace son enfance, sa jeunesse à Vilnius (jusqu’en 1917, la ville de Lituanie Vilnius (Vilna) fait partie de l’Empire russe, elle sera ensuite polonaise sous le nom de Wilno), puis à Varsovie, en France et à Nice. Peu après sa naissance, son père les abandonne, sa mère et lui. Plus tard, il apprendra qu’il est mort d’angoisse devant la porte de la chambre à gaz.
Seul avec sa mère, qui ne rêve pour lui que d’avenirs plus extraordinaires les uns que les autres, il passe ainsi la seconde moitié de son enfance sur la Côte d’azur, croisant au grès des improvisations de sa mère, un Grand Duc, un roi de Suède et des professeurs de toutes disciplines et de tous genres. Pour rien au monde, il ne voudrait décevoir les folles espérances de cette femme extraordinaire. Oui, il veut bien être danseur, enfin danseur étoile, violoniste mais virtuose bien sûr, ou alors ambassadeur et écrivain, mais une étoile de la littérature cela va sans dire. Bref, il sera extraordinaire, il sera un héros. Sa mère aime le merveilleux, et lui, il se doit de lui offrir.
Lorsqu’en été 1939, la guerre éclate, et que la débâcle est un fait, il rejoint les troupes de la France Libre à Londres, laissant sa mère seule et malade. Elle, par ses courriers le suit, lui insufflant sans cesse son énergie, faisant couler par les mots le nectar du cordon ombilical. À lui, la guerre n’offre que doutes et amertumes. La Libération venue, il devient compagnon de la Libération. C’est bien, elle le voulait tant. Revenu à Nice, il découvre que sa mère est morte trois ans et demi auparavant. Elle avait chargé une amie de transmettre au fur et à mesure, les centaines de lettres qu’elle lui avait écrites les jours précédents son décès.

Les Meilleurs Ennemis T.2
Du 5 au 10 juin 1967, une guerre éclair confronta Israël à l’Egypte, la Jordanie et la Syrie. Elle sera nommée la Guerre des Six Jours. En moins d'une semaine, l'État hébreu tripla sa superficie ; l'Égypte perdit la bande de Gaza et la péninsule du Sinaï ; la Syrie fut amputée du plateau du Golan ; et la Jordanie, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Aujourd’hui, les États-Unis participent aux négociations de paix entre Israël et les autres états du Moyen-Orient. La révolution iranienne de 1979, conduite par l’ayatollah Khomeini, changea également à jamais la face du monde. Les USA, dirigées à l’époque par Jimmy Carter, devinrent le Grand Satan. Un autre bouleversement continue de régir le monde : l’invasion de l’Afghanistan par les troupes soviétiques en 1979. Pour contrer cela, la CIA décida de faire une guerre par procuration, en soutenant une révolte religieuse, devenant ainsi le soutien financier d’un saoudien, qui fera parler de lui plus tard, Oussama ben Laden…

Les Idées fixes
Achille et Adrien sont frères. Achille est un ancien « enragé de la mer » qui ne la prend plus depuis vingt ans. Il veille sur Adrien, considéré comme l’idiot du village, qui, sans lui, n’aurait sans doute ni gîte ni couvert. Adrien raconte à qui veut bien lui prêter attention, qu’il entend des voix et qu’il reçoit souvent la visite de morts, notamment de marins perdus en mer. Il a un « esprit de travers, qui lui fait des misères mais aussi lui fait voir les plus belles histoires. Il va marcher des heures, il disparaît des jours… On le revoit hagard ou riant aux éclats… Et le voilà qui prie du matin au soir. Ses phrases sont des énigmes, il parle par ellipses, il hurle sans raison, fait plein de contorsions… Et son plus grand plaisir, c’est de faire peur aux gosses. » Au village, on est habitué, il n’est pas méchant. Son médecin et Achille pensent que ces « fantaisies » sont une façon de fuir des horreurs du passé, et qu’elles cesseront le jour où Adrien se décidera à parler de ce qu’il a vécu pendant deux ans en Algérie... Achille, quant à lui, était marin pêcheur. Il a un jour prêté son bateau L’Agathe, à une famille de touristes, mais ni le bateau ni la famille ne sont jamais revenus. Disparus en mer ? Aujourd’hui, cela fait vingt ans, jour pour jour que L’Agathe a disparu. Achille est nerveux, et Adrien, comme chaque année à la même époque, lui déclare que bientôt son bateau reviendra, que c’est l’âme d’un marin qui le lui a dit. La poésie, la délicatesse, la tendresse de Gabrielle Piquet créeront le miracle, celui de l’Agathe…

