Centré sur une jeune femme opiniâtre, un hymne à la vie en pleine nature malgré sa dureté. Un souffle de liberté, chèrement acquise, émane de cette histoire très bien traduite par un dessin en noir et blanc volontiers charbonneux.
Quand un roman (ici celui de Gil Adamson, publié dans les années 2000) est adapté en bande dessinée, on peut toujours se demander quelle est la valeur ajoutée. Ici, d’emblée on est convaincu par les choix graphiques de Glen Chapron. Il a opté pour le noir et blanc, au pinceau, habillé d’un lavis inspiré. Cette technique de dessin ajoute à l’âpreté ressentie de la vie de Mary.
Mary fuit : elle est poursuivie par deux frères, des armoires à glace, sans doute pas bien futés, mais sacrément tenaces. Au fil du récit, on apprend peu à peu des éléments du passé de la jeune femme et on comprend mieux son comportement. Elle est comme un animal sauvage, elle se méfie de tout le monde, elle est prête à mordre la main qui se propose de la nourrir. Telle celle de cette vieille dame qui l’accueille chez elle. On comprend que Mary est en mode survie, prête à tout.

La veuve © Glénat
Mais très vite, Mary va se retrouver au cœur de la forêt, dans les rocheuses canadiennes. Des contrées sauvages, d’autant plus que nous sommes au tout début du XXè siècle. Armée d’une volonté farouche, Mary va survivre et même vivre. Sa quête de liberté l’amènera à faire des rencontres marquantes. Notamment avec un « homme des bois » patient et touchant qui réussit à gagner sa confiance (et plus si affinités). Mais l’appel de la forêt ne sera-t-il pas le plus fort ? Autre personnage marquant : le révérend Bonny, un pasteur pour le moins original, amateur de boxe, œuvrant dans une petite ville minière perdue.

La veuve © Glénat
En filigrane : une société où la condition de la femme n’était pas une sinécure. Mary est veuve d’un homme qu’elle n’avait pas choisi d’épouser, mais elle ne veut pas être une victime. Mais La Veuve n’est pas un brûlot lourdement démonstratif. L’ode à la nature emporte tout. Glen Chapron a su traduire graphiquement cette épopée dans un monde sans pitié, habité cependant par un puissant vent de liberté.