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Cyril Bonin, passionné par l’amour

Un récit chorale pour questionner l’amour

Comment les différents personnages du deuxième tome se sont créés ?

Un personnage me semblait vraiment important à retrouver : Thomas, l’ex-petit ami d’Olga. Olga, qui est sortie de la stase, est son seul point d’ancrage dans la vie. Les deux autres personnages qui se sont imposés très vite c’est Marthe, l’épicière, et son fidèle client, Luc Stephano, l’écrivain de romans d’amour. Ils sont un duo très intéressant : Marthe, très terre-à-terre, a décidé de prendre la vie du bon côté depuis que sont mari s’est figé avec une autre. Luc Stefano, lui, ne peut plus travailler à cause de toutes les mesures gouvernementales et se confie à Marthe.

Les personnages secondaires sont apparus ensuite. Notamment Kamel, que j’aime bien. Ce personnage entre dans une forme de résistance en proposant des visites guidées clandestines au Louvre. En même temps, sa relation avec sa femme est complexe, car ils ne se sont pas figés ensemble. Ce couple répond aux parents d’Olga, lucides sur le fait qu’ils ne sont plus amoureux mais très sereins. Kamel et sa femme ont perdu leur illusion de départ, ce qui fait vaciller tous leurs projets de vie, basés sur leur rêve d’amour.

Ces couples permettent de parler de notre regard sur l’amour, qui nous nourrit et nourrit notre relation avec les autres. Finalement on a toujours besoin de rêve, d’illusions pour construire une relation.

En même temps, vous réenchantez aussi le couple.

Thomas le dit justement, le sentiment amoureux est un peu comme une vague. On n’est pas toujours au sommet de la vague. Je suis d’accord avec ça : dans l’amour, il y a des hauts et des bas. Le vieux monsieur Rozier, qui se fige en regardant le portrait de sa femme décédée, continue à éprouver par moments un sentiment très fort pour elle.

Les deux albums d’Amorostasia veulent plus poser des questions que donner des réponses. On peut me le reprocher mais poser des questions m’intéresse davantage. Surtout que le faire, c’est déjà proposer une sorte de réponse.

Olga a changé, du contrôle des émotions, elle passe à la recherche de l’état amour.

Au début, elle voulait être maîtresse de ses émotions mais elle s’est rendu compte que ce n’était pas possible.

Elle répond même à Marthe qui cite Sacha Guitry « Il vaut mieux aimer qu'être aimé. C'est plus sûr. » qu’on n’est pas toujours sûr de ses propres sentiments. On peut avoir l’impression d’être amoureux et pas l’être et inversement.

Le rapport à l’Art s’est invité comment dans l’histoire ?

Comme le dit le personnage de Luc Stefano, l’amour est partout. Ce thème traverse toute l’histoire de l’art, quel que soit le support. Ca m’a fait plaisir de représenter cela, que ce soit la peinture ou la sculpture avec le Louvre, le roman avec Luc Stephano ou le cinéma avec la projection clandestine. Ce qui tombait bien c’est que ces représentations tombaient bien dans le cadre des mesures gouvernementales censées arrêter la propagation de la maladie.


Quels sont tes projets ?

Je ne sais pas encore s’il y aura un troisième tome : il y a beaucoup d’idées qui on émergé lors de l’élaboration de cet album mais pour l’instant je n’ai pas encore de fil directeur. Comme je suis attaché aux personnages, j’ai envie que cela continue.

Sinon je fais actuellement une adaptation d’un roman assez contemporain chez Futuropolis. Et j’ai aussi un album couleur en cours chez Bamboo. Ca se passera à New York dans les années 50, avec une pointe de fantastique qui va bouleverser la vie des personnages. J’aime bien le processus du fantastique à dose homéopathique, qui engendre beaucoup de conséquences.

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