Denoël Graphic

Hans Fallada
Hans Fallada (1893-1947), auteur du chef-d'œuvre de la littérature allemande Seul dans Berlin, a passé la majeure partie de sa vie entre prison et institutions psychiatriques. La cause : une dépendance incurable à l'alcool et à la morphine, sans doute les seuls refuges offerts en ces temps de grande violence à un esprit aussi lucide et sensible que le sien. Dans son roman le plus autobiographique, Le Buveur, Fallada prête ses propres faiblesses au personnage du négociant Erwin Sommer, son alter ego dans l'errance et la déchéance sociale.
Pour évoquer cette descente aux enfers, le talentueux Jakob Hinrichs, à qui l'on doit déjà l'adaptation graphique du Traumnovelle d'Arthur Schnitzler, qui servit de base à Kubrick pour son Eyes Wide Shut, rassemble dans un même récit l'auteur et son personnage. Croisant ses sources avec une précision d'orfèvre, il trace le portrait d'un génie littéraire pris en étau entre la fièvre artistique et l'addiction, dessine l'éloge de l'ivresse et de l'abandon de soi au cœur d'un Reich tenaillé par les tourments d'un mal infiniment plus grand.

Sincères amitiés
Après avoir évoqué son Amérique (Sempé à New York, 2010) et célébré l'insouciance de l'enfance (Enfances, 2011), Sempé s'interroge sur les différentes règles qui fondent le rapport amical. L'humour est là qui dissimule la gravité du propos, mais le constat est lumineux : entre vanité et prétention, l'amitié des adultes est fragile. Et parce que Sempé la place au plus haut des sentiments humains, il suggère qu'elle se nourrit surtout d'instants fugaces, rares et précieux.«Rien n'est facile en amitié. Il faut de la discrétion, de la pudeur, de la fidélité», confie Jean-Jacques Sempé dans la longue conversation avec Marc Lecarpentier qui accompagne ce livre. Preuve en est donnée dans les dessins, pour la plupart inédits, qui font sourire en offrant le reflet lucide des insondables mystères de nos émotions.

Suite française
Une décennie après le triomphe mondial de Suite française, roman miraculeusement réchappé de l'oubli, prix Renaudot 2004, Emmanuel Moynot s'empare du premier volet du diptyque, Tempête en juin. Sous sa plume acérée, le classique d'Irène Némirovsky trouve sa dimension visuelle. Comme dans un film de Renoir ou d'Altman, les personnages, les trajectoires, les destinées se heurtent et s'emmêlent sur les routes de l'Exode de juin 1940, traçant le portrait de ces heures noires où il a semblé que la donne sociale, morale, nationale se rebattait intégralement. Les figures inoubliables qui peuplent les pages de Némirovsky prennent corps. On retrouve comme si on les avait toujours connus le banquier Corbin, le gentil couple Michaud, la tribu des Péricand, l'infortuné abbé Philippe, la frivole Arlette Corail, le sinistre Corte et sa maîtresse écervelée, tous les autres, les perdants, les affreux, les purs et les morts de cette débâcle française. Et l'on découvre au passage que l'auteur de David Golder – dont on connait la passion pour la narration cinématographique – aurait fait une grande scénariste.

Sukkwan Island
Un père amène son fils sur un îlot désert d'Alaska pour y passer un an loin de la civilisation. Le prétexte est de resserrer les liens avec Roy, treize ans, de le confronter à la beauté du monde sauvage. Mais il se peut que le but inavoué soit tout autre. Jim, dentiste, divorcé, vie affective en ruine, traverse une sale période. Retrouver sa dignité de père aux yeux de son fils, se prouver qu'il est encore capable de faire son métier d'homme, peut-être est-ce ce qu'il vient chercher ici. Mais la dureté des conditions de vie, les pièges cachés de ce théâtre des origines où il faut tuer ce qu'on mange, les manquements de l'adulte, la lucidité du regard que l'adolescent porte sur lui, ne tardent pas à transformer le rêve de pureté à la Thoreau en cauchemar, jusqu'à l'effroyable coup de théâtre qui fait basculer l'histoire dans la terreur et la folie.
Ugo Bienvenu s'empare du beau roman de David Vann, prix Médicis étranger 2010, pour en tirer un objet laconique et profond, où le temps, les peurs, les sentiments flottent comme la buée d'un souffle dans l'hiver d'Alaska. Une relecture haletante du livre original. Un huis clos hypnotique au cœur d'une nature indifférente aux minuscules destinées humaines.

