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Slava - T3 : Un enfer pour un autre

couverture de l'album Un enfer pour un autre

Série : SlavaTome : 3/3Éditeur : Dargaud

Dessin : Pierre-Henry GomontAuteur :

Genres : Historique

Prix : 22.50€

  • ZOO
    note Zoo5.0

    Scénario

    5.0

    Dessin

    5.0
  • Lecteurs
    note lecteurs4.5
    2 notes pour 0 critique

Il était une fois dans l'Est

A la fois western slave et constat des conséquences de l’effondrement du soviétisme, les personnages se débattent dans un nouveau monde dont les règles sont truquées. Cette comédie dramatique est une totale réussite jusqu’au bout.

Nous retrouvons dans ce dernier volet du triptyque les personnages savoureux qui en font tout le sel. S’il s’agissait d’un film, on pourrait dire que le vieux Volodia crève l’écran. Le personnage est toujours aussi drôle et charismatique, malgré ses malaises cardiaques. Sa fille Nina jette toute son énergie dans la sauvegarde de la mine, à la recherche de nouveaux clients que le mafieux Morkhov décourage au fur et à mesure. Slava aide sa conjointe en devenant ouvrier à la mine, l’occasion de savoureux dialogues avec un certain Kostia, qui le forme au métier de mécano. Lavria, ancien comparse de Slava, vit sa vie de son côté : il est devenu un habitué des plateaux télé, son bagout y faisant sensation.

Slava - Un enfer pour un autre

Slava - Un enfer pour un autre © Dargaud

Mais avec Pierre-Henry Gomont, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Nina pousse Slava à montrer les peintures que sa nouvelle vie d’ouvrier lui a inspirées. L’occasion pour l’auteur pour parler du marché de l’art, ici animé par des oligarques russes moins intéressés par la peinture que par le paraître. Lavria, lui, sombre dans la déprime après une esclandre. La fortune ne rend pas heureux. Derrière la comédie menée de main de maître, la tragédie commence à poindre.


Le dessin privilégie l’expressivité et le mouvement avant tout. Pour les scènes d’action, on se dit même que l’artiste doit travailler sous caféine ! Le lecteur peut passer du temps à admirer les pages sans lire les textes. Mais ce serait bien dommage de faire une croix sur ces derniers car les dialogues sont percutants et les textes narratifs apportent une petite musique bien agréable. Les onomatopées, souvent en alphabet cyrillique, s’inscrivent bien dans le paysage.

Dans la seconde moitié de l’album, le récit se fait plus grave. Comme si après le temps de l’aventure et de l’espoir, la puissance du monde de l’argent reprenait définitivement ses droits. Ce n’est plus un « eastern », c’est la fin des illusions. Gomont conclut sa trilogie sans fausse note.


La bande annonce sur l'album Un enfer pour un autre

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Commentaires et critiques (3)

fin de la critique de Slava : Slava, comme beaucoup d'histoires russes, fait relativiser. Et on se marre, ce qui n'empêche pas à la série d'être sérieuse et profonde. Au contraire, même.

Le 04/02/2025 à 11h28

Suite de ma critique de Slava : Pendant ce temps, ce troisième tome voit Lavrine, trafiquant véreux, se pavaner sur les plateaux des chaînes de télévision. Ne demandez pas où se cache ce mafieux de Troubetskoi : le lâche a foutu le camp. Une ambiance déjantée, des personnages colorés et un cadre historique : ce sont les ingrédients qui font du scénario de Slava une histoire solide et surprenante, comme on rêverait d'en lire plus souvent. A l'issue des deux premiers tomes, on croyait nos personnages sauvés des dangers qui les guettaient. Mais comme l'écrira un jour Lavrine à Slava, « nous sommes en Russie et, chez nous, les histoires ne finissent pas bien ». Ce n'est malheureusement pas l'actualité de ces dernières années, de ces dernières décennies ou même de ces derniers siècles qui le contrediront. Une question se pose alors : la Russie a-t-elle jamais été en paix et laissé son peuple tranquille, ne serait-ce que fugacement ? Joker. Il faut lire Slava comme on déguste une vodka glacé, comme on contemple un paysage caucasien ou encore comme on apprécie un air de musique des bords du Danube. Avec froideur, détachement, un brin de décalage et un sourire au coin des lèvres.

Le 04/02/2025 à 11h28

Un final en apothéose pour cette chronique russe du plus bel effet !

En Russie, les histoires finissent mal, en général. En tout cas si l'on en croit la série en trois volets Slava, dont l'ultime tome, Un enfer pour un autre, est un modèle de la tragédie capitaliste. Mais à bien y regarder, on arrive à trouver de l'humour et de l'esprit dans le pire. Pierre-Henry Gomont nous conte la destinée de Slava le peintre, Nina, sa compagne et mère de leur fille qui fait tourner une usine, et d'autres personnages hauts en couleur. C'est fin, drôle, avec de la hauteur de vue. Le dessin est simplement bondissant.

Années 1990. L'URSS, Union des républiques socialistes soviétiques s'est effondrée. La Russie, comme le reste du monde, fonce tête baissée dans le capitalisme libéral, alternative à l'échec complet du communisme qui en a entraîné plus d'un au goulag et de l'autre côté.

C'est dans ce contexte compliqué qu'évoluent une bande de personnages hauts en couleurs. Slava l'artiste s'est remis à peindre et ses toiles vont bientôt s'arracher chez les collectionneurs fortunés. Sa compagne et mère de leur fille, Mina, fait tourner l'usine qu'ils ont rachetée avec son père.

Le 04/02/2025 à 11h26