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Le bal des expos d'Angoulême 2025

De nombreuses expositions disséminées dans toute la ville sont visibles pendant le festival et au-delà. Nous vous emmenons y faire un tour.

Commençons par l’expo Gou Tanabe x H.P. Lovecraft : Visions hallucinées à l’espace Franquin. Une scénographie un tantinet oppressante nous fait entrer de plein pied dans l’interprétation inspirée qu’a faite le mangaka Gou Tanabe de l’œuvre de Lovecraft. Dans un décor évidemment noir, une centaine de planches originales nous montrent un dessin fin et élégant réhaussé de coups de pinceaux plus épais qui donnent du volume. Même les planches illustrant le quotidien dégagent une sourde inquiétude. Quand les monstres apparaissent, ils semblent provenir de nos pires cauchemars, sous formes de créatures tourmentées, la chair à vif. Des extraits de textes de Lovecraft ponctuent l’exposition orchestrée par son commissaire Xavier Guilbert.

 Gou Tanabe x H.P. Lovecraft : Visions hallucinées

Expositon Gou Tanabe x H.P. Lovecraft : Visions hallucinées © Francois Samson, ZOO le mag

Prenons l’air pour aller pas très loin au musée d’Angoulême à l’expo Posy Simmonds. Herself. La scénographie consacrée au Grand Prix 2024 chapitre le parcours, comme si nous lisions un livre. Car la littérature est importante dans la vie de Posy Simmonds. Sont mise en avant des planches de ses trois œuvres les plus célèbres Gemma Bovary (avec des inédits), et Cassandra Drake ; mais aussi une sélection de ses nombreux travaux pour la presse (surtout The Guardian) ainsi que, ce qui constitue notre coup de cœur, ses planches et illustrations en couleurs de contes pour enfants. Le commissaire Damien MacDonald, avec l’aide du critique Paul Gravett, également biographe de Posy, a contextualisé l’œuvre de l’artiste : une frise présente les artistes anglais qui l’ont influencée. Dans un très bon français, l’artiste britannique, présente lors de notre visite, nous confie sa fierté d’avoir cette exposition à Angoulême.

Posy Simmonds. Herself.

Exposition Posy Simmonds. Herself. © Francois Samson, ZOO le mag

Exposition Posy Simmonds. Herself

Exposition Posy Simmonds. Herself © Francois Samson, ZOO le mag

Puis direction l’Hôtel Saint-Simon, toujours au centre-ville, pour voir l’exposition L’atelier des sorciers : la plume enchantée de Kamome Shirahama. Les planches présentées sur deux étages offrent un dessin très soigné avec un niveau de détail que l’on peut apprécier avec des loupes qui sont accrochées à côté de certains originaux ! Nous sommes dans un univers qui peut évoquer Harry Potterou Le monde de Narnia, références assumées par la mangaka Kamome Shirahama. Le dessin est très aimable, attractif mais il ne s’agit pas d’un manga pour enfant. Il est catégorisé comme seinen. La scénographie sur fond pourpre est élégante et met bien en valeur l’œuvre. Des textes explicatifs sont présentés sur des oriflammes, ce qui nous met dans l’ambiance, hors du temps présent. C’est une très belle exposition, un de nos coups de cœur.

L’atelier des sorcières : la plume enchantée de Kamome Shirahama

Expostion L’atelier des sorciers : la plume enchantée de Kamome Shirahama © Francois Samson, ZOO le mag

Quittons le centre et descendons en direction du musée de la Bande Dessinée, en bord de Charente. Sur le chemin, il est opportun de faire une pause à la Maison des auteurs pour découvrir Convergences, une exposition des auteurs en résidence. Dans les divers travaux proposés, vous découvrirez des univers variés d’artistes en devenir ou déjà accomplis.

Un peu plus bas, au musée du Papier, entrez dans l’univers de Julie Birmant. Julie Birmant, les herbes folles est intitulé ainsi car ces herbes folles représentent ces femmes qui ont refusé de se laisser enferme dans un destin balisé et qui ont formé un duo avec des artistes tels Picasso ou Dali, un duo nécessaire à leur œuvre. L’expo va à rebours, des œuvres les plus récentes aux plus anciennes, toutes avec Clément Oubrerie au dessin. L’entrée se fait donc par Dali, suivi de Pablo. Nous avons la chance que Julie Birmant, femme lumineuse, soit présente et commente notre visite, en compagnie des deux commissaires d’expo Cathia Engelbach et Marguerite Demoëte. « Cela peut être aussi politique d’être une herbe folle », glisse Julie Birmant.

