Alfred livre plusieurs fragments de sa vie où se recoupent ses thèmes de prédilection, l'Italie, l'enfance et son rapport au dessin et au théâtre. Chacune de ces histoires présentent un de ces moments de micro-bascule dont l'impact sur notre trajectoire devient tangible parfois trente ans plus tard. Une rencontre, une phrase dite dans l'enfance, une peur qu'on se trimballe encore adulte...

Les Jardins Invisibles
Le synopsis de l'album Les Jardins Invisibles
Voyage en Italie et dans les souvenirs qui forgent une vie
Souvenirs tout en pudeur et en émotion d'Alfred, qui évoqueson histoire familiale italienne, mais pas que. Il nous partage des petits moments qui sont grands du fait de leur impact sur sa vie. Son dessin sensible et élégant se concentre ici sur l’essentiel, au service de mots forts bien écrits.
Alfred explore des moments de bascule à différents âges de sa vie. Ces petits rien qui engendrent de grands changements. Le traitement proposé par l’auteur n'est pas forcément chronologique, il suit les méandres de ses souvenirs. Avec l'émotion dont il sait faire usage dans son œuvre, l'artiste parle beaucoup de l'Italie :la Ligurie, les 5 Terres, la Calabre, Venise et les courants magiques qui la traversent…

Les Jardins Invisibles © Alfred aux éditions Delcourt
La péninsule a déjà été au cœur de ses récits (Come prima, Senso, Mal tempo), mais cette fois Alfred s'y met lui-même en scène.L’histoire s’ouvre sur une scène à Naples, où, perdu sur le port, il s’en remet à sa fille de 12 ans. Cette anxiété face au monde qui l’entoure, Alfred la connaît depuis l’enfance. Le dessin l’apaise et lui permet de tracer des repères dans ce monde incertain. Il aborde aussi son enfance à Grenoble, des épisodes de sa vie de dessinateur ou la maladie d’Alzheimer de son grand-père. Comme le dit Alfred dans sa préface, dessiner est pour lui une manière de lutter contre l’oubli.
Il nous livre ses souvenirs avec un trait plus lâché que d'habitude, proche de celui qu'il a employé pourL'atelier Mastodonte, émérite série collective sur la vie des dessinateurs de BD. Avec une économie de moyens, il démontre si besoin était son talent à trouver le coup de pinceau élégant pour traduire un mouvement, une émotion. Nous sommes dans la veine des carnets de croquis où le but est de trouver le trait juste pour partager un instant. S’insèrent d’ailleursdans le récit quelques extraits des carnets d’Alfred. Toujours fort à propos.
Ces souvenirs forment un tableau impressionniste touchant accompagné de beaux textesà la sincérité évidente.
Article publié dans le Mag ZOO N°102 Janvier-Février 2025
La bande annonce sur l'album Les Jardins Invisibles
