
Spirou et les Schtroumpfs contre le bombardement des civils
15 septembre 2017
-Actualité
Nom : Marsupilamus Fantasii
Signes distinctifs :
Une queue longue de 8 m, un « Houba » caractéristique et un nombril.
Bruxelles. Janvier 1952. Franquin planche sur l’épisode Spirou et les Héritiers. A l’époque le dessinateur se lance dans de grandes histoires d’une soixantaine de pages avec une vague idée du scénario et du découpage. La plupart du temps, il improvise au fur et à mesure. Mais arrivé à la troisième épreuve imposée à Fantasio et Zantafio, les deux cousins héritiers, il est à court d’idées. Grand amateur et lecteur de revues scientifiques et géographiques, Franquin se souvient d’un livre où l’auteur expliquait que l’okapi était considéré comme un animal légendaire au même titre que la licorne jusqu’au début du XXème siècle. Il n’en faut pas plus à Franquin et à son imagination débordante : la troisième épreuve des deux cousins sera de trouver un animal mythique.
Pour donner vie à son personnage Franquin s’inspire de ses lectures de jeunesse notamment du Pilou-Pilou, un personnage de Segar (l’auteur de Popeye). Le Pilou-Pilou a presque la même taille que le Marsupilami, une queue un peu plus courte, vient de l’espace et est muet. Mais Franquin pioche également dans les revues scientifiques qu’il lit. Notre marsupial imaginaire peut être rapproché du lémurien de Madagascar qui utilise sa queue pour effectuer des signaux ou au kangourou arboricole, un animal de la taille d’un chat qui possède lui aussi une grande queue et vit dans les arbres.
62e épisode de Popeye, 1938, où
apparaît le Pilou-Pilou
Les aptitudes physiques hors normes de la bestiole, Franquin les a trouvées avant de savoir qu’elles appartiendraient au Marsupilami, avec Will et Morris, dans le tramway de Bruxelles. Ils y ont rencontré un receveur de tram qui était un homme hyperactif, faisant mille choses à la fois. Très vite, Franquin et ses compères lui imaginent un organe supplémentaire pour l’aider dans ses fonctions : une grande queue de rat.
Pendant tout le trajet, Franquin, Will et Morris imaginent ce que cet homme serait capable de faire, surenchérissant toujours. Toutes ces idées humoristiques ont donné lieu à de nombreux fous rires... avant d’être transférées au Marsu des années plus tard. En effet, un matin de 1952, Franquin interrompt à plusieurs reprises son rasage pour aller voir sa femme et lui décrire toutes les caractéristiques qu’aurait le Marsupilami. Une vraie naissance dans la bonne humeur à l’image de la vie des Marsupilamis.
Pour donner un nom à sa créature Franquin combine plusieurs éléments. Marsu vient de marsupial, espèce dont l’animal se rapproche le plus, bien qu’il n’ait pas de poche ventrale et qu’il vive en Amérique du Sud. Pil est une référence au Pilou-Pilou de Segar auquel il colle le mot « ami » pour signifier le côté sympathique de la bête malgré sa force sauvage.
Avec ce personnage, Franquin met en scène son regard sur la nature : elle est cruelle et n’a rien à voir avec le mythe moderne d’un univers angélique et accueillant. Il n’hésite pas à montrer le côté impitoyable inhérent à la sélection naturelle ou à la bêtise humaine. Si le Marsupilami s’humanise rapidement et communique davantage au contact de l’homme, il reste pourtant très affecté par son séjour au zoo. Ardent défenseur de la nature et des espèces menacées, cet animal incarne les valeurs humanistes et écologistes de Franquin. Plus encore, il est un éloge de la liberté et une réflexion sur la famille et l’éducation. L’artiste propose à travers cette créature un idéal d’apprentissage libre sans école mais plein de trouvailles, à l’image de celui mis en avant dans L’Emile de Rousseau.
Extrait de Spirou et Fantasio T.5
Apparu pour la première fois en 1952 dans Spirou et les héritiers, le Marsupilami suivra le célèbre groom et Fantasio dans pas moins d’une quinzaine d’aventures. Jusqu’en 1970, Franquin gardera jalousement les droits sur son personnage. Quand Franquin laisse la série Spirou à Jean-Claude Fournier, il lui dessinera même le Marsupilami à chaque fois où il devra apparaître !
Quand l’éditeur Jean-François Moyersoen propose à Franquin en 1987 de créer une maison d’édition entièrement dédiée au Marsupilami, le dessinateur accepte. Marsu Productions est né et le Marsupilami aura dorénavant sa propre série. Cette dernière met en scène la famille Marsupilami filmée par Seccotine et peut être considérée comme une sorte spin-off des aventures de Spirou.
Extrait de Marsupilami T.27
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