Lauréat du prix du jury lors de la dernière d’édition du festival d’Annecy, Les Quatre Âmes du coyote est un fascinant voyage mental dans la culture amérindienne, résonnant terriblement avec nos préoccupations écologiques contemporaines.
« Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson pêché, alors vous découvrirez que l’argent ne se mange pas. » Placé avant même la première image des Quatre Âmes du coyote, ce proverbe sioux attribué à Geronimo annonce clairement la couleur ou plutôt les couleurs en opposition : la farandole bigarrée de l’abondance nourricière contre les ténèbres cupides des gisements pétroliers ne demandant qu’à être extraits des sous-sols d’une réserve indienne. On s’attend alors à un affrontement entre la froideur d’une multinationale de l’énergie résolue à raser un site sacré et la ténacité pacifique d’irréductibles natifs prêts à lui faire barrage. L’irruption d’un vieux sage amérindien au sein du collectif de résistance à la veille du déferlement de bulldozers rebat soudainement les cartes du récit : présidant l’assemblée réunie autour d’un feu de camp, il se met alors à raconter une épopée, celle de la création du monde à la sauce amérindienne.
Les quatre âmes du coyote © Film d'animation, 2024
Quand interdépendance rime avec sagesse
Pour les judéo-chrétiens, au commencement était le verbe alors que tout démarre avec de la glaise à l’autre bout du monde. Cette matière est à la base de tout dans le folklore amérindien pour façonner territoire, faune et flore des mains du Vieil Homme, pendant créateur et démiurgique. Si le réalisateur Aron Gauder est Hongrois, il évite soigneusement le piège de la réappropriation culturelle en s’étant adjoint les services d’universitaires faisant autorité sur la civilisation native d’Amérique du Nord et d’acteurs des nations indiennes. Sa mise en scène est au diapason du fond avec une exubérance et une opulence laissant peu à peu place à des thématiques plus sombres et complexes qui lui ont valu un prix du jury plus que mérité au dernier festival d’Annecy. À sa manière, Les Quatre Âmes du coyote est un exercice troublant sur le caractère universel des croyances humaines reposant sur des axiomes troublants comme le paradis perdu par la convoitise d’un être maléfique (ici le coyote en lieu et place du serpent biblique). À une différence près, et pas des moindres : ici, l’être humain est une créature parmi tant d’autres, sur un pied d’égalité avec les autres espèces qu’il doit traiter avec le plus grand des respects. Un état d’esprit confinant à la sagesse dont nos contemporains feraient bien de s’inspirer…
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