Aurora développe un récit fantastique à tendance apocalyptique en apparence classique, mais redoutablement efficace. Espérons qu’il saura nous surprendre après ce tome 2 dominé par une tension permanente.

Aurora, tome 2 - Signal © Éditions Soleil, 2023
Sur la lancée du tome 1, on retrouve quelques-uns des 222 000 enfants nés pendant le passage d’une immense aurore boréale sur la Terre. Ils ont grandi depuis et ils ne sont pas plus rassurants. Ils développent une intelligence largement supérieure à la moyenne, mais aussi des capacités physiques hors du commun, leur permettant de devenir des champions de sport ou de survivre à une attaque qui aurait dû les envoyer ad patres. Et ils n’ont aucune empathie pour leur prochain. Bref, des sociopathes surdoués.
Christophe Bec creuse le sillon avec un scénario digne d’une très bonne série B américaine, captivant le lecteur non seulement par le propos, mais également par son traitement : son découpage au cordeau nous fait enchaîner sur une même page des séquences se passant en différents points du globe. Il avance ses pions avec assurance, se permettant en outre quelques sauts dans le temps : 9 ans après l’aurore rouge, puis 11 ans et enfin 21 ans : c’est alors le signal, donné par Jackichand, un enfant de l’aurore qui est le coordinateur d’un événement qui mettra la planète à feu et à sang.
Le dessin de Stefano Raffaele est spectaculaire dans les scènes d’action ou quand les planètes du système solaire s’alignent. Les images débordent alors des cadres et le lecteur en prend plein la vue. La tête que Raffaele fait à Jackichand rend le personnage inquiétant (à juste titre). Le dessinateur sait aussi traduire la connivence qui semble se nouer entre le vieil écrivain norvégien le professeur Standberg et Viktoria, la seule enfant de l’aurore montrant de l’empathie. Mais ne joue-t-elle pas un double jeu ?
Encore deux tomes à venir et nous saurons le sens à donner à cette histoire. L’Homme est-il donc si méprisable qu’il faille préférer une nouvelle espèce de surhommes sans empathie ? Espérons que non ! Mais Jackichand qualifie page 24 l’espèce humaine de dix-huit épithètes vraiment peu flatteurs…