Dans le tome précédent de La Légende du Lama blanc, il fallait sauver le jeune Dalaï Lama des griffes de l’envahisseur chinois et lui permettre de fuir le Tibet. Mais un autre danger plane sur ce pays : un groupuscule nazi, mené par un Adolf Hitler bien vivant. Ce groupe est à la recherche du mythique royaume d’Agartha où se terrent les légions infernales qu’il compte mettre à son service pour dominer le monde. On peine ici à suivre le scénario de Jodorowsky dans ses délires fumeux...
On connaît l’homme pour ses exubérances, son goût pour la provocation, tant dans ses films que dans ses histoires en bandes dessinées. Mais avec ce second cycle, Jodorowsky se surpasse au point de donner l’impression, dans cette macédoine indigeste, de ne plus savoir où il compte vraiment mener son lecteur. Parti sur un fait historique avéré, l’invasion du Tibet par l’armée chinoise en 1950, son récit dérive très vite dans une sorte de maëlstrom où personnages réels côtoient ceux sortis de son imagination extravagante, dans l’irrationnel le plus débridé. Pour s’en convaincre, il suffit de voir la soucoupe volante en forme de bunker qui véhicule un Hitler vieilli, quasi punk, mais toujours aussi mégalo.

Difficile de comprendre pourquoi Georges Bess a daigné mettre son indéniable talent graphique au service d’une telle histoire, lui qui a largement prouvé ses capacités à écrire ses propres scénarios. Il suffit de relire l’inachevée série Pema Ling pour s’en convaincre. Faut-il mettre son engagement au crédit d’une vieille complicité et de l’amitié qui s’est créée au fil de leurs réalisations communes ? Lui seul saurait le dire.
Annoncé par l’éditeur comme étant la « conclusion d’une saga fantastique, sauvage et poétique », cette histoire est loin d’être arrivée à son terme avec ce troisième tome. Mais qui aura encore envie de suivre ?