Moi, Assassin
Enrique Rodríguez Ramírez est professeur d’Histoire de l’Art à l’université du Pays Basque (où Altarriba a enseigné la littérature française). À 53 ans, il est à l'apogée de sa carrière. Sur le point de devenir le chef de son champ de recherches, en proie aux rivalités académiques, il dirige un groupe d'étude intitulé : «Chair souffrante, la représentation du supplice dans la peinture occidentale.» Bruegel, Grünewald, Goya, Rops, Dix, Grosz, Ensor, Munch, Bacon sont ses compagnons de rêverie et la matière de son travail. Mais sa vraie passion, dans laquelle il s'investit à plein, est plus radicale : l'assassinat considéré comme un des Beaux-Arts.

Gemma Bovery
C'est l'intrusion incessante dans sa vie de la première femme et des enfants de son mari qui pousse la belle Gemma, seconde épouse de Charlie Bovery, à l'entraîner loin de Londres pour s'installer dans une fermette du bocage normand. Découverte émerveillée de la vie française, puis, très vite, retour à l'ennui et au dégoût.
Une transposition libre de la vie de l'héroïne de Flaubert, Emma Bovary.

Literary Life
« Ces chroniques ont paru chaque samedi entre 2002 et 2005 dans The Guardian Review, supplément littéraire du célèbre quotidien britannique. Ma seule consigne était que tout devait tourner autour de la vie des lettres. Je travaillais en flux tendu – recherche d'une idée le lundi, fol espoir de l'avoir trouvée le mardi, et le mercredi, jour de remise, frénésie de travail matinal, en robe de chambre parmi les miettes de toast. Puis à 11 h 50, course jusqu'au bureaux du journal, au bout de la rue (mais pas en robe de chambre) pour livrer ma planche. Le reste du mercredi était en général consacré à un lunch bien mérité »

C'est toi ma maman ?
Fun Home, chef-d'œuvre d'introspection familiale, élargissait le territoire du roman graphique. Avec cette nouvelle plongée dans l'alchimie fondatrice des êtres, de leur conscience, de leur sexualité, Alison Bechdel apporte une profondeur inconnue. Son père était le sujet du premier livre. Cette fois, elle tourne le scanner ravageur de sa lucidité et de son humour vers sa maman : lectrice vorace, mélomane invétérée, ardente actrice amateur. Mais aussi, épouse infortunée d'un gay du placard, mère dont les aspirations artistiques ont bouleversé l'existence de sa fille, mais qui a cessé de la toucher et de l'embrasser à l'âge de sept ans.
Là où James Joyce et Proust étaient les anges tutélaires du premier livre, ce sont les figures de Virginia Woolf, du pédopsychiatre Donald Winnicott et de l'extraordinaire auteur pour enfants D. Seuss, qui illuminent cette traversée des gouffres mère-fille, prétexte pour Bechdel à revisiter les replis d'une enfance singulière, les tourments d'une artiste à la poursuite de la vérité et les errements d'une vie amoureuse de serial-monogame.

Bourrasques et accalmies

Total Swarte
«Joost Swarte allie une intelligence visuelle raffinée à un réel sens de l'humour et du récit. Il se livre à des expériences dans le cadre d'une tradition, cherchant des solutions à la fois audacieuses et simples.» (Art Spiegelman)
«Le style de Swarte est un mariage exubérant des lignes d'Hergé, de l'humour d'Harvey Kurtzman et de la typographie de Cassandre, unis à la perfection sur la même page. Les compositions, qui comprennent le plus souvent des bâtiments, un environnement urbain, un paysage futuriste, une topographie délirante, répondent à une exigence stricte, qui s'apparente à De Stijl et sans laquelle il ne pourrait ordonner l'absurde.» (Steven Heller)

Stieg larsson, avant millenium

Parle-moi d'amour !

Enfances

Chico & Rita

L'Art de voler
Ce livre est né d'un fait réel : le suicide d'un homme de 90 ans qui s'élance du quatrième étage de sa maison de retraite pour voler enfin librement. Dernier fils d'une famille rurale, le père d'Antonio Altarriba naît en Aragon à l'orée du XXe siècle. Son idée fixe est de quitter son village pour les lumières de la ville. Il rallie les cohortes d'Espagnols sans pain ni toit, exploités, exposés à toutes les rigueurs du temps : chute de la monarchie, Seconde République, guerre civile, dictature de Franco, exode, Deuxième Guerre mondiale, retour et exil intérieur... À travers les tribulations extraordinaires de cet homme ordinaire, Altarriba et Kim donnent une dimension universelle à la trajectoire d'une particule élémentaire qui ne renonce jamais jusqu'à l'heure ultime à voler sur les ailes de la justice et de la liberté.