Deuxième partie
Suite à la lecture du carnet de voyage, de l'un de ses anciens disciples et ami décédé, Humboldt est parti toute affaire cessante, en Amazonie. Ce départ précipité fit sensation à l’Académie.
On subodora une découverte sensationnelle, et Karl Von Ritter, chevalier du Grand Empire Prussien, au service de Frédéric Guillaume IV, fut alors expédié à sa suite. Le 9 septembre 1848, voilà déjà quatre mois que Humboldt, Luisa Amadilla et Von Ritter, attendent au cœur de la jungle, au pied d'une ancienne mine désaffectée, qui devrait les mener au cœur d'un Royaume enfoui dans les entrailles de la terre.
Leur but ? Découvrir l'Huphrahomen, l'organisme originel, qui serait la source de la diversité des formes de vie sur terre. Lorsqu'enfin la jonction entre les anciennes galeries de la mine et celles qui semblent ne pas avoir été creusées par des humains est faite, ils s'enfoncent alors dans des contrées inviolées et inconnues…

Moderne Olympia
Olympia, une héroïne moderne le célèbre tableau de Manet, Olympia, est un peu la Joconde du musée d’Orsay… posant dans son plus simple appareil. On ne pouvait choisir meilleure héroïne pour une aventure au coeur du musée. Peinte en 1863, Olympia a créé le scandale et ouvert la voie de la modernité aux impressionnistes, opposés aux peintres académiques. Au centre de deux clans, celui du Salon des Refusés et celui du Salon Officiel, Olympia est une icône et un pivot dans l’histoire de l’art. Deux clans, une héroïne, un scandale : ce n’est plus de l’histoire de l’art, c’est du cinéma ! Et si le musée d’Orsay était un vaste studio où se tourne, se joue, s’affronte, se fabrique tout un monde d’images et de mythes ?
Olympia, jeune actrice pleine de rêves, est pressée de vivre le grand frisson romantique devant la caméra, d’incarner une Juliette passionnée aux côtés d’un Roméo digne de ce nom. Elle se verrait bien en haut de l’affiche, comme Vénus, la star des studios d’Orsay. Mais on ne lui offre que des rôles de figurante, qu’elle incarne avec la même adresse qu’un Peter Sellers dans The Party. La figuration n’est pas faite pour elle, elle le sait, mais que faire pour exister quand on est issue du quartier des Refusés et que les premiers rôles ne sont réservés qu’à l’élite, les Officiels ? Quand, sur un tournage une fois de plus catastrophique, elle tombe amoureuse de Romain, un acteur du clan rival, c’est le début d’une lutte des classes culturelle : l’ensemble de la profession est choqué et les Officiels ne reculent devant aucun coup bas pour empêcher l’union des deux jeunes amoureux. Et c’est sans compter la jalousie de Vénus, diva éternellement flanquée de ses trois cupidons de compagnie, bien décidée à arracher le beau Romain des bras nus d’Olympia… Pour Olympia, le chemin du succès sera chaotique, musical et dansant…

Entrée Nord
Moudy, le Noir, et Alex, le Blanc, travaillent dans un centre de tri d’ordures ménagères en banlieue de Paris. Moudy aime les garçons. Le regard désapprobateur de ses « frères » lui fait quitter le foyer africain où ils sont entassés à 10 par piaule. Il s’installe alors, à proximité des décharges d’ordures, au dernier étage d’une usine désaffectée, promise dans moins d’une semaine à la démolition. Pendant 7 jours, il sera donc le roi qui surplombe son territoire. Samir gagne sa vie en vendant des cigarettes de contrebande, et d’autres substances moins légales, sous le métro aérien des quartiers parisiens malfamés. Il rêve de papiers, qui lui permettraient de quitter la clandestinité, mais à la « préfecture de Barbès », la filière officielle des faux-papiers, on ne fait pas crédit et du blé il n’en a pas assez… C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Moudy et d’Alex, en voulant leur piquer leur fric lors d’un deal d’herbe. Soudés dans leur misère quotidienne, leur situation s’aggrave encore lorsque lors d’une manif de sans-papiers durement réprimée par les forces de l’ordre, ils commettent l’irréparable pour sauver leur peau… Moudy, Alex, Samir : voyez ces « ordures », voyez comme ils vivent, voyez comme ils aiment, voyez comme ils rient, voyez comme ils pleurent.

