Grâce à sa narration resserrée et allant à l’essentiel, Blue Giant choisit intelligemment de s’attarder sur les sessions musicales furibardes pour saisir la nature incandescente des concerts de jazz. Et ce, malgré quelques écueils dans l’animation.
Quoi de plus personnel qu’un rêve ? Celui du jeune Dai est d’atteindre l’excellence d’un genre musical dont les plus beaux jours sont derrière lui depuis bien longtemps : le jazz. Après quatre années d’apprentissage où il s’est époumoné sur son saxophone, il décide de quitter sa petite ville pour tenter de percer à Tokyo… Ce récit de pur « seinen » est à l’origine un manga éponyme du film. Créée par Shinichi Ishizuka, la série au long cours rencontre un succès critique et public. Fidèle au récit originel, Blue Giant version ciné parvient miraculeusement à transmettre les forces du jazz sans que l’on soit particulièrement attiré par le genre. Peut-être parce que Yuzuru Tachikawa, son réalisateur, a compris que l’essentiel prenait place sur scène.
Blue Giant © Film d'animation, 2024
Du mouvement vers l’abstraction
Ainsi, Blue Giant évite de perdre du temps avec des sous-intrigues et des romances pour se consacrer à sublimer sa musique par la mise en scène ; un défi qu’il relève souvent avec brio, car il a l’intelligence de montrer plutôt que d’énoncer. À l’instar de Soul de Pete Docter, il est question de retranscrire cette stase où l’on atteint son « flow », ce pic de concentration, d’intensité et de satisfaction. Soul choisissait l’élégance du bebop quand Blue Giant opte pour l’explosivité furibarde et la sueur du free jazz. À mesure que le film progresse, ces séquences confinent de plus en plus à l’abstraction avec ses tourbillons de couleurs et ses déformations anatomiques à la lisière du cinéma expérimental. On regrettera toutefois les mélanges soudains entre animation 2D et 3D, très visibles et qui viennent briser ce « flow ». Ce mix esthétique transfigurait The First Slam Dunk quand, ici, il se rapproche plus du couac. Dommage.
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