Lorsque la France s'effondre en juin 1940, Jacques Leboy se retrouve comme tant d'autres déporté vers l'est sans aucune certitude sur son avenir. Arrivé au terme de son voyage au camp de Stalback, il est assigné à un segment du stalag 1A peu commun. Cette section dite "aspilag" , fruit d'un accord entre les autorités nazies et le gouvernement de Vichy, était en effet destinée à n'accueillir que des aspirants officiers de l'armée française vaincue. Dans ce camp-université, un seul but : former une élite française pour la "nouvelle europe" d'après la victoire allemande. Au gré de sa captivité et de ses tentatives d'évasions, Jacques questionnera tour à tour ses choix politiques et moraux, ainsi que sa foi en la religion et en l'humanité. Jusqu'à pouvoir, près de quarante ans plus tard, raconter ce pan méconnu de l'histoire à son plus jeune fils.

Les évasions perdues - Stablack, l'université de la collaboration

Thomas Legrand, François Warzala
Éditeur : Rue de Sèvres
Auteur : Thomas Legrand, François Warzala
Genres : Historique
Prix : 22.00€
- ZOO
4.5
Scénario
4.5
Dessin
4.0
- Lecteurs0 critique
Le synopsis de l'album Les évasions perdues - Stablack, l'université de la collaboration
La critique ZOO sur l'album Les évasions perdues - Stablack, l'université de la collaboration
Une belle réussite, cette BD inspirée par ce qu’a vécu le père de Thomas Legrand. La défaite de 1940 mène un aspirant dans un stalag lointain. Refusant d’adhérer au projet d’une université militaire vichyste, il va tout tenter pour s’évader.
Les évasions sont aussi perdues que les illusions, pour Jacques Leboy. Ce jeune officier se retrouve à l'issue de la débâcle de 1940 prisonnier dans un stalag aux confins de la Pologne. Une de ses sections, l'Aspilag, regroupe quelque 2000 aspirants officiers, destinés à terme à former l'élite de l'encadrement militaire européen pro-allemand !

Les Évasions perdues - Stablack, l'université de la collaboration © Thomas Legrand aux éditions Rue de Sèvres
Au travers de Leboy, Thomas Legrand évoque son père, Marcel Legrand, qui a réellement vécu dans ce camp et lui a raconté une partie de ses souvenirs. Le journaliste en a fait une bande dessinée particulièrement réussie, comblant les trous par des recherches historiques complémentaires et son talent de scénariste.
Le graphisme rassurant à la Hergé de François Warzala (le dessinateur de La trilogie berlinoise) fait que le livre peut attirer un large public, qui n'a pas forcément une culture bande dessinée. Au-delà de la ligne claire, l'horizon semble bien sombre pour Leboy. Avec ses nouveaux amis, un bourgeois polytechnicien et un instituteur prolétaire, il n’a qu'un objectif : s'évader. On n'est pas dans La grande évasion mais on ne peut s'empêcher de penser au célèbre film. Même si ici la spécificité est d'être dans un stalag transformé en université, avec des profs enseignant différentes matières et des activités tel le théâtre. Bref, de quoi attendre sans broncher la fin de la guerre, voire de collaborer dans la bonne humeur comme le leur demande le général français vichyste venu prêcher la bonne parole.

Les Évasions perdues - Stablack, l'université de la collaboration © Thomas Legrand aux éditions Rue de Sèvres
Partagés entre le devoir d'obéir et celui de résister, Leboy et ses amis vont prendre leurs responsabilités. On se prend vite d'affection pour eux. L'aspect humain est très bien traité. Les conditions de vie dans le Stalag sont racontées sans esbrouffe mais de manière immersive.
La fin est un peu abrupte, on le regrette. On se console avec les émouvants documents de famille de Thomas Legrand qui complètent le récit.
