Ce premier volume du Mercenaire marque le grand retour de cette fascinante série des années 80. On y retrouve un mercenaire voyageant à dos de dragon, dans une gigantesque vallée, au dessus des nuages, préservée du reste du monde…
Depuis 1981, ce mystérieux héros, dont on ne connaît finalement pas grand chose, sillonne le ciel au gré des missions qu’on lui confie, combattant d’effrayantes créatures, sauvant de belles inconnues, traversant des châteaux juchés sur la cime des montagnes. Il côtoie un monde d’heroic fantasy aux allures moyenâgeuses : armures, lances et alchimie sont son quotidien…

Le fameux mercenaire voyageant à dos de dragon © Glénat
Progressivement, Vincente Segrelles impose une écriture aux antipodes de ces grandes quêtes flamboyantes, pleines de rebondissements. Son rythme ralentit jusqu’au contemplatif. Le héros laconique et solitaire n’est pas l’archétype du guerrier invincible que rien n’effraie, il improvise et réfléchit avant de se lancer dans une impasse et tire profit de ce qui l’entoure. Un caractère qui le rapproche du Prince Vaillant de Hal Foster, plein de ressources et intelligent !
Maestria graphique
Au-delà du caractère du mercenaire, la véritable signature de cette série se lit dans la beauté des planches de Segrelles. Sa couleur directe, à l'huile, se révèle d’un époustouflant réalisme très dynamique. Il s'attarde sur les détails, sur les expressions des personnages et même sur les textures. Si ses décors s’avèrent plutôt épurés et sommaires, le lecteur est transporté dans un univers plein de charme.
Bien plus graphiste de génie qu'un scénariste au sens propre du mot, Vincente Segrelles livre cependant un récit captivant et extrêmement fluide, où l’on glisse d'une scène à l'autre, sans vraiment s’en rendre compte, pris par l'intrigue. Cette réédition du Mercenaire offre une très belle occasion de s’évader à nouveau au milieu de magnifiques paysages, dans une aventure dépaysante.