Capturée par les hommes d’Amadala, Tom n’est désormais qu’une captive enceinte, la promesse d’un bébé à venir, d’un don pour la communauté. Elle se demande cependant ce qu’est devenu Vladimir, s’il est bel et bien mort…
À peine neuf mois après la parution du premier volume, Lolita Couturier conclut son brillant diptyque en fanfare, ne donnant pas forcément plus d’explications inutiles, mais renforçant le lien qui s’est petit à petit installé entre les personnages.
Bloquée dans cette communauté qui lui impose ses règles et qui entreprend même de lui voler son bébé, Tom peine un premier temps à briser sa carapace de soumission. Peut-être s’imagine-t-elle que c’est le bout de son chemin, que comme Vladimir n’est plus là, il lui reste juste cet enfant qui va arriver. Elle ne comprend pas encore très bien ce que cette étrange communauté lui veut, mais elle soupçonne déjà le pire…
Pendant ce temps, le jeune homme se réveille, entouré d’inconnus tordus ou un peu « ailleurs ». Ils lui révèlent ce qu’est devenu Epsilon, qu’il n’y a guère d’illusion à se faire dans ce monde dorénavant. Mais Vlad doit retrouver Tom…

Détour par Epsilon, T. 2 © Les Humanoïdes Associés
No Future
L’univers qui se dévoile donc à nous dans cette passionnante histoire semble peut-être sans avenir. Malgré tout, il reste des portes ouvertes, de l’espoir dans les mentons qui se redressent, qui ne se résignent pas à l’enlisement désespéré. Plus que tous, Tom comprend la violence qu’il est parfois nécessaire d’exercer pour se défaire des vieilles traditions sectaristes, de toutes ces pensées refuges, aliénantes qui peuvent rassurer. Du désordre émergent forcément des personnalités fortes qui prennent le dessus et dont il faut apprendre à s’abstraire si elles deviennent nocives, et c’est la dure leçon que la jeune femme va devoir accepter.
Détour vers Epsilon, c’est peut-être le récit d’une reconstruction, celle d’une jeune femme qui a tout perdu et qui apprend à se redéfinir au gré des épreuves, des rencontres, des traumas.
De ce point de vue, Lolita Couturier met en place un récit fort et extrêmement touchant qui peut se lire comme un album post-apocalyptique captivant, mais qui nous parle aussi de choix, de douleurs, de cette petite étincelle vacillante, fragile et chaleureuse qui anime le cœur de son héroïne, de cette jeune femme qui ne demande rien d’autre que survivre et être tranquille.
On est ému par la rudesse de l’écriture, par l’évolution de l’intrigue, sans forcément parvenir à en deviner l’issue.
Deux albums coup de cœur à redécouvrir absolument.
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