Le Nirvana est ici

Une histoire moderne de trafic d’esclave qui se déroule à Berlin dans les milieux des immigrés vietnamiens. Un ouvrage tout en tension, mouvements mais aussi en sentiments et rapports humains.

Dennis et Tâm, un frère et une sœur lycéens d’origine vietnamienne, croisent sur le parking d’un supermarché une jeune femme prénommée Hoa Binh. Enfermée dans un van, elle est prisonnière de passeurs peu scrupuleux. Fuyant le Vietnam dans l’espoir de trouver un emploi en Angleterre, Hoa Binh supplie les adolescents de lui vendre un couperet qu’ils viennent d’acheter. Grâce à cet outil, elle parvient plus tard à se libérer en blessant son ravisseur. Après bien des péripéties, elle retrouve Tâm, mais reste traquée par Boris, le passeur qui la retenait captive.

Avec ses près de 350 pages, ce roman graphique tient le lecteur en haleine de la première à la dernière ligne. L’intrigue, complexe et riche, met en scène une galerie de personnages aux trajectoires entremêlées, créant une narration dense et fluide. Le style visuel et narratif emprunte beaucoup aux codes du manga : mise en page dynamique, scènes d’action intenses soulignées par des traits expressifs, et personnages aux expressions parfois exagérées pour transmettre mouvement et émotion. Ces influences japonaises se mêlent à une histoire ancrée à Berlin, imaginée et dessinée par un auteur allemand dont plusieurs œuvres ont déjà été traduites en français.

Le Nirvana est ici © Mikael Ross - Seuil

Le rythme effréné et la diversité culturelle enrichissent considérablement cet album. Plus qu’un polar, cette œuvre explore des thèmes universels : la construction de soi à l’adolescence, la découverte de l’amitié et de l’amour, ainsi que les liens intergénérationnels. Ce roman graphique au scénario dense et au dessin dynamique est l’une des belles surprises de ce début d’année.