Tiens donc, une BD qui parle du monde la BD et qui en fait une fiction en plus. C'est pas commun ! Sylvain Runberg et Olivier Martin signent là un album intéressant et une belle histoire sur l'épuisement de la passion pour la création, malheureusement assez monotone.
Si la page blanche est l’angoisse de l’écrivain, les cases blanches sont probablement celles du dessinateur de BD. Vincent Marbier a récemment dessiné le premier tome d’une série de fantasy qui s’est, à sa grande surprise, très bien vendue. Il se retrouve donc sous le feu des projecteurs, rôle qu’il n’est pas prêt à assumer et ne parvient plus à retrouver l’inspiration pour le deuxième tome.
Le récit crédible est construit à la manière d’un reportage BD à la première personne, dont les dialogues sonnent juste. Se retrouver « de l’autre côté du miroir » et découvrir les dessous du monde de l’édition de BD grise vite le lecteur. Mais rien ne peut lutter contre l’évidence qui frappe au fil de la lecture : le héros, Vincent Marbier, n’a pas une vie passionnante...
Le dessin, très réussi, s’offre un style épuré proche du croquis. Dans des décors beaux sans être marquants, la lassitude de Vincent est rendue plus tangible par l’utilisation d’une gamme de tons bleu et blanc. Malheureusement, ces couleurs froides et les personnages au physique quelconque participent aussi à la torpeur dégagée par l’album.
On a du mal à s’attacher au personnage principal qui ne parvient pas vraiment à émouvoir. Les visages sont plutôt expressifs, mais manquent de signes distinctifs, de gueule. Certes, le récit se veut réaliste, mais les personnages se font oublier assez rapidement une fois l’album terminé.
Une tranche de vie au sujet passionant mais dont les personnages trop fades ne marqueront pas l’histoire de la BD.
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