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Chaplin - T3 : Contre John Edgar Hoover

couverture de l'album Contre John Edgar Hoover

Série : ChaplinTome : 3/3Éditeur : Rue de Sèvres

Scénario : David François, Laurent Seksik

Genres : Historique, Récit de vie

Public : À partir de 16 ans

Prix : 17.00€

  • ZOO
    note Zoo3.0

    Scénario

    3.0

    Dessin

    3.0
  • note lecteurs5.0
    1 note pour 1 critique

Le synopsis de l'album Contre John Edgar Hoover

Après avoir connu ascension fulgurante, succès incontesté et premiers échecs, Charlie Chaplin traverse, à l'aube de ses 40 ans, une période de doutes. Désintéressé par les louanges d'Hollywood, et surtout marqué par la misère sociale et l'instabilité politique grandissante, le prodige du cinéma envisage de mettre un terme à sa carrière. C'est sa rencontre avec l'actrice Paulette Goddard qui lui donnera un nouveau souffle créatif et lui permettra de prendre le virage dont son oeuvre avait besoin. Délaissant la comédie au profit d'un ton plus engagé, Chaplin s'attelle à ce qui resteront ses films les plus marquants : Les Temps Modernes et Le Dictateur.


Plus que de la bande dessinée : du cinéma fixe

Le duo Laurent Seksik/David François livre en ce mois de septembre le dernier tome de leur trilogie Chaplin, publiée chez Rue de Sèvres. L’occasion de se replonger à la fois dans l’histoire sombre américaine et une brillante carrière artistique.

1929. Charlie Chaplin est à sec ! Il n’a envie de rien, pas d’idées de films à tourner. Il a quarante ans et n’a plus vraiment d’amis. Mais comme souvent, une femme passe et relance l’imagination de l’interprète de Charlot. Mais il n’est plus le même. Faire rire, soit, mais en s’engageant. Et s’engager, à cette époque, ça attire l’attention d’un homme puissant et totalitaire : John Edgar Hoover, tout-puissant patron du FBI.

David François, metteur en scène autant que bédéaste

Le romancier Laurent Seksik est plutôt apprécié par le monde de la Bande Dessinée. Avec Chaplin, il signe histoire et dialogues d’une biographie romancée consacrée à une figure qu’il connaît bien. Il a réalisé auparavant un docu-fiction sur le même sujet. Mais Seksik n’est pas un scénariste de Bande Dessinée. S’il compose un récit passionnant et sans fausse note même dans ce troisième tome, c’est le dessinateur David François qui met en scène la série. Et son talent de narrateur explose tout particulièrement.

Une biographie en bande dessinée, cela peut être ennuyeux. Trop souvent les bédéastes proposent des versions dessinées de notices wikipédia. Mais David François sait qu’il fait de la Bande Dessinée. Il utilise donc tous les artifices à sa disposition pour nous plonger autant dans le quotidien de son héros que dans des séquences poétiques qui laissent le lecteur rêveur.

C’est par ailleurs un brillant dessinateur, qui propose un dessin légèrement caricatural et pourtant emprunt de légèreté. Ses décors sont dosés avec justesse. Ils localisent, ils immergent mais ne se font jamais pesant. François sait quand les faire disparaître pour offrir la légèreté et l’entrain que demande le récit.

Chaplin tome 3

Chaplin, tome 3
©Rue des sèvres, 2022

L'Amérique des années 30 n'était pas propre

Ce troisième tome permet à Laurent Seksik de rappeler des faits que l’Amérique n’aime pas trop regarder en face. Dans les années 30, le nazisme n’avait pas que des ennemis en Amérique, loin s’en faut.  L’auteur crache son mépris pour le célèbre J. Edgar Hoover. Il présente le patron du FBI comme un raciste, antisémite prêt à faire usage de tous les moyens de l’Etat contre ceux qui avaient le malheur de ne pas penser comme lui. Un crypto-nazi en somme. Mais qui resta fort longtemps à la tête d’une puissante force de police fédérale.

Mais Chaplin tome 3 est aussi une ultime déclaration d’amour à un saltimbanque qui su devenir cinéaste géniale en associant poésie et engagement politique. Chaplin s’y montre un peu assagit par rapport aux deux premiers tomes, même s’il reste toujours un homme trop facilement séduit. Il est surtout montré comme un artiste unique dont peu peuvent se réclamer encore aujourd’hui.

Chaplin tome 3, de Laurent Seksik et David François, chez Rue de Sèvres, est donc un album dans lequel rien n’est à jeter. Cette série doit figurer dans les bibliothèques de tous les amateurs de BD franco-belge, tant elle prend le meilleur du monde du cinéma, pour rester pure Bande Dessinée.

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Commentaire et critiques (1)

note de la critique de François Samson

5.0

Couverture qui séduit d'emblée : jolie synthèse entre le burlesque et l'inquiétant . Les deux premières pages suffisent à poser le cadre : un Chaplin quadragénaire en plein doute, isolé, sur fond de crise économique.  Le dialogue qui s'étale sur quatre pages entre Hoover et un de ses assistants est un petit bijou qui met en lumière avec humour les contradictions de l'Amérique. Le dialogue sur deux pages entre Chaplin et Paulette Goddard annoncé que l'artiste ne s'arrêtera pas en si bon chemin après Les temps modernes, Le dictateur se profile à l'horizon. Bref, l'art du dialogue de Laurent Seksik allié à la composition de David François font mouche à tous les coups. Le dessin semi-réaliste de ce dernier est vraiment au service de l'histoire. Quand il fait mimer à Chaplin avec ses mains la mèche et la moustache d'Hitler, il transmet une émotion avec une économie de moyens remarquable.. Car il n'y a pas que dans la mise en scène de dialogues que François excelle : les deux pages qu'il consacre aux Temps modernes (un gaufrier et un dessin pleine page) représentent la quintessence de l'expressivité, avec Charlot au milieu de ses rouages. Top !

Le 21/08/2024 à 21h09