Serpent d'eau

Mila rencontre la fantomatique Agnès un beau jour d'été. C'est le début d'une amitié étonnante entre rêveries et fantasmes, mais qui pourrait s'avérer dangereuse pour les deux jeunes filles. L'imagination fertile de Tony Sandoval nous emmène dans un conte sombre pour adultes, magnifiquement illustré.

Lorsque Mila fait la connaissance d'Agnès, elle est immédiatement fascinée par l'étrange jeune fille et développe une obsession pour ses dents si parfaites. Après un baiser déroutant, Agnès se met à avoir des haut-le-cœur et finit par vomir un énorme poulpe... vivant. Mila va alors découvrir la vraie nature de son amie et plonger dans une bataille qui la dépasse. En la poussant dans ses retranchements, cette aventure pourrait bien lui être fatale.

L'auteur nous balade entre monde imaginaire et réalité, ou du moins ce qui y ressemble, avec une grande facilité. Le récit intrigue dès les premières pages et les pièces du puzzle s'assemblent une à une. La personnification des dents d'Agnès et leur symbolisme morbide en est un parfait exemple. L'intrigue monte crescendo jusqu'à un final épique, inattendu et sanglant. Sous des airs de joli conte à la Tim Burton, Le Serpent d'eau est en réalité bien plus sombre qu'il n'y paraît. Certaines scènes, comme les combats, tendent plutôt vers la noirceur du Seigneur des anneaux.

Les illustrations aux allures gothiques et aux teintes froides percées de rouge sont superbes. Quelques pleines pages et les magnifiques scènes de combat muettes nous en mettent plein la vue. Les animaux et l'eau, propices aux légendes et au fantastique, ont une place importante visuellement. La scène du poulpe régurgité par Agnès vous restera collée un certain temps sur la rétine, au même titre que le baiser le plus étrange du neuvième art.

Intelligent et envoûtant, ce Serpent d'eau vous surprendra jusqu'à la dernière page, alors ne le laissez pas vous filer entre les doigts.