Autrefois, les Terriens avaient créé une colonie spatiale, l’Arche, et coupé toute relation avec leurs origines. Quarante ans plus tard, Kârihn, une jeune et belle eurasienne, a été sélectionnée pour mener une mission chargée d’observer comment les choses ont évolué sur la planète bleue. L’univers qu’elle découvrira est bien entendu à l’aune de l’imagination fertile et démesurée des créateurs des Cités obscures.
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Née sur l’Arche, Kârihn ne connaît son lieu de destination que grâce aux livres. Et ce qu’elle a pu lire sur Paris, la propulse durant le vol retour dans un monde fantasmé. Rompant (provisoirement ?) avec les mythiques Cités obscures qui les ont révélés voilà déjà trente ans, c’est bien dans le domaine de la science-fiction que Benoît Peeters et François Schuiten nous convoquent cette fois. Mais au final, la frontière entre les univers décalés des cités de Samaris, d’Urbicande, de Brüsel, d’Alaxis et de tant d’autres cités mythiques visitées en compagnie de personnages insolites et, souvent, d’un autre temps, est plutôt mince.
Ici encore, le goût très prononcé de François Schuiten pour l’architecture et les folles perspectives trouve matière dans cette histoire avec ses somptueuses compositions dont il a le secret. Kârihn n’est pas sans rappeler Mary, l’héroïne de L’Enfant penchée. Ses fantasmes et ses retours à la réalité évoquent aussi Little Nemo de Windsor McCay, la sensualité en prime.
Si La Théorie du grain de sable a pu décevoir les fans de la série avec un scénario trop calqué sur celui de La Fièvre d’Urbicande, le premier récit en solo de François Schuiten, La Douce, n’avait pas forcément convaincu non plus ses lecteurs du bien fondé de son échappée en solitaire.

Aussi, Revoir Paris s’annonce effectivement comme le grand retour du prodigieux tandem. C’est dire que nous avons hâte de découvrir dans la seconde partie comment les deux auteurs vont imaginer « la ville lumière » dans un peu plus d’un siècle.
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