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Fabrice Le Hénanff redonne vie à Modigliani, artiste maudit

De Modigliani... à Elvis

As-tu senti une pression autre que quand tu fais des oeuvres qui n'engagent que toi ?

Ouais, il faut que ça ressemble, que ce soit fidèle. Modigliani est un mec qui a très peu produit en extérieur, seulement trois œuvres, à Nice.

Mais c'est quelqu'un qui a beaucoup créé et il y a eu énormément de faux après sa mort. Il a fait beaucoup, beaucoup de choses.

Il n'a pas eu une unité dans la façon d'être, il s'est laissé complètement allé...

Oui. Et Laurent Seksik le voyait toujours beau, romantique. Moi je voulais quelque chose le plus humain possible, les différentes facettes. C'est pour ça que son visage change aussi dans l'album. J'avais trouvé une photo de lui en 1919 où il était rongé par la barbe. Ce n'est pas celui qu'on connaît. Et j'avais dit à Laurent que je voulais le représenter avec sa barbe.

Tu réussis très bien la pluie...

Ça, j'adore. Ça vient du climat... [Rires]. Le problème dans ce type d'album, c'est d'utiliser des couleurs chaudes. Les pages qui m'ont posé le plus de problème, c'est quand ça se passe à Nice.

Je n'aime pas le soleil ni les couleurs claires ou chaudes. A Paris, ça peut être l'hiver, la neige, la pluie... J'ai regardé la météo aussi à l'époque. C'est des trucs tout cons.

Tu fais aussi un très très gros boulot sur les bâtiments historiques ?

Je travaille à partir de photos, d'époque et modernes. Quand les bâtiments n'ont pas changé. Tu trouves des photos de la Butte Montmartre de l'époque, si tu connais un peu l'architecture, tu vires tour ce qui a été créé dans les années 50 et 60, 70. Tu gardes que les immeubles des années 20-30 max. Tu vires les antennes, les paraboles.

Comment parviens-tu avec la mise en couleur directe, à toucher d'aussi près la réalité ?

C'est juste des jeux de lumière sur le visage. Ombres et lumières.  Quand on est dans le pays niçois ou dans le Gard, je n'ai travaillé que sur des jaunes.

Pourquoi n'as-tu pas travaillé sur des planches de bois comme parfois ?

Je n'ai plus le temps. Je vais faire deux-trois planches sur bois dans le mois alors que maintenant, le rythme est de quatre-cinq planches mensuelles. C'est moins précis et je suis revenu à quelque chose de plus réaliste. C'est trop contraignant le bois : le poids, le stockage. C'est original, ça plaît beaucoup aux gens comme support, mais j'y reviendrai peut-être un jour. Avec le papier, je peux faire une planche dans la journée.

Tu aimerais, peut-être pas tout de suite, mais rentrer de nouveau dans l'univers d'un artiste ?

Oui, j'ai toujours en tête une adaptation du Colonel Chabert. Mais j'aimerais bien retravailler tout seul aussi. Cela dit, je ne m'interdis rien. Mais je pensais que je ne ferais jamais des bagnoles modernes et en fait, je vais aller jusqu'à la fin des années 60 aux Etats-Unis avec Elvis donc...


Parle-nous de ce travail en cours, avec qui bosses-tu là-dessus ?

Avec Philippe Chanoinat. On va rester sur les années 50-60 et survoler sa déchéance et ses problèmes. On veut surtout raconter le début de sa vie et les influences qu'il a apportées, le choc qu'il a créé, le style.

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