Le grand combat

Seule contre tous
Pour son premier livre, Miriam Katin s’était plongée dans ses souvenirs d’enfant de trois ans, en Hongrie, afin de retracer le parcours épuisant qu’elles avaient mené avec sa mère, pour fuir les persécutions nazies. Un récit simple et poignant.

Lâcher prise
Quand son fils lui présente son amoureuse, qui est suédoise et pas juive, et lui annonce qu’ils vont s’installer à Berlin, Miriam Katin est plus que bouleversée et se sent profondément trahie. Avec une grande franchise et beaucoup d’humour, elle raconte sa lutte pour passer outre 60 années de douleur et de haine. Tout en plongeant son lecteur dans le processus créatif du livre qu’il est en train de lire, elle réalise un travail libérateur pour elle. Une oeuvre de catharsis absolument réjouissante, où la voix est libre et gaie.

Vois comme ton ombre s'allonge
Dessinateur prodigieux, écrivain subtil, Gipi impose avec force, son style en une histoire envoûtante, celle de deux vies ou d’une vie double, qu’il décompose, en autant de fragments qu’elle peut en compter. Un récit magnifique et émouvant.

L'Histoire de l'ours
Pour mettre en scène des témoignages familiaux qu’il a recueillis, Ricci se lance dans un étonnant road trip déjanté : la cavale d’un ours sauvage entre l’Italie et l’Allemagne. Une oeuvre monumentale pour un conte moderne aux images charbonneuses et hypnotiques.

Intégrale
Elle n’a rien prémédité. Ça se passe très simplement. Elle s’octroie quelques jours de liberté, seule, sur la côte, sans autre projet que de savourer pleinement, et sans culpabilité, cette vacance inédite. Presque surprise par sa propre audace, elle rencontre de drôles de gens qui sont, eux aussi, au bord du monde. Grisante, joyeuse, dangereuse et cruelle, l’expérience improvisée de Lulu en fera une autre femme…

I Comb Jesus et autres reportages africains
De juillet 2007 à septembre 2013, Jean-Philippe Stassen a réalisé 5 reportages pour XXI et La revue dessinée au Rwanda, au Congo, en Espagne, au Maroc, en Belgique où il est né, en France ainsi qu’en Afrique du Sud. Ce travail « africain » de plusieurs années sur les migrations des victimes de la guerre et de la misère est édité ici sous le titre I comb Jesus (« Je peigne Jésus »). Dans tous ses reportages, Stassen écoute et dialogue avec d’anciens enfants-soldats, des rescapés du génocide rwandais, des congolais installés à Bruxelles, des migrants à Gibraltar ou Johannesburg, mais aussi avec le peintre sud-africain Anton Kannemeyer. Récits incisifs, clairs, intelligents, passionnants, d’une grande beauté graphique, ces reportages dessinés donnent toute la mesure de l’immense talent de Stassen. À sa façon documentaire, I comb Jesus prolonge Déogratias paru il y a 15 ans en mêlant mots et images d’acteurs, de témoins, de victimes des récentes guerres africaines.

Troisième Époque (Août 1936)
En 1918, à son retour de Russie, sous le coup d’un mandat d’arrêt pour désertion, Mattéo s’était livré aux gendarmes, espérant « juste le bénéfice d’un peloton d’exécution, pour solder sa petite existence. » Il écopait de 20 ans de travaux forcés. Il en fit moins de la moitié car les derniers condamnés de la Grande Guerre furent amnistiés en 29. Il s’installait alors en région parisienne, et après avoir cassé du caillou à Cayenne, devenait tailleur de pierres ! Il retrouvait Paulin, son ami devenu aveugle pendant la guerre de 14, resté un communiste pur et dur, et toujours aussi susceptible, ainsi qu’Amélie, l’infirmière, en couple avec Augustin, un intello socialiste, très chic.
Août 36. C’est le temps du Front populaire. C’est le bonheur des premiers congés payés. 15 jours à ne rien foutre, comme maugréaient les patrons ! En tout cas, 15 jours de loisirs. Et Mattéo, Paulin, Amélie embarquent dans l’auto d’Augustin, en route pour leurs premières vacances officielles, direction la mer, le Sud. Collioure, Mattéo n’y a pas mis les pieds depuis très longtemps au grand dam bougon de sa mère. Il ne sait même pas ce que sont devenus Juliette et son fils Louis… Août 1936. C’est la liesse des bains de mer, des pique-niques, des cartes postales, des bals populaires… Tout semble possible, même le meilleur ! Pourtant, de l’autre côté des Pyrénées, dans l’Espagne toute proche, le bruit et la fureur de la guerre civile se font de plus en plus entendre. Depuis le 17 juillet, les légalistes font face à l’insurrection menée par le général Franco. Si Paulin, à qui Mattéo fait la lecture de l’Huma tous les jours, est en rage lorsque le cabinet de Léon Blum décrète l’embargo sur les armes à destinations des Républicains, c’est un pacte de non–intervention qui est signé par les grandes puissances européennes, en revanche Mattéo y semble totalement indifférent. Il préfère lire les pages « Sports », et en particulier celles consacrées au Tour de France qui se termine. Ses années en Russie et au bagne ont détruit sa fibre militante et engagée, il ne croit plus à l’action, à l’investissement collectif. Mais ce fils d’anarchiste espagnol restera-il insensible aux cris de la patrie de son père…

