Fin du voyage pour Polza. Conclusion troublante pour Blast. Manu Larcenet a tenu sa promesse : Pourvu que les bouddhistes se trompent clôt magistralement sa série à la noirceur hypnotique.
Aux deux flics qui lui tiennent le crachoir, Polza raconte son dernier drame. Décor : une ferme isolée. Protagonistes : un schizophrène en liberté conditionnelle, sa fille, Polza lui-même et ses souvenirs douloureux. Terrain favorable pour une tragédie à huis-clos. La fin de la course aux moaïs de ce paumé s’annonce déchirante et frappante. Même les flics n’en reviendront pas.
Il n’a fallu que quelques pages à la grasse carcasse qu’est Polza pour nous émouvoir mais il aura eu besoin de quatre tomes de 200 pages pour nous raconter tout son périple sans jamais nous perdre, nous trimballant de moments de grâce en sordides réalités. Alors que sa narration touche à sa fin, certains non-dits se dénouent et quelques mensonges se découvrent mais le charme mystérieux du périple de Polza demeure.
Cet envoûtement doit à la fois à la prose du narrateur, véritable chapelet de diamants bruts, mais aussi au dessin remarquablement ciselé et profondément marquant. Le noir et blanc fait la part belle aux gueules marquées et à la nature sublime. Par sa justesse, il apporte de la poésie à la fin d’un trio de paumés. A cette beauté sobre répond la couleur finement utilisée que ce soit pour faire rire ou terrifier. L’alternance de la couleur et du noir et blanc a rarement rendu un roman graphique aussi saisissant, aussi puissant.
Imposant, émouvant, magistral : ce grand final de Blast est à lire absolument, tout comme l’ensemble de la série.
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