Destins Coréens

Tombée enceinte suite à une brève relation, Joy vit dans une impasse. Que faire de cet enfant ? Le garder ? Le faire adopter ? En Corée, le regard de la société est une pression si insoutenable que même le suicide est envisagé pour sortir de l’impasse. Àmoins que la lecture de l’œuvre d’un auteur lui-même concerné par le sujet ne change les choses…

L’adoption n’a rien d’un sujet anodin pour l’auteur. C’est même un sujet personnel : né à Séoul en 1965 sous le nom de Jun Jung-sik, il est adopté en Belgique en 1971 en prenant pour nom d’adoption Jung. Ayant fait ses débuts dans le magazine Spirou et le Journal de Tintin, il profite de ses talents de graphiste pour parler de ce sujet tabou : Couleur de peau : Miel, Babybox puis Nos Adoptionsqu’il écrit avec la scénariste Laëtitia Marty. L’un de ces récits tombe dans les mains de Joy, une jeune coréenne tombée enceinte à la suite d’une courte relation. Elle fait part de son récit à Jung lors d’une séance de dédicaces. Désormais, le destin de Joy devient crucial pour l’auteur. Destins coréens est le récit d’un écrivain qui s’interroge sur sa propre expérience de l’adoption et la seule personne capable de l’aider est une de ses lectrices. Un parallèle saisissant est donc représenté entre l’auteur et la lectrice

Destins coréens © Delcourt

Plus qu’un parallèle, c’est un dialogue dans lequel Joy va devenir malgré elle la clef de voûte de toute la raison d’être de Jung. Singulier, l’album est très dur, presque insupportable à lire car il transpire le véridique le plus glaçant. Aucun quatrième mur pour réfugier la conscience du lecteur derrière l’œillère de l’apathie. La force narrative et visuelle de cet album est à la mesure de la gravité du sujet. Ce récit n’est pas seulement représentatif de la place de la famille dans la société coréenne, il s’adresse à toutes les familles du monde. Lisez Destins coréens.

Article publié dans le mag ZOO N°103 Mars-Avril 2025