Manu Larcenet se confronte à une adaptation, celle du chef-d'oeuvre de Philippe Claudel, Le Rapport de Brodeck. Mais lorsque l'auteur de Blast et du Combat ordinaire s'empare du texte, c'est pour le faire sien, et lui donner une nouvelle vie éclatante, sombre et tragique. Des pages d'une beauté stupéfiante, magnifiant la nature sauvage et la confrontant à la petitesse des hommes, une plongée dans les abîmes, servie par un noir et blanc sublime et violent. Un très grand livre.

Le Rapport de Brodeck - T2 : L'Indicible

Série : Le Rapport de BrodeckTome : 2/2Éditeur : Dargaud
Scénario : Manu LarcenetDessin : Manu Larcenet
Genres : Récit de vie
Public : À partir de 12 ans
Prix : 22.50€
- ZOO
5.0
Scénario
5.0
Dessin
5.0
- Lecteurs
3.0
2 notes pour 0 critique
Le synopsis de l'album L'Indicible
La critique ZOO sur l'album L'Indicible
Ecrire l’indicible : c’est ce que tente Brodeck dans son rapport sur un assassinat commis par quasiment tous les hommes d’un petit village perdu quelque part en terre germanique. Morts arbitraires, lâcheté ordinaire et lassitude de la nature humaine se bousculent sous sa plume. Une écriture douloureuse imagée par le noir et blanc puissant et bouleversant de Manu Larcenet.
Brodeck a survécu aux camps d’extermination pour se retrouver dans son village, sommé de sauver l’honneur de tous par un rapport. Il est censé y consigner pourquoi il était dans l’ordre des choses que l’étranger soit tué. Et pour écrire un rapport empreint de vérité, Brodeck devra plonger son stylo dans le sang de ses souvenirs et dans ce que la nature humaine a de pire à proposer.

Brodeck retrace peu à peu le périple de l’Etranger, cet artiste cultivé qui a élu domicile dans son hameau miné par la guerre. De révélations en déceptions, on y découvre comment le miroir tendu par de simples portraits remue la culpabilité des habitants. La narration concilie moments de grâce et retour aux tréfonds de l’horreur, retournant habilement le couteau dans la plaie du crime qui salit les mains de tous.

Dans les paysages comme les portraits, le dessin sec et noir rend parfaitement compte de l’horreur contenue dans chaque instant. Même les moments lumineux de bonheur passé portent déjà le sceau du drame, à tel point que ce somptueux pan de montagne où est juché le village de Brodeck devient le lieu d’un huis clos entêtant.
Une fois le Rapport de Brodeck refermé, on reste autant éblouis par la noirceur que par la beauté que dégage cette série. À lire d’urgence.
