Vésale

30 juin 1559. Paris. Le roi de France Henri II organise un tournoi pour célébrer le mariage de sa fille aînée au roi d’Espagne. Sur un caprice, le souverain se mêle à la compétition. Mais la lance de son adversaire se brise et un éclat vient transpercer son œil droit. La vie du Roi dépend désormais de la coopération entre deux médecins : Ambroise Paré et André Vésale.

Grand anatomiste, chirurgien de Charles Quint et de Philippe II d’Espagne, André Vésale est souvent considéré par les historiens comme un des acteurs les plus importants de l'Histoire de la médecine. Préférant l’objectivité au détriment des dogmes moyen-âgeux comme le galénisme, le médecin belge a fait entrer la médecine dans une ère moderne notamment par son ouvrage De humani corporis fabrica, une publication des plus novatrices sur l’anatomie humaine. C’est sous l’écriture de Laurent-Frédéric Bollée (auteur de La Bombe et Golgotha) et l’encre du dessinateur algérien Fawzi (Huashis) que nous explorons son univers archaïque, en suivant jour après jour les coulisses d’une opération que Vésale et Ambroise Paré (grand médecin de la cour de France) ont étudié pour sauver le roi Henri II. Inconvénient : les deux hommes se détestent.

Une œuvre immersive sur un sujet à la fois original et fascinant. À lire!

Le scénario est passionnant. Le fait divers devient un étonnant thriller médical où Vésale et Paré confrontent leurs conceptions et méthodes médicales. Et le temps leur est compté : la vie du Roi de France dépend de leur coopération. La plongée dans cette Renaissance encore naissante et sortant progressivement de ses habitudes du Moyen Âge (qui portait bien son nom) est presque terrifiante. Répétitions chirurgicales sur des prisonniers, trafic d’influence et manœuvres politiques… Ambroise Paré joue très clairement l’antagoniste pour un André Vésale, objectif et humaniste. Le duel scientifique est haletant et rend l’intrigue captivante.

Le graphisme n’est pas en reste. Fawzi met tous les efforts pour donner un réalisme cru aux scènes… même les plus insoutenables. Le visage défiguré de Henri II vaut véritablement qu’on ouvre cette bande dessinée tant la douleur et la gravité de l’accident sont insoutenables. Chaque journée vécue par le roi est marquée par une pleine page assez saisissante, visuellement représentative de l’omniprésence de la mort à mesure que les jours passent.