Le 8 mai 1945, alors que l’Allemagne vient de capituler, une manifestation de nationalistes algériens dégénère, entraînant la mort d’une centaine d’Européens. La réplique militaire française ne tarde pas et près de 30 000 Algériens ont été tués à cette occasion. Le massacre de Sétif est aux yeux de maints historiens le point de départ qui conduira le pays à son indépendance en 1962. Passionné par l’Histoire du XXe siècle, Philippe Richelle entend couvrir cette période sur cinq tomes en suivant le parcours d’individus ordinaires des deux camps, broyés par les événements de la grande Histoire.
Hors de question pour lui de chroniquer toutes ces années à la manière des Histoires de l’oncle Paul en se contentant d’aligner les faits marquants. Ce qui l’intéresse, c’est de suivre le cheminement de ses personnages de fiction dans leurs relations et montrer comment ils vont réagir face à la dégradation des rapports intercommunautaires. En cela, il rejoint l’esprit qui animait Ferrandez dans ses Carnets d’Orient dans lesquels il contait par le menu toute l’histoire de la colonisation en Algérie en s’appuyant sur l’histoire vécue par ses propres aïeux.
Avec la même puissance que celle qu’il utilise pour raconter la montée du nazisme et le déroulement de la Seconde Guerre mondiale vue du côté allemand (Amours fragiles), Philippe Richelle s’impose une nouvelle fois parmi les meilleurs scénaristes actuels.
Il retrouve pour cette série Alfio Buscaglia son partenaire graphique des Mystères de la 4ème République avec un dessin, certes honorable, mais qui n’atteint jamais la puissance évocatrice de la saga contée par Ferrandez, notamment son sens de la lumière dans l’usage de la couleur.
Notons que cette page d’Histoire, encore si sensible entre les deux rives de la Méditerranée, est abordée par un scénariste belge et un dessinateur italien !
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