Philippe Xavier expose ses originaux à la Galerie Glénat à Paris. Avec le troisième tome de Conquistador qui suit de peu un nouveau Croisade au Lombard, Philippe Xavier a assis définitivement son succès, sur des scénarios de Jean Dufaux...
Un scénariste et deux séries à succès
Action, aventure, une pincée de fantastique, le tout sur fond historique, c’est votre credo avec Jean Dufaux pour Conquistador et Croisade ?
Oui, si on doit résumer notre travail en quelques mots, ceux-ci sont pertinents. Pour Conquistador, on a bâti une histoire de trésor, de mercenaires chez les Aztèques, au moment où Cortés va affronter l’empereur Moctezuma. Pour le second cycle, auquel appartiennent les tomes 3 et 4, nous nous servons des portes ouvertes dans les deux premiers volumes. Les chemins des personnages convergent vers un même et seul point : la noche triste.
Vous travaillez en équipe ?
Absolument. Nous nous voyons très régulièrement. Nous discutons énormément de l'orientation du récit. Jean Dufaux me livre les planches par séquences. Tout au long de la réalisation de l'album, il me fait part de ses commentaires sur mon dessin, ma mise en scène. Il a toujours des remarques judicieuses et moi, je n'hésite pas à intervenir sur le découpage, certains dialogues. Notre priorité est de surprendre et offrir un récit à la fois dense et lisible.
Ce sont les héros, femmes ou hommes, qui sont les pivots de l’action dans vos deux séries, des personnages forts, violents aussi.
Il le faut. J’espère par exemple que pour le quatrième tome de Conquistador, Jean va développer le personnage de Catalina. Je vis au quotidien pendant sept mois en moyenne avec mes héros. J'ai besoin de côtoyer des personnages de caractère, hors-norme qui me bousculent et me motivent !
Vous êtes le gardien du temple ?
Nous nous relayons. J'ai proposé des univers précis que j'avais envie de développer, des pistes à explorer, quelques clés. Jean apporte sa vision, sa patte, sa mécanique d'écriture, son écoute à mes attentes, des surprises scénaristiques. Je prends effectivement soin de notre temple.
Vous semblez pénétré par l’esprit de vos séries, complètement pris par leur ambiance.
Cela me demande un grand effort de concentration. Je voyage dans mes planches, que ce soit dans le désert avec Croisade ou dans la moiteur oppressante de Conquistador. Les cases, la planche deviennent réalité. Je vois les arbres, la faune. Le sable chaud sous mon pinceau.
Croisade est plus « orientaliste » bien sûr, riche en détails, en arabesques.
Pour Conquistador, on sent le poids de la violence, la puissance de la nature. Passer de l’un à l’autre n’est pas évident mais un immense plaisir.
Donc vous êtes aussi un acteur de l’aventure ?
Je vis avec mes personnages. Je partage leur vie au quotidien. L’émotion doit être commune entre le dessinateur, le héros et le lecteur. Comme dans un film avec l’acteur, le réalisateur et le spectateur. Quand la magie opère, on peut fermer l'album avec satisfaction.
Votre Avis