Ce livre est un événement éditorial. En effet, l’Apocalypse reprend ni plus ni moins la publication de la mythique collection 30/40 dirigée par Etienne Robial chez Futuropolis (le vrai, l’unique). Après avoir publié 22 volumes de ce grand format entre « Calvo » en 1974 et « Miles Hyman » en 1993, en passant par Tardi, Gir, Bazooka ou Crumb... Etienne Robial a voulu que ce soit JC Menu lui-même qui quitte le moulin pour aller au fourneau et réaliser ce 23ème « Trotte-Carotte » (comme le disait Charlie Schlingo). Menu a profité de cet incomparable honneur pour proposer un nouvel « état des lieux » de ses différentes facettes, le premier depuis Méta-Mune Comix (2014) : Mont-Vérité, expérimentations diverses, Autobiographie (avec des sujets aussi difficiles que la mort de son père)… et on y trouvera même Lapot et Meder ; le tout avec des densités rares pour cet adepte du petit format (jusqu’à 30 cases par page). La couverture de...

Menu 30/40

Éditeur : L'Apocalypse
Scénario : JC MenuDessin : JC Menu
Prix : 27.00€
- ZOO
4.0
Scénario
0.0
Dessin
0.0
- Lecteurs0 critique
Le synopsis de l'album Menu 30/40
Menu 30/40
L’Apocalypse ressuscite une illustre collection des éditions Futuropolis première mouture (1974-1994). C’est d’ailleurs son fondateur historique Étienne Robial qui signe l’introduction, développant sa filiation avec Jean-Christophe Menu. À tout seigneur, tout honneur, c’est ce dernier qui a la charge de la reprise. À l’instar de Méta Mune Comix sorti il y a déjà 11 ans, toutes les facettes de son art y sont présentes.
Chez les grands, tout est grand
« 30 × 40 » sont les dimensions de la collection éponyme. Il convient alors de donner quelques repères au lecteur qui ne concevrait pas instantanément la taille de l’ojet. Une Bande Dessinée traditionnelle a pour mesures 24 centimètres sur 32. Autant dire que « Menu 30/40 » sera difficile à insérer dans votre bibliothèque. Rien de mieux alors pour se démarquer de la concurrence lors du lancement du premier numéro en 1972. Ajouter à ceci une pagination à 32 planches, et vous obtenez le contre-pied parfait de la production indépendante actuelle à savoir de gros pavés au format réduit. Surprenante hier comme aujourd’hui[1], la collection n’a donc pas perdu son effet de surprise.
Salut à toi l’artiste
Mais au-delà de l’événement éditorial, qu’en est-il du contenu réel de l’album ? Jean-Christophe Menu y convoque tout son univers. Dans deux récits autobiographiques, il se livre sans fard en abordant le décès de ses parents. L’auteur de Livret de phamille explique alors l’origine de son goût pour l’iconographie liée à l’égyptologie. Dans la jeunesse de Meder, nous avons droit à une histoire courte dans la veine trash de Fluide Glacial. Humour toujours, à l’égard des nouvelles aventurs de Vert Thépamur, gag méta dans l’air du temps sur le métier d’éditeur qui ne respecte rien et certainement pas le diktat des franchises.

MENU 30/40 © Jean-Christophe Menu - L'apocalypse
Place à la nostalgie ensuite avec le compte-rendu d’une exposition sur le groupe « Bérurier noir », rappelant le lien entre Menu et le mouvement punk. Le même sentiment traverse « SOS valise », rêverie accompagnée des cadors de « l’Association », Matt Konture, dreadlocks au vent et Killoffer, en mode « clope au bec ». Les pages, dénuées de cadres, composées de dessins qui se superposent et se mélangent ont une harmonie délicieuse. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de ce grand format au plus proche de la planche originale qui permet de profiter au maximum du graphisme et d’apprécier son encrage soigné. On se délecte aussi de 3 fausses unes de « Mune matin » avec éditorial et strips où sont présents « Mikérinos », « Momok » et même un exercice oubapien : l’upside down. Bref, l’esprit taquin notera qu’il ne manque guère que Herbert et Marvin pour que la farandole soit complète…
Agitateur, trublion, provocateur, ce sont souvent les mêmes qualificatifs qui reviennent lorsque l’on évoque Menu. Ce recueil nous rappelle l’essentiel : c’est un grand artiste.
[1] On notera que, dans l’intervalle, des initiatives similaires ont vu le jour, à l’image des publications de Willem chez les « Requins marteaux ».
