Invisible - Livre 1

Invisible, de Brenna Thummler, met en scène une jeune fille au cœur d’une chronique sociale tendre amère dans laquelle l’amitié et la solidarité la sauveront d’un promoteur véreux prêt à tout pour parvenir à ses fins.

 

Marjorie Glatt a 13 ans, mais porte déjà sur ses épaules le poids d’une vie d’adulte. Depuis que sa mère est morte, son père est en dépression, et la jeune fille doit s’occuper seule de son petit frère et de l’entreprise familiale de laverie. A l’école, la vie n’est pas mieux, elle a l’impression que personne ne la voit ou d’être moquée par le peu de gens qui la remarquent. Elle a le sentiment de devenir invisible. Alors quand Wendell, un fantôme errant se réfugie dans sa laverie et y sème le bazar, la vie de la jeune fille va voler en éclat. Les deux personnages, que tout oppose, vont essayer de trouver ensemble un sens à leur vie.

Premier volet d’une trilogie, cet album prend le temps de poser les personnages et leur permet d’évoluer tranquillement mais intelligemment. On s’attache aux deux héros, on comprend leurs failles, leurs défauts et leur colère. Bien que tout les sépare, Marjorie et Wendell se répondent, l’un sensé être invisible aux yeux des humains et l’autre se sentant complètement transparente dans ce monde d’ado et d’adultes qui ne semble pas fait pour elle. Invisible est un récit plein de tendresse, de colère et de tristesse, mais qui dégage aussi une lueur d’espoir qui rayonne tout du long. Beaucoup de sujets complexes et lourds sont abordés, on y parle de deuil, de solitude, de pression, de harcèlement. Heureusement l’amitié et la solidarité feront leur apparition et viendront sauver ces deux êtres pour qui tout semblait perdu. Grâce à son scénario fluide, lent mais bien rythmé pour autant, on se laisse prendre par l’histoire de cette amitié inattendue naissante avec une grande tendresse et un cœur qui s’allège de page en page.

Les illustrations réalistes, aux tons pastels, toutes en nuances de roses, violet et blanc donnent un effet un brin vaporeux, comme hors du temps, nous plongeant dans ce sentiment de décalage que peut ressentir Marjorie. Ces couleurs confèrent également une touche un peu poétique et mélancolique au récit. Les personnages sont très expressifs et celui de la jeune fille dégage avec force toute sa tristesse, son abattement et sa solitude. Petit plus pour le design du fantôme, fait d’un drap blanc pourvu de deux trous pour les yeux, communément à l’imaginaire collectif.

 

Invisible est une très belle histoire d’amitié et de courage dont on a envie de connaitre la suite, même si finalement la lecture de ce premier opus peut se suffire à elle-même grâce à cette fin pleine d’espoir.