L'enfance est le règne de l'imagination... Mais pas toujours un conte de fée. Pour Vera, malgré les monstres et les sorcières sortis tout droit de la tête de sa mère, le happy end tarde à venir. Elle se souvient... Les visites chez la chaman pour l'exorciser d'un mystérieux mal qui aurait pris possession d'elle ; sa mère clouée au lit plusieurs jours d'affilée, prétendant qu'un démon la harcèle en tambourinant sur ses nerfs ; le silence imposé à la maison, les jours suivants, pour ne pas réveiller le monstre ; les rendez-vous chez le psychiatre au cours desquels le diagnostic se dessine, année après année... Et puis, face à cette mère abusive, suspicieuse et paranoïaque, traumatisée par son propre père et qui a perdu foi en les hommes, un mari dépassé qui s'efface du foyer à mesure que la maladie mentale de sa femme s'installe. Un livre magnifique, une écriture graphique forte : des broderies vintage et un dessin enfantin inspirés par...
Des maux à dire
Le synopsis de l'album Des maux à dire
Un témoignage bouleversant sur la maladie mentale maternelle
La mère de la petite Vera est atteinte de démona : elle est persuadée qu'un démon a pris possession de sa personne. Refusant les traitements médicaux traditionnels, elle fait vivre, malgré elle, un véritable enfer à sa famille. Jusqu'à ce que Vera, en grandissant, prenne sa mère en main. Un témoignage bouleversant écrit avec beaucoup de sincérité et un graphisme brodé de couleurs chatoyantes, comme pour mieux chasser le démon.
La jeune Vera n'a pas une enfance facile. Sa mère, qui avait émigré jeune en Suisse depuis sa Galice natale, y revient avec son père lorsque l'occasion se présente. Mais dès lors, rien ne va plus pour elle : persuadée que le démon a pris possession de son être tout entier, la maman passe ses journées allongée, sans trouver la force de vivre auprès des siens. En grandissant, Vera va être le remède aux maux de sa mère. C'est elle qui va la sortir, partager des choses avec elle et lui redonner goût à la vie en s'assurant qu'elle avale correctement sa pilule quotidienne.
Beatriz Lema signe ici une première bande dessinée remarquable, à bien des égards. Son récit est un témoignage aussi captivant que rempli de malaise. Et c'est là toute la force de cette autrice : parvenir à faire passer ce qu'elle a vécu auprès de sa mère et le courage qu'elle a su lui donner pour apprivoiser une maladie mentale bien ancrée. L'Espagnole sait trouver le ton juste, les mots pour dire ces maux à dire. C'est diablement bien orchestré et le récit se déroule naturellement, sans le moindre obstacle narratif. Au contraire : le lecteur est entraîné dans le tumulte du psyché maternel, sans pour autant être voyeur. C'est très fort.
Des maux à dire © Sarbacane
Graphiquement, Des maux à dire est une bande dessinée vraiment à part. Parce qu'en réalité, le dessin de Beatriz Lima est... une broderie géante découpée en cases. Les envers de la couverture et de la quatrième de couverture sont pour le moins surprenants, puisque la dessinatrice y fait le choix de donner à voir les envers de broderies. Une façon de montrer, avec élégance et délicatesse, que l'envers du décor n'est pas toujours beau à voir, mais qu'il est essentiel dans la construction de chacun.
Des maux à dire montre aussi que les BD sur la santé mentale se font de plus en plus nombreuses et profondes. Citons, pêle-mêle, Journal d'une bipolaire, Les petites victoires, La Parenthèse ou encore l'exceptionnel En attendant Bojangles. Ce ne sont que quelques exemples d'un genre devenu riche ces dernières années. Une BD thérapeutique ?
Haut de page