« La vieillesse est si longue qu'il ne faut pas commencer trop tôt », disait Benoîte Groult. Et c'est bien ce que se dit l'héroïne de Florence Cestac, que nous avons le plaisir de suivre depuis "Le Démon de midi". Noémie attaque avec l'allant qui la caractérise cette partie de la vie un peu obscure, un peu invisibilisée, qu'est l'arrivée du grand âge. Avec son incorrigible façon de voir la vie en rose, le double de papier de Florence Cestac dresse un inventaire à la Prévert des petites joies et des gros tracas liés à cette période de la vie. Les petits-enfants qu'il faut garder, avec leurs lots de bons moments et de crises de nerfs ; les parents qui perdent la boule en Ehpad ; les vicissitudes de la vie de couple à ces âges-là ou le célibat ; le corps qui lâche par petits morceaux ; les sites de rencontres pour seniors et la question taboue de la sexualité ; les deuils successifs de proches ; le choix de pouvoir mourir dignement...

Le Démon de mamie ou la sénescence enchantée

Éditeur : Dargaud
Scénario : Florence CestacDessin : Florence Cestac
Prix : 17.00€
- ZOO
4.0
Scénario
4.0
Dessin
3.5
- Lecteurs
4.0
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Le synopsis de l'album Le Démon de mamie ou la sénescence enchantée
Faut pas pousser mamie dans les escaliers

Florence Cestac, ses célèbres gros nez et son humour satyrique reviennent dans Le Démon de mamie ou la sénescence enchantée. Après son exploration semi-autobiographique des joies et aléas des 40, 50 et 60 ans d’une femme, elle s’attaque à la « septantaine ». Attachez vos dentiers !
«La sénescence n’est pas une pente que chacun descend à la même vitesse. C’est une volée de marches irrégulières que certains dégringolent plus vite que d’autres», écrivait Simone de Beauvoir dans La Vieillesse, en citant le gérontologue W. Howell. Noémie est bien décidée à ne pas se laisser pousser en bas des escaliers sans en profiter ! 70 ans, mais toujours bon pied, bon œil, elle raconte son quotidien de jeune mamie, le fait de prendre soin de ses propres parents devenus séniles, son difficile rapport au corps, à la maladie ou encore à la sexualité… Et, enfin, l’ombre du grand départ.
« Tu as de beaux restes, tu sais »
Née en 1949, Florence Cestac a 75 ans et une carrière plus qu’impressionnante dans le 9e art : fondatrice de la première libraire BD de Paris (1972) qui deviendra les éditions Futuropolis, autrice publiée dans Pilote, L'Écho des savanes ou encore Charlie Mensuel mais aussi chez Glénat, Dargaud, etc. Elle est également détentrice de nombreuses récompenses : l'Alph'art de l'humour du FIBD 1989 et 1997, le grand prix de la ville d'Angoulême en 2000…

Le Démon de mamie ou la sénescence enchantée © Florence Cestac aux éditions Dargaud
C’est en 1997 que Florence Cestac crée Noémie, personnage principal du Démon de Midi qui se fait larguer par son mari à 40 ans pour une femme plus jeune. Suivent Le Démon de l'Après-midi (Noémie est en week-end au bord de la mer avec ses deux meilleures copines dans la cinquantaine) et Le Démon du Soir (le cap de la soixantaine accompagné de sa ménopause et de son potentiel cancer)… Et, enfin, ce Démon de mamie.
Le rire face à la mort
Grâce à Noémie, son double de papier, Florence Cestac dresse le portrait d’une femme vieillissante avec humour mais aussi gravité. Tout y passe : l’incompréhension des plus jeunes, le « c’était mieux avant », le tiraillement entre la génération des petits-enfants et celles des parents très âgés, les hommes qui ne bandent plus, la question de l’isolement... On passe d’une histoire de « boyauterie » du petit-fils en pleine rue à une représentation de l’autrice pensant à sa mort, qu’elle espère être à sa planche à dessin… Si le ton décapant des débuts devient plus doux au fur et à mesure des albums, le rire est toujours au rendez-vous. Comme les Gros Nez ! Florence Cestac restant fidèle à son trait à l’encre si caractéristique.
Si ce Démon de mamie n’est pas celui « de Minuit », on espère que ce sera le cas du prochain tome dans 10 ans.
Article publié dans le Mag ZOO N°102 Janvier-Février 2025
