
Sous la Montagne d’argent
Didier Tronchet a repris le crayon pour croquer Le Monde du dessous de l’Amérique du Sud. Après les Vertiges de Quito, direction les mines d’argent de Potosi pour un album très fort, tiré du
27 juin 2015
-Interview
Adapté de son roman paru chez Flammarion en 2006, dans lequel l'auteur revient sur son expérience de père, cet album grand format est l'occasion pour Tronchet d'expérimenter une nouvelle narration graphique composite, plusieurs scènes se partageant l'espace de la page, ce qui insuffle une grande vivacité à ce récit d'apprentissage de la paternité tout emprunt de bonne humeur et de tendresse.
Tronchet rassemble avec nostalgie des séquences illustrant des bons mots et des situations vécues avec son fils lorsqu’il était petit. Un album tendre et sympathique, mais un peu décousu.
À 65 ans, Tronchet réunit dans cet ouvrage une multitude de petites histoires, allant d’une case à une page entière, explorant ses rapports avec son fils lorsqu’il avait moins de 12 ans. À travers ces situations, il montre le rôle de père qu’il a essayé de jouer et exprime son amour filial. Un certain nombre de ces strips reprennent les bons mots du jeune garçon, dont certains sont assez drôles. Par exemple, à Barbès, où il y a une forte population immigrée, il parle du "métro algérien" au lieu du "métro aérien". Ou bien, lorsqu’on lui demande s’il a froid ou chaud, il répond qu’il est bien et qu’il a "tiède". Le dessinateur plonge dans son passé pour se remémorer les bons moments passés avec son fils et nous livre, un peu en vrac, tout ce qui lui revient à l’esprit.
Ton père ce héros © Delcourt
Certaines séquences sont amusantes, d’autres tendres, mais l’ensemble manque de direction et, comme souvent dans les recueils de gags ou de dessins, de continuité. Quelques scènes sont rigolotes ou émouvantes, mais elles sont noyées parmi d’autres, moins intéressantes. C’est un album qu’il faut probablement lire en plusieurs fois, en piochant ici et là une petite histoire. Tronchet, qui est profondément gentil, met trop de lui-même dans ce livre, ce qui crée un décalage avec son dessin. À ses débuts, il montrait un humour corrosif avec Jean-Claude Tergal ou Raymond Calbuth, et son dessin lourd et figé correspondait bien à ce ton. Dans ce genre d’histoire, il semble un peu décalé. Lorsqu’on lit un gag, on s’attend à une chute caustique et mordante, mais on se retrouve finalement avec un souvenir gentil, un peu maladroit.
Le lecteur, surtout s'il est parent, se retrouvera dans une situation ou une autre et pourra s’identifier à l’auteur. Il éprouvera une bouffée de nostalgie et de tendresse.