Contrapaso, comme un chant à deux voix : une enquête au long cours, à contretemps, magistralement orchestrée sur près de 150 pages par Teresa Valero. A Madrid, en 1956, à la rédaction de La Capital, tout semble opposer Léon Lenoir, le jeune reporter fougueux qui vient de débarquer de Paris, et Emilio Sanz, un vétéran des faits divers, aguerri aux pratiques de la presse dans cet état policier. Ces deux-là ont en commun ce besoin de vérité chevillé au corps et les quatre vertus désignées par Camus qui permettent au journaliste de rester libre même en dictature : la lucidité, le refus, l'ironie et l'obstination. Aidé par la charmante Paloma Rios, illustratrice, le duo remonte la piste d'un meurtre pour découvrir le sort des femmes victimes de la dictature au lendemain de la guerre civile. Avec son suspense et ses rebondissements de grand spectacle, le polar perce surtout le mystère des théories racistes et déterministes de l'idéologie fasciste, en mémoire...

Contrapaso - T1 : Les enfants des autres

Pierre Christin, Teresa Valero
Série : ContrapasoTome : 1/1Éditeur : Dupuis
Scénario : Teresa ValeroDessin : Teresa Valero
Préface : Pierre Christin
Collection : Grand Public
Genres : Aventure, Polar / Thriller
Prix : 23.00€
- ZOO
4.0
Scénario
5.0
Dessin
3.5
- Lecteurs
4.5
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Le synopsis de l'album Les enfants des autres
La critique ZOO sur l'album Les enfants des autres

L’histoire démarre à Madrid en février 1956. La dictature franquiste est solidement enracinée et la presse est muselée. Teresa Valero signe, avec ce premier tome, un polar d’une extrême noirceur sans lésiner sur le moindre détail pour rendre l’ambiance de cette période aussi crédible que possible.
Léon Lenoir, d’ascendance espagnole, décide de quitter la prestigieuse rédaction parisienne de l’Express, pour venir travailler pour le journal La Capitale. Il y fera ses premiers pas dans le sillage d’Emilio Sanz, un des piliers de ce quotidien madrilène. Son arrivée coïncide avec la découverte du cadavre scarifié d’une femme, retrouvé au bord d’un fleuve. Léon va s’installer chez un oncle, un officier totalement acquis au régime franquiste. En fait, il espère aussi y retrouver sa cousine Paloma, son amour d’enfance.
Tout en essayant de se faire accepter par Emilio, qui ne lui facilite guère la tâche, il va participer activement à l’enquête autour de ce crime qui va les entraîner dans les milieux hospitaliers et médicaux. Les effets de la guerre civile ont ouvert la porte à des trafics insoupçonnés. On comprend très vite que l’intrigue policière n’est qu’un prétexte pour ausculter les plaies de la société espagnole laissées par la lutte fratricide qui a déchiré le pays.
Scénariste accomplie, Teresa Valero développe son récit avec une maîtrise exemplaire, brassant et développant une multitude de personnages, tous parfaitement caractérisés. Chacun d’entre eux essaye de tirer le meilleur parti de la situation socio-politique dans laquelle ils évoluent. On baigne dans un climat paranoïaque sur fond de drames, rancœurs et autres secrets de famille que l’on peine tant à dissimuler. Son dessin semi-réaliste, superbement documenté, restitue l’ambiance de ces années noires avec un soin méticuleux, ainsi qu’en témoigne sa postface qui revient sur la genèse de ce beau pavé que constitue cette première partie plus qu’enthousiasmante.
