Beatriz Brennan est une psychologue chargée d’évaluer un détenu, flic accusé du meurtre de son co-équipier. Un crime que ce quinquagénaire ne réfute pas, prêt à subir une condamnation à la peine capitale. Prévue sur quatre épisodes, cette histoire imaginée par Christian De Metter, à l’image des meilleures séries télé, démarre sur les chapeaux de roues et nous happe dès les premières pages.
On cherchera en vain son nom ou, tout au moins un prénom, tout au long de ce premier épisode, le prisonnier demeurera Nobody pour l’instant. Cheveux longs attachés par un catogan, longues bacchantes à la gauloise, corps recouvert de moult tatouages hideux, voilà a priori un personnage qui n’incite pas à l’empathie. Beatriz, après s’être heurtée à une farouche opposition du détenu à vouloir évoquer son passé, finit par obtenir ses « confidences ».
Et nous voilà plongés dans l’histoire contemporaine de l’Amérique des sixties, après l’assassinat de John Kennedy, alors que la guerre du Vietnam battait son plein. Une Amérique en pleine parano qui craignait alors des attentats de sympathisants communistes dans les milieux opposés à cette sale guerre. Après les méfaits du maccarthysme, le FBI de John Edgar Hoover est à l’affût du moindre complot...
Après avoir brillamment adapté Au revoir là-haut, De Metter s’embarque en solo dans un récit de longue haleine qu’il déroule sans le moindre temps mort, avec une efficacité narrative à l’aune de son dessin. Ses décors stylisés, ses personnages en second plan à peine esquissés, son trait va à l’essentiel au seul service de l’intrigue. Ses couleurs minimales éclairent les scènes dans des tonalités en parfaite adéquation avec l’ambiance générale qu’il reconstitue. Il renoue ainsi d’une certaine manière avec les ambiances de Dusk, un diptyque où son talent singulier s’est d’emblée révélé.
Vous l’aurez compris, No Body fait aussi partie des meilleurs albums de cette fin 2016.