Revisiter l’histoire du peintre espagnol Vélasquez dans un récit qui se joue de la chronologie et avec un dessin qui n’hésite pas à occuper la pleine page pour gagner en force : c’est le pari réussi des deux auteurs espagnols qui livrent un roman graphique dense, de haut vol et digne de l’immense artiste. Bluffant !
La trajectoire du talentueux peintre Vélasquez est indissociable de celle de la cour d’Espagne. L’artiste a toutefois su mener son coup de pinceau avec talent pour se faire un nom et devenir l’un des peintres qui a le plus marqué l’histoire de l’Art. On le retrouve ici dans un récit thématique qui casse la chronologie de sa vie tout en s’appuyant sur des dates et faits réels.
Voilà une façon originale de traiter la vie d’un grand artiste. Plutôt que de partir de la chronologie historique, l’auteur Santiago Garcia dynamite le genre et prend le contre-pied en éclatant la vie du peintre pour la traiter par touches thématiques. Quitte à aller et venir dans le temps. On plonge jusqu’à la dernière page dans ce récit d’un dynamisme époustouflant.
Le trait excessivement épais et le jeu des couleurs de Javier Olivares sont époustouflants, à la fois pour illustrer le cubisme de Picasso, héritier de Vélasquez, des planches moins marquées géométriquement et des phases moins angulaires. Son dessin se nourrit de multiples influences, dont, certainement sans le savoir, une marque de fabrique très Seiz Breur, ce mouvement artistique breton de l’entre-deux-guerres qui accordait une place de choix à la typographie et à la gravure. Canon.
Cela faisait un bail qu’une bande dessinée n’avait pas autant créé la surprise. À la fois par cette manière étonnante mais très contemporaine de conduire son récit et par son traitement graphique très soigné. Comme si chaque case, chaque planche était une peinture. Une œuvre d’art à elle seule. On n’en est pas loin.
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