Dans les rues de Washington, un ancien flic est rattrapé par un passé sanglant vieux de trente ans. De l’Afrique de l’Ouest aux États-Unis, sur fond de commémoration historique, s’entrelacent meurtres, secrets et rédemption dans un polar noir et dense.
Le 27 août 2013, Jimmy, un ancien policier retraité depuis deux ans, est au volant dans les rues encombrées de Washington lorsqu’il apprend par téléphone le suicide de son ancien collègue, Jack. Immédiatement, une affaire vieille de trente ans refait surface dans sa mémoire.
En 1983, au Ghana, une délégation s’apprête à partir aux États-Unis pour célébrer les 20 ans du célèbre discours « I have a dream » de Martin Luther King. Parmi les participants, un prêtre nommé Sagosia se distingue par son comportement troublant et inquiétant. Quelques jours plus tard, à New York, l’inspecteur Jack Kovalski est appelé sur une scène de crime glaçante : deux jeunes femmes, anciennes camarades d’université et collègues dans un cabinet d’avocats, ont été sauvagement assassinées. Leurs corps sont criblés de coups de couteau et un message, M2811, est tracé en lettres de sang sur un mur. Ce meurtre rappelle étrangement celui de deux jeunes femmes blanches, perpétré vingt ans plus tôt, le jour même du discours de King. Derrière ce carnage se cache le prêtre Sagosia, aidé d’une ancienne relation. Tous deux repartent discrètement à Washington, où doivent se tenir les commémorations. Jack est alors envoyé dans la capitale pour poursuivre l’enquête, un nouvel équipier lui est adjoint : Jimmy.

Extrait de "Black Gospel" © Robinson
L-F Bollée tisse ici une enquête dense et maîtrisée, nourrie de faits et de personnages réels, qui apportent une grande crédibilité au récit. Les protagonistes sont complexes : un tueur brisé par son passé au Ghana, un flic raciste et peu sympathique, ainsi qu’une galerie de personnages secondaires finement campés. L’intrigue, construite comme un récit choral, alterne entre différentes époques sur un demi-siècle, avec une précision narrative remarquable. La tension monte progressivement, servie par une mécanique bien huilée.
Le dessin en noir et blanc de Boris Beuzelin accompagne parfaitement ce scénario sombre. Son style rappelle certains auteurs américains, avec une omniprésence du noir qui accentue l’atmosphère oppressante. La mise en page, assez classique, privilégie les gros plans et les plans rapprochés, renforçant l’intensité dramatique. Son sens du découpage rend la lecture fluide et efficace. Les amateurs de Cosey noteront au passage un clin d’œil à la série Jonathan.
Un polar dense, noir, habité par l’Histoire et la folie, qui séduira les amateurs de récits complexes et engagés