Le deuxième opus de la trilogie dédiée au major Jones entraîne les lecteurs dans les débuts militaires de cette héroïne. Sur fond de l’occupation d’Alcatraz par des activistes amérindiens, la jeune Jones se prépare à accomplir sa première mission.
Entre la fin de 1969 et le début de 1971, un groupe d’anciens soldats du Vietnam, réunis sous le nom de Red Power Warriors, investit l’île abandonnée d’Alcatraz dans la baie de San Francisco pour revendiquer les droits des peuples amérindiens. Parmi eux se trouvent trois anciens détenus récemment évadés, dont le propre frère de Jones. Les SPADS, sous les ordres du général Ben Carrington, sont appelés pour expulser les occupants. Afin de mener cette opération délicate, Carrington fait appel à sa filleule, encore sous-lieutenant, pour sa première mission. L’intervention se révèle complexe : non seulement le maire de San Francisco s’y oppose, mais les activistes, anciens soldats, sont des combattants expérimentés.

XIII Trilogy : Jones Rouge Alcatraz © Yann, Olivier TaDuc et Bruno Tatti aux éditions Dargaud
Yann, scénariste chevronné, propose ici la suite de l’album qu’il avait réalisé en 2010 avec Éric Henninot, explorant l’enfance de celle qui deviendra le major Jones dans XIII (Little Jones). Passionné d’histoire, Yann inscrit son récit dans un contexte véridique : en 1970, des militants amérindiens ont effectivement occupé Alcatraz, proposant symboliquement d’acheter l’île pour quelques perles de verre, en écho aux transactions coloniales des premiers colons. L’armée américaine les délogea en coupant eau et électricité. Sur cette trame historique, Yann intègre Jones et son frère, un ajout qui crédibilise l’intrigue malgré un léger décalage culturel du frère noir dans ce contexte amérindien.
Le dessin réaliste d’Olivier Taduc, bien qu’il soit plus familier des univers de western et d’heroic fantasy, s’adapte parfaitement à ce récit contemporain. Ayant déjà collaboré sur un volume du sin-off XIII Mystery avec Luc Brunschwig, il se penche cette fois sur la jeunesse de Jones avec brio. Ses illustrations de véhicules et d’avions sont particulièrement réussies, tout comme la mise en page dynamique qui rend le récit fluide. Les couleurs de Bruno Tatti, notamment dans les séquences aux teintes vertes, rappellent subtilement certains passages de la série originelle et magnifient l’ensemble.
Une reprise réussie.