365 jours avec Sempé

Tamara Drewe
Avec son nez refait, ses jambes interminables, ses airs de princesse sexy, son job dans la presse de caniveau, ses aspirations à la célébrité et sa facilité à briser les cœurs, Tamara Drewe est l'Amazone urbaine du XXIe siècle. Son retour à la campagne, dans le village où a vécu sa mère, est un choc pour la petite communauté qui y prospère en paix.
Hommes et femmes, bobos et ruraux, auteur à gros tirage, universitaire frustré, rock star au rancart, fils du pays, teenagers locales gavées de people, tous et toutes sont attirés par Tamara, dont la beauté pyromane, les liaisons dangereuses et les divagations amoureuses éveillent d'obscures passions et provoquent un enchaînement de circonstances aboutissant à une tragédie à la Posy Simmonds, c'est-à-dire à la fois poignante et absurde.
Librement inspiré du roman de Thomas Hardy Loin de la foule déchaînée, un portrait à charge délicieusement cruel et ironique de l'Angleterre d'aujourd'hui.

La Genèse
Crumb passe la Genèse au prisme de son art, la BD, plus précisément le comix, qui en est la forme américaine insoumise. Jamais il ne cède à la tentation de se hausser au-dessus de son médium, c´est son médium qu´il élève en y apportant toute la force, la ferveur, la liberté dont son génie est fait. Ce qui singularise sa version de la Genèse, l´affranchit de tout soupçon de blasphème ou, à l´inverse, de conversion tardive, c´est son choix d´une adaptation sans interprétation, sans discours ni «mise à distance» critique. Le texte, composé à partir de différentes traductions (Torah, King James, nouvelle traduction Alter), est donné à voir verbatim, pourrait-on dire, dans une mise en scène simple et ample, avec un souci du détail historique et du geste juste quasi cinématographique. C´est un miroir qu´il tend, dans lequel Adam et Ève, Caïn, Noé, Abraham, Isaac, Sarah et la multitude de leur descendance acquièrent, sous sa plume portée par une énergie primordiale, un visage, un poids, une vérité charnelle qui nous les rendent si familiers qu´ils redeviennent nos parents proches, les modèles sur lesquels s´est calquée toute humanité. Habité, transcendé par son sujet, Crumb produit son Magnum opus, un roman graphique sans équivalent, à la fois intime et universel, grave, beau et jubilatoire, scellant, en quelque sorte, la rencontre de Gustave Doré et Cecil B. DeMille.

Marilyn la dingue

Le journal

Scènes de la vie parentale

Le petit nicolas à l'elysée

Sentiments distingués

Calcutta

Popeye le dictapateur

Livre second

Fun home

World Trade Angels

Bart is back
L'épopée en 9 vies de Bart le Zombie Cat s'inspire d'un fait divers survenu en 2015 : à Tampa, Floride, un chat enterré depuis cinq jours est sorti de sa tombe à la stupeur de son propriétaire. Les médias se sont empressés de le surnommer Zombie Cat. Partant de là, Soledad imagine le destin de ce félin indestructible. Un destin fait de pulsions de liberté sans cesse contredites par les réalités du monde. C'est violent et lucide, avec une sorte de happy-end, of course , il faut toujours une happy-end. L'éternel recommencement, le cycle de la vie, est à ce prix.

Vies littéraires

Maison Étroite

Livre Premier

Les fils d'Octobre

Métal Hurlant - La Machine à rêver

Mini drames

Popeye (Denoël) T.1

Little P. in Echoes Land

Yum Yum Book

Les damnés de Nanterre

Playback

Leonora

Une jeunesse soviétique

Le Petit Nicolas et les copains
Le Petit Nicolas est de retour en librairie avec son « gros chouette tas de copains » !
Retrouvez dans ces 16 histoires du Petit Nicolas rééditées au format carré originel tout l’humour et toute la poésie de Goscinny et Sempé.

L'Étoile Polaire

Une tragédie américaine
Intégrale Dashiell Hammett

Reiser Forever
Il y a vingt ans exactement disparaissait le grand Reiser, fils prodige d'Hara Kiri et père génial de Gros Dégueulasse. On ne va pas pleurer, il n'aurait pas aimé. Et ce n'est pas le gerne de la drôle de bande rassemblée ici pour lui rendre hommage. Trait pour trait. Oeil pour oeil. Dent pour dent. Barbier - Baru - Baudoin - Blanquet - Cabu - Cestac - Charb - Delhomme - De Moor - Dimitri - Doucet - Fred - Got - Gotlib - Guibert - Heitz - Lefred-Thouron - Luz - Mandryka - Moebius - Ness - Nicoulaud - Pétillon - Satrapi - Schlingo - Sfar - Siné - Tignous - Wiaz Préface de Jean-Marc Parisis.

Elles et moi

Putain, c'est la guerre