Le Premier Homme
Prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son œuvre, en 1957, Albert Camus travaillait au Premier Homme, au moment de sa mort, survenue dans un accident de voiture, le 4 janvier 1960. La somptueuse et émouvante version illustrée, proposée par José Muñoz, est une véritable redécouverte de ce récit autobiographique inachevé. Un dialogue en toute subjectivité, entre écrit et dessin. Elle paraît pour les 100 ans de la naissance d'Albert Camus.

Tsunami
Neuf ans après le tsunami de 2004, Romain Mataresse, jeune électricien de 24 ans, débarque avec son seul à dos, à Bandah Aceh, au Nord de l’île de Sumatra. Il est bien décidé à comprendre ce qui est arrivé à sa sœur aînée disparue. Elsa était toubib, en mission humanitaire dans l’archipel dévasté. Le dernier mail qu’elle envoyé à sa famille en 2005, disait qu’elle souhaitait souffler un peu après ce qu’elle venait de voir et de vivre, en voyageant quelques temps en Asie. Depuis, plus rien, ni de la part de la police locale, ni via le détective embauché par la famille. Romain a décidé de partir sur ses traces pour répondre aux questions de leur mère qui ne s’est pas remise de cette disparition. D’île en île, de rencontre en rencontre, de drogue en hallucinations, le jeune homme mène une quête insolite et mystérieuse, jamais désespérée, mais où les morts ont leur mot à dire… C’est une enquête autant qu’une initiation pour Romain. En découvrant qui était sa sœur, de plus de 16 ans son aînée, les derniers mois de sa vie de sculptrice, les raisons de sa disparition, il apprend aussi à connaître une culture et une civilisation insoupçonnées, lui qui n’avait jamais mis les pieds hors de l’hexagone, grâce à une jeune Papoue en cavale dont il tombe malgré lui amoureux. Les rites vaudou, les morts qui marchent, lui permettront de se connaître et de devenir adulte, en aidant « un fantôme, il a gagné un ange-gardien à vie »…

L'art du chevalement

Cinquième époque

Le Chien qui louche
Fabien est surveillant au Louvre. Il aime son métier. Il aime aussi Mathilde. Celle-ci le présente à sa famille, dans la vaste maison de campagne près d’Angers. Non sans appréhension, car le clan Benion est un peu spécial. Il y a son père, Louis, qui est à la tête depuis 1975 de l’entreprise familiale de meubles, fondée en 1947, et ses deux frères, Maxime, l’aîné, et Joseph. Ils ne sont pas méchants, plutôt maladroits et ont un humour qui n’est pas forcément subtil. Le fait que Fabien travaille au Louvre est une coïncidence bienvenue, puisqu’ils viennent de retrouver au grenier, le tableau d’un aïeul, peint au XIXe siècle. C’est une affreuse toile représentant un pauvre clébard qui louche. Que vaut le travail de l’ancêtre ? demandent les Benion. Est-ce une croûte ou un chef-d’œuvre ? Fabien, bien emmerdé, botte vaguement en touche. Alors, pour les Benion, la cause est entendue, tant que l’inverse n’est pas prouvé, nul doute que le tableau ait sa place sur les cimaises du musée du Louvre !
On s’en amuse et Fabien espère que tout ça n’est qu’une lubie. Jusqu’au jour où, les deux frangins débarquent au Louvre et s’enquièrent de ses démarches. Le Chien qui louche au Louvre serait la preuve de son engagement pour marquer son entrée dans la famille Benion ! Alors là, Fabien est très mal. C’est de Monsieur André Balouchi que viendra son salut. Il est l’un des visiteurs les plus assidus du musée et fait partie de la très secrète République du Louvre, qui s’intéresse au bizarre, à l’aléatoire, à l’improbable…


