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Quand le blues se dessine, la page nous fredonne un air oublié.

Quand le blues est aux commandes.

 

De nombreux polars se servent du bouge où joue un bluesman perdu et ivre comme décor typique pour raconter une bonne enquête au style très noir. Traditionnellement le blues s’entend donc bien avec le polar. Tous deux suivent souvent des hommes à femmes ayant raté leurs vies. A l’instar de l’enquêteur du polar, le bluesman est un anti-héros efficace. Le cynisme avec lequel il observe le monde et souvent, son propre échec, nous séduisent.

Au coeur de La Nouvelle-Orléans, de vieux bluesmen affrontent leur passé en y ajoutant de l’héroïne pour se donner du courage dans L’Enfer, le silence. Dans cette histoire, le blues est central en tant que qu’expression d’un bonheur disparu, au plus proche des thèmes qu’il aborde. Les prisons de Louisiane bien sûr, mais aussi La Nouvelle-Orléans qui n’est pas uniquement le berceau du jazz. On y découvre une population sous-éduquée, n’ayant que la musique comme arme face à la violence du Sud profond des Etat-Unis, ce Sud qui a vécu la guerre de Sécession comme une occupation et a continué d’opprimer ses anciens esclaves.

Dans O'boys, l'esclavage hante toujours le blues...

Dans O'boys, l'esclavage hante toujours le blues...

Quant au troisième tome de O’ boys, il nous fait découvrir une autre facette du blues, celle du racisme des années 1930. C’est en suivant le voyage de deux amis que le lecteur peut s’apercevoir de la provenance d’un thème les plus répandu dans le blues : la discrimination dont sont victimes la plupart des chanteurs noirs américains. Cependant cette BD se centre plus sur la rail story, ces histoires de voyages qui mèlent vagabondage et chemins de fer, que sur une véritable enquête même si les meurtres sont légions entre deux croisments.

Harlem ou quand la musique est magique...

Harlem ou quand la musique

est magique...

Le réel tour de passe-passe qu’effectue le blues est à chercher au sein de Harlem sur la route du diable. En effet, cette BD mélange l’image de Robert Johnson et sa légende à une fable inspirée des traditions vaudou où seule la musique permet de vaincre le démon. C’est la musique qui est au centre de Harlem sur la route du diable tandis que Robert Johnson ou même le sympathique héros de l’histoire ne sont que des personnages secondaires face à la puissance du blues.

Le point commun de ces BD de voyages, d’enquêtes ou même du genre fantastique avec Harlem sur la route du diable reste la misère qui imbibe les pages. Le blues est une musique de pauvres qui trouve dans sa richesse dans ses accords et ses voix. Grâce à ses symboles, le blues a pu mettre un pied dans le neuvième art. Il est agréable de remarquer qu’aujourd’hui le blues ait même réussi à se poser comme l’élément central du récit. Au-delà du bluesman, c’est le blues qui devient le sujet. Et on ne peut que se réjouir de cette évolution.

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