Dans son œuvre inaugurale, Rosalie Stroesser dépeint avec finesse sa relation avec le Japon, un pays qui l'attire profondément mais qui a également été le théâtre d'expériences difficiles. Un premier roman graphique très réussi.
Quelques années après avoir passé près d'un an au Japon lors de deux séjours successifs, l'autrice décide de consigner cette expérience sur le papier. À la suite d'un premier voyage en famille quelques années auparavant, elle opte en 2015 pour une immersion de quelques mois dans ce pays lointain. Trouvant refuge dans une chambre d'hôte en province en échange de services, elle y rencontre quatre autres jeunes femmes : Miya, une Israélienne ; Elodie, une Canadienne ; Léa, une Belge ; et Beth, une Allemande. Toutes résident au même endroit. Le propriétaire, bien que cordial, se révèle énigmatique, son visage figuré par une sorte de nuage. Par ailleurs, la pension est dépourvue de clients…

Shiki : 4 saisons au Japon © Rosalie Stroesser - Virages Graphiques
Pour son premier ouvrage, Rosalie Stroesser entreprend d'analyser sa relation avec le Japon. Attirée de longue date par ce pays, elle décide d'y séjourner quelques mois en occupant divers petits emplois. Elle réussit à retranscrire de manière subtile ses sentiments et son état d'esprit. Au cœur d'une société où la condition des femmes est délicate et où le patriarcat prédomine, elle fait face à des situations complexes et parfois blessantes. Cependant, la douceur de vie et le rythme de la société l'apaisent, et l'autrice va de l’avant sans s’apitoyer sur son sort. Dans ce récit de plus de 300 pages, elle parvient à exprimer ses émotions et son ressenti. L'ouvrage est structuré autour de quatre chapitres correspondant aux quatre saisons de l'année, chacun introduit par des dessins et des contes traditionnels qui immergent le lecteur dans la culture du pays.
Graphiste de formation, l'autrice a travaillé pour la presse (New York Times, Perdiz Magazine, etc.) avant de se tourner vers la bande dessinée. Pour cet ouvrage, elle adopte un trait fin et précis avec d'amples aplats noirs. Son style est quelque peu influencé par les mangas tout en demeurant ancré dans la tradition du roman graphique franco-belge. Le rythme narratif s'adapte parfaitement au récit, permettant au lecteur de pénétrer dans la psychologie de la dessinatrice.
Un premier album très réussi et parfaitement abouti.