Une île, caillou paumé en Polynésie française, Eiao, aux Marquises. Un célèbre journaliste de la TV décide fin 1962 qu’il irait y passer un an, à la Robinson Crusoé. Tous les jours, en direct à la radio Georges de Caunes a raconté sa vie sur Eiao à ses auditeurs lointains. Antoine, son fils, signe Il déserte avec Xavier Coste au dessin, un hommage à son père, une mise en album de ses carnets tenus sur l’île.
Quand Georges de Caunes cherche une île déserte à louer pour y passer un an en naufragé volontaire la seule réponse positive émane de la Marine Nationale. Et donc direction Eiao dont la Royale est propriétaire. De Caunes y débarque en septembre 1962 avec arme et peu de bagages, son chien Eder. Un paradis ? Non, la désolation à l’état pur avec des « nonos » moucherons détestables entre autres. De Caunes présentateur vedette du petit écran, grand reporter bourlingueur a eu envie de respirer, sortir de sa prison dorée. Une cabane et le minimum vital, il veut témoigner de la vie véritable d’un Robinson. Antoine son fils a huit ans et soixante ans après découvre ses carnets. Son père part pour se retrouver sur une île déserte dans les conditions d’un naufragé, survivre. Antoine a peur qu’il ne revienne pas et ne comprend pas qu’il parte.

Il déserte - Georges ou la vie sauvage © Dargaud
Xavier Coste a donné vie au scénario qu’en a tiré Antoine de Caunes : « Tout a été d’une facilité déconcertante et s’est fait très vite. Mon éditeur m’a appelé au moment où je terminais 1984 en me proposant Il déserte. Curieusement cela faisait longtemps que je voulais travailler sur Robinson mais je n’y arrivais pas. J’aime trouver des zones d’ombre où il y a un fil à tirer. Là c’était des archives de famille. J’ai pu commencer à travailler immédiatement. Tout s’est mis en marche, une belle histoire ».
Une radio sponsorise De Caunes, Paris Match aussi. Il part sur le champ à Eiao. Antoine croit aux fantômes, s’imagine la vie de son père, lagon bleu et animaux dont l’île devait regorger. Des moutons et des sangliers en fait, presque pas d’eau et deux bananiers. Xavier Coste est stupéfait : « Il n’y a eu aucun encadrement, pas de repérage sur l’île, des poissons empoisonnés. Ce qu’il a vécu est encore plus dur en lisant le carnet que ce qu’on pouvait imaginer. C’était plein d’anecdotes. On avait ce qui est rare trop de matière intéressante. J’ai tout fait au numérique sur six mois ».
Georges de Caunes va souffrir de la solitude, de malnutrition, frôler la mort. On décide de le rapatrier au bout de quatre mois. La France s’est passionnée, s’est inquiétée en écoutant en direct à la radio cet homme courageux qui voulait aller au bout de son témoignage sur la survie, pas étudier les états d’âme d’un solitaire dans des conditions infernales. On sort de ce Il déserte ému et à bout de souffle. Une aventure hors du temps.
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