Bidouille et Violette ou l’adolescence de Hislaire
La préadolescence
On est en 1978, l’auteur a 21 ans. Soit à peine 5 ans de plus que les héros qu’il va mettre en scène. Bidouille et Violette commence de façon assez naïve. Roméo et Juliette des temps modernes, les deux protagonistes semblent être un prolongement de l’état d’esprit du très jeune Bernard Hislaire.
L’idéalisme, le romantisme sont très présents. Figaros des villes, Bidouille et Violette découvrent l’émoi des premiers regards et rendez-vous. L’amour est comme l’adolescence, absolu, puissant, pur et éternel. Le temps est à l’émerveillement.
L’adolescence
Peu à peu, la série évolue entre contraintes et déceptions ; les partis pris éditoriaux n’étayent pas toujours les choix et envies de l’auteur. Parallèlement à l’évolution de Bernard Hislaire, les personnages gagnent en noirceur, profondeur et réalisme. Bidouille découvre la jalousie. Violette découvre l’angoisse d’un amour sans issu.
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Si les références littéraires sont toujours très présentes dans l’œuvre, elles sont exploitées davantage pour les interrogations qu’elles comportent que pour l’idéalisme qu’elles impliquent. Ainsi, La Reine des neiges d’Andersen, débarrassée de tout romantisme apparent, devient le cauchemar où Violette se perd et perd son autre. Le temps est au doute.
Le sortir de l’adolescence
La série s’achève en 1985. L’auteur devenu adulte se tourne vers d’autres choix de carrière, allant même jusqu’à changer l’orthographe de son nom en Yslaire. Tel un premier amour, Bidouille et Violette laisse un arrière goût doux-amer en bouche. Bidouille se débat dans une ville étouffante et oppressante. Une voiture l’empêchera même de rejoindre une dernière fois Violette. La ville est contre lui, la vie est contre lui.
Bidouille lutte encore contre la réalité et l’âge adulte, fait de renoncement, qui pourtant le rattrape déjà. Violette, elle, a déjà fait son choix. L’adolescence est finie, l’idéalisme aussi. Il s’agit à présent d’être responsable et de laisser derrière soi ce qui ne peut exister, ce qui n’est pas raisonnable. De même Yslaire, fort de son expérience, va pouvoir orienter sa carrière vers des séries plus abouties tel Sambre, renonçant sans bruit, sans éclat, à ses premiers amoureux de papier. Le temps est à la maturité.
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