Moody rouge

Ben est un adolescent tourmenté. Il part en Allemagne sur les traces de sa famille biologique pour percer le secret de ces cauchemars qui polluent ses nuits... Si le scénario d'Ariane Astier est un peu trop mystique pour remporter l'adhésion, l'esthétique de son dessin est impressionnante. Un manga à lire, surtout pour le coup d'œil sur un graphisme exceptionnel.

Le jeune Ben est en conflit avec ses parents adoptifs. Très tourmenté, cet adolescent multiplie les cauchemars. Alors, à l'approche des fêtes de fin d'année, il décide de se rendre en Allemagne. Accompagné de son tuteur, Roland, le jeune homme compte bien fuir sa mère. Mais outre-Rhin, le conflit avec Roland est permanent. C'est à travers le travail d'un peintre dans une cathédrale que Ben va mettre au jour un secret de famille bien enfoui.

Ariane Astier signe un scénario difficile d'accès. Le point de départ est intéressant, mais son personnage, en proie à ses tourments et à la mélancolie, nous perd un peu dans les dédales de son périple allemand et de sa quête d'identité familiale. Les personnages ont une psychologie profonde et l'ensemble de l'histoire tient la route, mais elle est parfois trop mystique pour réellement accrocher le lecteur.

Le point fort de Moody Rouge est indéniablement le graphisme. Un coup de crayon dynamique et digne des plus grands mangakas, des insertions en couleurs et des portraits à couper le souffle, un sens du déroulé et du mouvement qui donne le tournis : la jeune autrice frappe un grand coup avec cette première œuvre qui s'intègre parfaitement à la collection « Nouvelle signature » initiée par les éditions Casterman.

" Un coup de crayon dynamique et digne des plus grands mangakas " © Casterman, 2025 - Ariane Astier

Être capable de proposer une bande dessinée d'un tel niveau graphique à 24 ans relève presque du phénomène. Le dessin d'Alexandra Astier fait montre d'une belle maturité. Il ne lui reste plus qu'à plancher sur des scénarios un peu plus costauds, seule ou en duo, et on devrait entendre parler de cette jeune autrice au cours des prochaines années. En attendant, Moody Rouge est une nouvelle preuve que les mangas ne sont pas l'apanage des auteurs nippons.