Dans ce dernier tome de leur trilogie chilienne, Désirée et Alain Frappier s’attèlent à raconter les mécanismes de manipulation qui ont précédé le coup d’État de 1973, à travers le témoignage d’un groupe d’apprentis marins. Toujours aussi passionnant…
Après Pedro dans Là où se termine la Terre et Soledad dans Le Temps des humbles, c’est au tour de Luis et de ses amis, jeunes marins chiliens, de raconter l’arrivée de Salvador Allende au pouvoir et surtout la préparation du coup d’État militaire. Mensonges, humiliations et bourrages de crâne sont leur quotidien, mais aucun d’eux n’est dupe. Ils seront en première ligne, prenant tous les risques pour dénoncer le complot qui se prépare. Ils ne seront pas crus et, arrêtés, pas soutenus par Allende, sans doute trompés par son entourage… Un mois et demi plus tard, le 11 septembre 1973, l’armée renverse le gouvernement. Allende se suicide dans son bureau et Pinochet, chef de l’armée de terre, prend le pouvoir.

Et que se taisent les vagues © Steinkis
Au fil du récit de ce docu-historique, on ne peut qu’être frappé de l’écho de ce bout d’Histoire chilienne avec l’actualité politique française, comme mondiale. L’extrême droite populiste dirigée par l’Armée a facilement tiré les ficelles de cette prise de pouvoir, soutenue par les Américains. La dictature a plongé le pays dans 50 ans d’un système économique ultralibéral ravageant la société et l’écologie du Chili. Précis, documenté et toujours aussi émouvant, ce dernier tome de la trilogie chilienne des Frappier nous offre de nouveau une photographie historique, comme sociologique, éclairante des évènements marquants pré-Pinochet. Une bonne occasion de s’offrir les deux premiers tomes afin d’accompagner cette lecture instructive !