Chaque vendredi, on découvre ensemble une planche de l'immense collection de la Cité de la bande dessinée et de l'image d'Angoulême qui propose jusqu'en août 2026 une exposition fascinante et sans cesse renouvelée : Trésors des Collections. Dans la section Journalisme, découvrez la planche #11 : Ric Hochet !

Le mot du commissaire de l'exposition, Jean-Pierre Mercier
Nous sommes en 1955 et le jeune Ric Hochet fait ses premiers pas dans le Journal de Tintin. Vendeur à la criée du quotidien La Rafale il est propulsé à son insu dans une affaire d’espionnage. Point encore habillé de ses sempiternels veste pied-de-poule et imper mastic, il se lance tête baissée dans une aventure dont il espère tirer profit : son rêve est en effet de devenir le reporter-vedette du journal dont il vend les exemplaires. Imaginé par le scénariste André-Paul Duchâteau et le dessinateur Tibet, Ric Hochet est à l’aube d’une longue et glorieuse carrière. Il deviendra en effet journaliste à La Rafale, et l’un des héros-vedettes de l’hebdomadaire Tintin.
Dans cette scène d’exposition, la page vaut pour son découpage très classique : une alternance de plans généraux qui posent le décor et de plans rapprochés, dont trois cases « à hauteur de bassin », qui lancent l’action. Tibet s’accommode avec efficacité d’un texte plutôt abondant.
Pour cette série à énigmes, les auteurs ont trouvé une partie de leur inspiration dans une tradition bien connue du roman policier, le who dunnit cher à Agatha Christie et André Steeman (auquel Duchâteau consacrera plus tard une biographie). Il n’est par ailleurs pas indifférent que Ric Hochet soit un reporter : l’allusion/hommage au Tintin d’Hergé est transparente, d’autant que Tibet est, au moins à ses débuts, très fortement marqué par la ligne claire hergéenne. L’ambiance volontiers fantastique des épisodes ultérieurs de Ric Hochet amènent ensuite Tibet à un plus grand expressionnisme, sans d’ailleurs que la lisibilité de son graphisme en pâtisse.
L’autre grande série de Tibet, Chick Bill, lui permettra de mettre ce graphisme au service d’un humour volontairement bouffon.
Le mot du chroniqueur de ZOO, par Frédéric Grivaud
Ric Hochet est une série qui reflète bien l’évolution du travail de Tibet, tant sur le plan des influences, sur le trait et sur ce maniérisme classique qui se dévoile au fur et à mesure.
Avec cette planche, nous découvrons donc le jeune Ric, alors qu’il n’est encore qu’un vendeur de journaux dans la rue. On devine que l’idée est de revenir sur la jeunesse du héros et de montrer que déjà, il était détective dans l’âme, qu’il y avait toutes les composantes de la série, un méfait en préparation, des coupables et un mystère que résout sans problème le jeune héros.
Duchateau et Tibet équilibrent parfaitement les différents éléments, qu’il s’agisse des enjeux, de l’arrivée des principaux personnages et des détails que l’on ne voit pas forcément tout de suite. La technique narrative est au point, c’est fluide et on est déjà happé par le récit qui s’initie sous nos yeux.
Il est à noter que le dernier strip figurera néanmoins en haut de la page suivante lors de sa publication dans le Tintin 13 (puis dans les pages, en 97, du 58e volume de la série : Premières armes). Malgré tout, tel quel, cela fonctionne parfaitement.
Et si le trait est encore très inspiré par la ligne claire « Hergé », on peut en apprécier la finesse, la souplesse de l’encrage, un travail de toute beauté.

PlancheCIBDI
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