Julie Birmant à son exposition Julie Birmant, les herbes folles

Julie Birmant à son exposition Julie Birmant, les herbes folles © Guillaume Berthier, ZOO le mag

Rendez-vous ensuite au Musée de la Bande Dessinée, pour l’ambitieuse exposition Plus loin. La nouvelle Science-Fiction. Environ 300 planches sont exposées dans un parcours thématique. Le doyen des exposés est Roger Leloup avec une belle planche de l’aventure de Yoko Tsuno Les Titans. Mais l’entrée en matière se fait avec une belle sélection de planches du regretté Jean-Claude Mézières. Le commissaire d’exposition explique que l’expo a pour objectif de donner envie de lire de la BD SF, mais aussi de voyager. Une très belle expo par la large palette d’auteurs présentée. A voir absolument.

Plus loin. La nouvelle Science-Fiction

Exposition Plus loin. La nouvelle Science-Fiction © Guillaume Berthier, ZOO le mag

Dans l’espace consacré à Moebius, Isabelle Giraud vient présenter la nouveauté de sa petite maison d’édition familiale : un gros album consacré à Arzach : Destination Tassili. Jean Giraud avait conçu une première version d’un nouvel Arzach pour un projet de film avec les Japonais. Cela n’a pas abouti, ni une seconde version destinée à Ridley Scott. Jean a alors fait une 3è version en bande dessinée, pour prouver que l’histoire fonctionnait. Il avait quasiment fini la seconde histoire quand il est décédé et il a laissé derrière lui des solutions pour une troisième histoire. Tout est regroupé dans ce nouveau livre.

Toujours au Musée de la Bande Dessinée, l’expo La BD règle ses contes est également très réussie, avec un beau travail de scénographie. Nous avons eu la chance d’avoir lors de notre visite Wauter Mannaert, qui a dessiné l’affiche de l’expo, représentant de nombreux personnages de contes. Il est également dessinateur de La quête avec Frédéric Maupomé (non, ce n’est pas avec Loisel !), qui constituent la dernière étape de cette expo. Elle débute par une BD pour jeunes lecteurs, Emile et Margot dont les trois auteurs (Anne Didier, Olivier Muller et Olivier Deloye) sont présents lors de notre visite. La salle suivante est consacrée à la mangaka Miyako Miiya et ses contes fabuleux de la nuit. l’illustrateur Benjamin Lacombe qui s’intéresse beaucoup aux contes nous accueille dans la salle suivante, constituée de multiples alvéoles présentant le travail de différents artistes dont Benjamin. Un bel espace ! Benjamin cherche à retrouver la raison pour laquelle tel conte a été écrit, avant d’être transformé par l’oralité, le temps, les réinterprétations. Puis Emile Bravo nous accueille à son tour pour nous présenter ses célèbres sept ours nains. La visite se finit par La quête, mentionnée plus haut. Ne manquez pas cette expo, faite pour les petits et les grands.

N'oubliez pas avant de quitter le Musée d’aller voir la riche exposition d’originaux (trop de noms à citer, nous n’en citerons donc aucun) ainsi que l’exposition sur Lou, l’héroïne de Julien Neel, ainsi qu’une expo sur les super-héros. Et nous en oublions…

En retraversant la Charente, nous retrouvons dans le Vaisseau Moebius y voir Superman, le héros aux mille-et-une vies. Une belle expo avec une scénographie « à l’Américaine » (et ce n’est pas péjoratif !), qui en jette vraiment. La reconstitution d’une salle de rédaction est par exemple très immersive. Outre le cadre spectaculaire, les planches originales exposées sont de qualité, réalisées par des grands noms du Comics.

 Superman, le héros aux mille-et-une vies.

Superman, le héros aux mille-et-une vies. © Guillaume Berthier, ZOO le mag

Pour conclure, allez voir derrière la gare la belle expo consacrée à Vinland Saga : une quête d'identité. La première partie est consacrée au monde de violence exacerbée dans lequel évolue le héros de Makoto Yukimura. La seconde partie se déroule dans un univers plus apaisé et a notre préférence. Encore une fois, beau travail sur la scénographie sur l'univers de Vinland Saga.

Vous pouvez faire ce périple en deux jours, ce sera peut-être plus raisonnable !

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