Fabrice Le Hénanff, attiré par les heures sombres de l’Histoire
La BD de guerre, c’est la marotte de Fabrice Le Hénanff. Après Les Caméléons autour d’un régiment de peintres-soldats sp&e
22 juin 2018
-Interview
Fabrice Le Hénanff, Laurent Seksik
Éditeur : Casterman
Scénario : Laurent SeksikDessin : Fabrice Le Hénanff
Genres : Documentaire BD, Récit de vie
Public : À partir de 12 ans
Prix : 16.00€
Scénario
Dessin
Paris, 1917. Dans le misérable logis sous les toits partagé avec sa jeune compagne Jeanne, et qui lui sert d’atelier, Amedeo Modigliani rongé par la tuberculose vitupère contre le monde entier. En dépit de ses efforts, personne ou presque n’a encore reconnu le génie de sa peinture, alors que ses comparses Picasso, Soutine ou Matisse flirtent déjà avec la consécration. Il faut dire que le personnage est difficile, pour ne pas dire impossible. Emporté, inconstant, volage, arrogant et de mauvaise foi, Modigliani rebute la plupart de ceux qu’il rencontre, pour ne rien dire des excès de drogue et de boisson qui le rendent infréquentable. Pour la famille de Jeanne, ce personnage superlatif est décidément insaisissable : trop incompréhensible, trop incontrôlable, trop habité.
Et même son mécène et marchand Zlobowski, pourtant éperdu d’admiration pour son talent, doit subir sans broncher les sarcasmes et les colères dantesques de ce...
Il n'est jamais facile de s'attaquer aux monstres sacrés. C'est même casse-gueule. Laurent Seksik et Fabrice Le Hénanff relèvent le défi en revisitant, dans ce fabuleux one-shot, les dernières années de Modigliani. Le résultat est à la hauteur des peintures de l'artiste : émouvant.
Artiste maudit. Modigliani. Proche de Picasso, homme à femmes, à risques et sans compromis, il fut aussi paradoxal que ses peintures. Un sculpteur frustré, que la maladie et les dépendances ont contraint à peindre. Ce sont ses dernières années, les plus chaotiques, tumultueuses et renversantes que Laurent Seksik et Fabrice Le Hénanff revisitent.
Sa difficulté à se vendre. Son amour pour Jeanne, mis à mal par ses soirées parisiennes avec les éclopés. Le départ à Nice et sa fin de vie, forcément tragique. C'est brillant de subtilité. D'humanité, de tristesse. Le scénariste avait déjà fait des prouesses avec Guillaume Sorel dans Les Derniers Jours de Stefan Zweig. Voilà une récidive de très belle facture, nourrie par cette impression, impressionnante, d'avoir partagé un bout de la vie du prince de la bohème.
Fabrice Le Hénanff offre une dimension graphique inespérée. Il excelle dans les monuments historiques, les ambiances, les portraits. Et la pluie, une spécialité du Breton. Ambiances sombres, travail des ombres, trait épais et mise en couleur aussi soignée que directe sont sa marque de fabrique. Une facette triste, assumée, qui tranche ici avec celle des couleurs fauves, les déclinaisons de jaunes, la lumière et le soleil écrasants du Sud.
Ovni, Modigliani survole la rentrée. Il s'inscrit dans la mouvance de faire revivre un artiste, une œuvre, un texte. C'est une aubaine que les chemins de Seksik et Le Hénanff se soient croisés. Un album à la hauteur de la création d'un des plus grands artistes du XXème siècle.
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