Young, Tunis 1911 - Auschwitz 1945
Né dans une modeste famille juive de Tunis en juin 1911, Victor Perez se passionne très jeune pour la boxe, et décide de devenir champion du monde, comme le Sénégalais Battling Siki ! En 22, il s’installe à Paris, travaille dans un magasin de chaussures et commence à s’entraîner sous la direction de son premier manager, Joe Guez. Il est très vite remarqué, tout le monde s’accorde à dire que c’est un pugiliste né, qu’il a du souffle, de l’esquive et est rapide. Il est sacré champion de France poids plume en 1930, avant de devenir champion du monde l’année suivante. Il devient la coqueluche du Tout-Paris, l’amant de la très belle Mireille Balin, mannequin, danseuse et bientôt actrice (Elle sera l’héroïne de Pépé le Moko, avec Jean Gabin), et la Tunisie en fait un héros. Mais le 31 octobre 1932, à Manchester, il cède son titre de champion du monde au profit de Jackie Brown. Cette date marque pour lui, la fin des jours heureux, de la gloire et de la vie facile. C’est le début d’une lente descente aux enfers, qui aboutit à Auschwitz, en 1943. Il y fait l’objet d’un traitement particulier. Le commandant de son camp étant un passionné de boxe, il lui est demandé d’entraîner une équipe de prisonniers pour présenter régulièrement des combats, et il travaille aux cuisines. Une faveur qui lui permet de nourrir en catimini ses compagnons de chambrée. Il sera d’ailleurs abattu par les nazis, le 22 janvier 45, alors qu’il est pris à distribuer du pain. Il portait sur son avant-bras gauche, le numéro 157178.

Échappées belles
En 2005 paraissait L’Aigle sans orteils dans la collection «Aire Libre». Justement récompensé par de nombreux prix, dont le Grand Prix RTL, ce fut le premier volet de la trilogie que Lax a consacrée au vélo, sa passion de toujours. Le vélo dans ses trois principales épopées : la course à étapes avec le Tour de France, la classique d’un jour avec Paris-Roubaix et la piste avec les Six-Jours.
Avec L’Aigle, l’auteur raconte le destin sublime d’Amédée Fario, dans les années 1910, qui courut amputé de ses orteils.
Avec Pain d’alouette, c’est le récit, dans les années 1930, de «l’enfer du Nord» et celui de l’enfer de la mine, les deux intimement liés, où l’on suit une autre destinée peu banale, celle de Reine Fario, la fille… de «l’Aigle sans orteils» !
Enfin, avec L’Écureuil du Vel’d’Hiv, Lax sublime une amitié fraternelle pendant les heures noires de l’Occupation. Avec cette trilogie, en définitive, Christian Lax raconte le vélo comme la métaphore de la souffrance et de la dignité des humbles…


Kililana Song, T.2
Kililana, sur l’archipel de Lamu. Après le passage d’une grosse tempête, Hassan est une fois de plus, à la recherche de son turbulent petit frère Naïm. Il est très inquiet car il pense qu’il est parti en mer avec le capitaine Jahid, à la pêche… aux poissons, ou aux drogues dures ?! En fait, Naïm est bien dans la barque de Jahid mais avec Ali, qui la lui a volée. Et ils ont avec eux les ossements du vénérable Liogo Fumo, le dernier héros de leur peuple, qu’il fallait impérativement mettre à l’abri des pelleteuses et autres engins de terrassement. En effet, les promoteurs Blancs sont parvenus à leur fin et lancent la construction de leur complexe touristique de luxe, à l’endroit même où la dépouille de Liogo Humo reposait, sous l’arbre sacré, veillée depuis toujours par Ali et ses ancêtres. Un complexe hôtelier qui risque fort de passer au second plan maintenant que la reprise des chantiers pétroliers de l’Afrique de l’Est est rendue possible depuis que le Sud-Soudan a obtenu son indépendance. Le pipe line traversera l’Éthiopie et le Kenya pour aboutir sur ses côtes, en un immense port en construction lui aussi. Le temps de l’insouciance est fini pour Naïm et les habitants de Kililana. Leur territoire convoité est devenu la proie des industriels, d’enjeux financiers et même d’Islamistes qui font fie de l’économie et du respect de la biodiversité locales. Benjamin Flao alterne avec brio les scènes d’aventures comme les moments plus intimistes et, imperceptiblement fait se rejoindre la fiction et la réalité, celle des difficiles conditions de vie actuelles sur l’archipel de Lamu. Une manière pudique pour lui de s’engager pour la sauvegarde de cette partie du Kenya, qu’il aime tant.