Le célèbre policier Sherlock Fox est confronté à la plus grosse affaire de sa carrière : un squelette d'une race inconnue va soulever un grand tabou de cette société anthropomorphe. Ce détournement du détective Sherlock Holmes est bien mené et servi par un dessin élégant.
Depuis des siècles, l'espèce animaine cherche à effacer ses instincts sauvages et est désormais parvenue à une société plus ou moins civilisée, proche de notre XIXe siècle. Membre de la police, Sherlock Fox est connu pour être rusé, comme le renard qu'il est. Son esprit de déduction est mis à rude épreuve lorsque des ossements d'une race inédite sont découverts. Le corps dévoré de la victime va le confronter au crime le plus grave, mais aussi au plus grand tabou de cette société : la zoophagie.
Dans ce premier tome Jean-David Morvan introduit doucement l'affaire en question, la première moitié étant plutôt destinée à mettre en place l'ambiance et présenter les personnages. Les thématiques de cette bande dessinée rappellent immanquablement la série Blacksad. Et comme dans celle-ci, l'anthropomorphisme est l'occasion d'aborder les questions du racisme et de la mixité en filigrane. Ce qui n'empêche pas la mise en place d'une enquête policière plutôt intrigante.

Les belles couleurs de Du Yu alternent entre tons chauds et froids marqués, selon les planches et les ambiances. Le dessin est très fluide et, même si les traits de Sherlock ont parfois des proportions un peu étranges, le style est agréable et détaillé. Les contours sont peu marqués, s'épaississent et s'éclaircissent sur les gros plans, donnant un aspect flou déroutant mais réussi. Quelques pleines pages permettent d'apprécier totalement le style de ce dessinateur surprenant.
Sherlock Fox est une preuve de plus que les collaborations entre auteurs français et chinois donnent souvent de belles réussites.