Série fleuve, Harbinger a été relancée par le scénariste Joshua Dysart relate les aventures de psiotiques, des êtres dotés de pouvoirs extraordinaires. L’intégrale restitue parfaitement l’atmosphère et la tension de cette histoire originale et percutante. Un album imposant qui se lit d’une traite malgré sa longueur.
Peter Stanchek est un jeune psiotique, c’est à dire qu’il possède des capacités psychiques. Il s’est échappé de l’asile psychiatrique où ses nombreux pouvoirs incontrôlés l’avaient conduit. Il se rend compte qu’il n’est pas seul à disposer de telles facultés en rencontrant Toyo Harada, psiotique très puissant survivant d’Hiroshima. Multimilliardaire, il consacre sa fortune à la fondation clandestine Harbinger qui recrute une véritable armée de psiotiques. Mais Peter découvre vite les méthodes expéditives de Harada et crée un groupe d’opposants, les Renégats. Le conflit qui oppose les deux groupes va prendre des dimensions colossales…

Le format de l’intégrale met en valeur la cohérence du scénario de Joshua Dysart. Les personnages, loin d’être manichéens, se construisent petit à petit sous nos yeux. Si Harbinger se révèle comme une grande saga construite sur une opposition plutôt classique entre un père et son fils spirituel, la série appartient dans le cercle très restreint des œuvres de tout premier plan grâce à la richesse des situations, ses rebondissements permanents et les questionnements politiques et philosophiques qui y sont développés.
Cinq auteurs différents illustrent la série Harbinger. Tous sont des dessinateurs solides et expérimentés mais cela nuit néanmoins un peu à la cohérence de l’ensemble. Si les héros principaux sont facilement reconnaissables d’un chapitre à un autre, cela n’est pas toujours le cas de certains personnages secondaires. Pour autant, le découpage nerveux et les belles couleurs sombres contribuent à harmoniser l’ensemble.
Cette intégrale est une excellente occasion de (re)découvrir l’un des meilleurs comics de ces dernières années, bien loin de certaines productions standardisées. Un pavé de 2,3 kilogrammes à dévorer sans modération.