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Les Poissons, eux, ne pleurent pas

couverture de l'album Les Poissons, eux, ne pleurent pas

Éditeur : Daniel Maghen

Scénario : Laurent GalandonDessin : Jean-Denis Pendanx

Prix : 23.00€

  • ZOO
    note Zoo5.0

    Scénario

    4.0

    Dessin

    4.0
  • Lecteurs
    note lecteurs
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Le synopsis de l'album Les Poissons, eux, ne pleurent pas

Mon histoire se déroule en Gambie. Vous ne savez pas où se trouve ce Pays ? N’ayez pas honte. Nombre de gens ne savent même pas qu’il existe ; d’autres ont déjà entendu son nom, mais peineront à le situer sur une carte … Cette histoire, c’est celle d’un monstre ! Un monstre dont les tentacules s’étendent sur toutes les côtes d’Afrique de l’Ouest. Une pieuvre qui corrompt les esprits et les cœurs…


Prêts à tuer terre et mer…

Si Les poissons, eux, ne pleurent pas, la famille Jallow, elle, ne peut s’en empêcher. Elle tousse, crie, se démène face à l’usine de Silver Lead et son poison. Quelle échappatoire leur reste-t-il ?

« Tu ne dois pas croire toutes les sornettes des militants simplement jaloux de la prospérité offerte depuis l’installation de l’usine. » Située sur la plage de Gunjur, l’usine appartient à Silver Lead, une entreprise chinoise de fabrication de farine de poisson. Farine exportée en Europe ou en Chine pour nourrir des poissons d’élevage et des animaux de compagnie. Une richesse dont les Gambiens ne voient pas la couleur. Eux, pâtissent de la pollution de l’air, de la raréfaction du poisson, des dettes toujours plus grosses pour acheter des filets toujours plus efficaces mais interdits par les normes écologiques…

Avec sa pirogue, Bakary pêche pour l’usine. Endetté, il a du mal à subvenir aux besoins de sa femme Maryam, de son fils Ismaila et de sa fille Hadja. Alors quand son frère, arriviste contremaitre de l’usine, Ousmane, lui propose de lui venir en aide, il ne peut refuser…

Les gros poissons mangent les petits

Avec une cinquantaine de BD à son actif, Laurent Galandon (Retour à Tomioka) est un scénariste prolifique pour qui les sujets sociétaux sont un thème de prédilection. Connu pour proposer des docu-fictions, installant des personnages fictifs dans des contextes bien réels, il s’intéresse cette fois à la pollution des côtes africaines par de grandes entreprises étrangères et particulièrement à l’usine Golden Lead, véritablement installée à Gunjur et attaquée en justice en 2017.

Mon histoire se déroule en Gambie. Vous ne savez pas où se trouve ce Pays ? N’ayez pas honte. Nombre de gens ne savent même pas qu’il existe ; d’autres ont déjà entendu son nom, mais peineront à le situer sur une carte …

Mon histoire se déroule en Gambie. Vous ne savez pas où se trouve ce Pays ? N’ayez pas honte. Nombre de gens ne savent même pas qu’il existe © Les poissons, eux, ne pleurent pas - Daniel Maghen

Pour réaliser cette histoire, Laurent Galandon et Jean-Denis Pendanx se sont rendus à Gunjur grâce à l’Alliance Française de Gambie. Tous deux sont coutumiers des voyages d’immersion : la Tunisie pour Galandon (Le dernier costume n’a pas de poche) ; le Soudan du Sud pour Pendanx (L’Œil du marabout). Cette fois, ils reviennent bouleversés par cette « magnifique contrée bousculée par un capitalisme aveugle et écocide ».


Les auteurs pointent du doigt la pollution de l’air (entraînant la toux de la petite Hadja), le pillage des mers, les rejets toxiques dans les eaux, la corruption du gouvernement, les cessions de terres utilisées pour le maraichage aux grands groupes internationaux avides… Il est aussi question de la situation précaire des femmes, de la jeunesse en lutte (avec le personnage d’Adama, militante de Youth for Climate)…

BD du vivant

Jean-Denis Pendanx (Abdallahi) est un grand aquarelliste. Son travail sur les couleurs « gambiennes » de la mer et du ciel est absolument magnifique. Éditions Maghen obligent, plusieurs pleines pages sont muettes, avec de grandes cases de paysage, véritables petits tableaux. Sa représentation de la pollution en vautour planant au-dessus de la ville et en serpent de fumée se faufilant dans les rues et les poumons résume à merveille l’album : aussi beau qu’inquiétant.

Article publié dans le mag ZOO n°104 Mai-Juin 2025

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