Les moutons veulent du sel

Chris est un jeune adolescent vivant dans une banlieue italienne. Quand son père, alcoolique et violent, quitte définitivement le foyer familial, à la suite d’une brutale altercation, Francesco l’aîné de la fratrie décide d’amener son cadet à la plage pour lui changer les idées. Quittant momentanément sa cité, le garçon découvre alors un univers dont il ne soupçonnait pas l’existence.

Pas tendre banlieue

Encore inconnu en France, cette première Bande Dessinée traduite de l’auteur romain Emanuele Cantoro tient principalement par la force qui se dégage de son graphisme. Réalisé entièrement au crayon à papier, l’absence d’encrage confère un aspect brut et non dégrossi permettant de coller au plus près aux émotions du héros. Traces de doigts et coups de gomme sont utilisés pour générer mouvement et lumière tout en conférant une patine particulière aux planches. Mais le dessin sait aussi se faire plus précis et les hachures moins oppressantes notamment dans les moments de pauses et de déambulations qui apportent une respiration au récit. Car dans sa course en avant, l’enfant perd coup sur coup sa mère et son frère véritables piliers de son éducation. Et ce n’est malheureusement pas ses fréquentations qui l’aideront à s’émanciper. La rencontre avec un vieux berger permettra à notre garçon de s’affranchir de sa condition.

Extrait de "Les moutons veulent du sel" est le premier roman graphique de l'auteur italien Emanuele Cantoro publié en France © Ça et Là

Superbe récit marquant donc le passage à l’âge adulte, le final n’est pas sans rappeler celui des « 400 coups » de François Truffaut. Toutefois, c’est surtout l’esprit de Baru qui souffle sur cette chronique sociale au trait nerveux. Les éditions Çà et là peuvent en tout cas se targuer d’avoir encore déniché une nouvelle pépite graphique.